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Enquête du HCP: Plus de la moitié des migrants veulent rester au Maroc

© D.R

Ils ont déboursé en moyenne 1.940 US dollars pour leur voyage jusqu’au Maroc

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) vient de dévoiler les résultats de son enquête nationale sur les migrations forcées. Celle-ci a couvert un échantillon de 3.000 migrants répartis en 2.200 migrants régularisés ou en situation irrégulière et 800 réfugiés ou demandeurs d’asile. La collecte des données a été réalisée au cours du premier trimestre de 2021. Il ressort de cette enquête que plus de la moitié des migrants (53,7%) veulent rester au Maroc. Les Syriens sont les plus nombreux à vouloir rester au Maroc à raison de 72,4%, suivis par les Sénégalais (62,7%) et les originaires de la RDC (62%). Ces migrants évoquent comme raison principale le sentiment de sécurité (23,9%), suivi par les meilleures conditions de vie (20,6%), la possibilité d’accéder au marché du travail (10,5%), la préférence par la famille de rester au Maroc (9,5%).

Viennent ensuite les attitudes et les comportements positifs des Marocains envers les migrants (6,9%) et enfin, la régularisation de la situation au Maroc (6%). Ils ne sont que 25,9% à vouloir émigrer dans un autre pays que le Maroc. A noter que 30,4% d’entre eux ont déclaré que le Maroc ne constitue qu’une étape transitoire et que leur projet migratoire initial est d’émigrer en Europe. Le second motif avancé est constitué par les conditions de vie difficiles au Maroc (19%), suivi par meilleurs droits, conditions et protection des migrants ailleurs (11,9%), difficulté d’accéder au marché du travail au Maroc (10,7%), et la recherche du travail (9,8%). Le Canada vient en tête des pays de destination des migrants ayant l’intention d’émigrer hors Maroc avec 20,1% suivi par la France (19,1%), l’Espagne (15,5%), l’Allemagne (4,7%), la Belgique (3,9%), les USA (2,8%) et l’Angleterre (2,2%).

A noter que la proportion de ceux qui désirent émigrer dans un autre pays est la plus élevée parmi les Centrafricains (52,3%), les Maliens (42,3%) et les Camerounais (40,9%). Ceux qui entendent retourner au pays d’origine selon différents timings, avec ou sans conditions, ne représentent que 11,8%. Ces derniers avancent comme principal motif de retour dans leur pays d’origine la difficulté de vivre ou d’accéder au marché du travail au Maroc (27,7%) suivi par la nostalgie du pays (21,9%), le désir d’investir dans le pays (15,5%), les contraintes familiales (4,6%) et l’échec du projet d’immigration (4,6%).

Enfin, le projet migratoire reste indéterminé pour 8,6% des migrants. Par ailleurs, l’enquête révèle que près de 9 migrants sur 10 (87,2%) sont satisfaits de leur arrivée au Maroc (40,5% très satisfaits et 46,7% moyennement satisfaits). La très grande satisfaction des migrants est plus prononcée parmi les réfugiés (50,7%) que parmi les migrants irréguliers (36,8%). Elle est la plus élevée parmi les migrants syriens (63,9% contre 19,7% pour les camerounais), les âgés de 60 ans et plus (55,1% contre 35% pour les 15-29 ans), les mariés (53,2% contre 33,5% pour les célibataires). 47,4% des migrants qui ont un niveau d’instruction supérieur ont exprimé leur satisfaction contre 39,4% pour ceux ayant le niveau primaire .

Le coût du voyage est plus élevé pour les Syriens et les Yéménites

L’enquête du HCP précise que le voyage des migrants du pays d’origine jusqu’au Maroc a coûté en moyenne 1940 US dollars, sans différence significative entre les hommes et les femmes. Ce coût est le plus élevé parmi les Syriens (3.760 US dollars), les yéménites (2.280 US dollars), les ressortissants de la RDC (2.020 US dollars). En revanche, les Sénégalais n’ont déboursé que 920 US dollars et les Guinéens 1.040 US dollars .

Plus de huit migrants sur dix sont âgés de 15-44 ans

Selon l’enquête du HCP, près de trois migrants sur cinq (59,3%) sont des hommes. Le taux de féminisation des migrants est de 40,7%. 42,5% sont des jeunes âgés de 15 à 29 ans. On relève une proportion presque équivalente pour ceux âgés de 30 à 44 ans (43,7%). En revanche, la part des personnes âgées de 45-59 ans n’est que de 12%, Enfin, une infime minorité est âgée de 60 ans et plus (1,7%). Parmi les autres caractéristiques sociodémographiques, signalons que 54,1% des migrants sont célibataires et 36,2% mariés. Les divorcés représentent 3,7%, et ceux vivant en concubinage sont de l’ordre de 2,6%. On apprend également qui un peu plus d’un quart des migrants (27,3%) ont un niveau d’enseignement supérieur. La part de ceux ayant le niveau secondaire qualifiant est de 23,5%, le niveau collégial 19% et le niveau primaire 17,2%. La part des migrants n’ayant aucun niveau d’éducation est de l’ordre de 12,8%.

36% sont en situation irrégulière

Un peu plus du tiers des migrants au Maroc (36,6%) affirment être en situation irrégulière. Les jeunes de 15 à 29 ans (42,9%) sont plus concernés par cette situation que les adultes de 30 à 44 ans (35,2%), les personnes de 45 à 59 ans (21,2%), ou celles âgées de 60 ans et plus (24,1%). Par contre, environ le quart des migrants au Maroc (25,9%) ont déclaré être en situation régulière, 24% ont le statut de réfugiés (21,6% auprès du HCR et 2,4% auprès du gouvernement marocain) et 12,3% sont des demandeurs d’asile. Plus d’un migrant sur 2 (53,9%) ont demandé l’asile au Maroc, 47,5% auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies chargé des réfugiés, 3,6% auprès du gouvernement marocain et 2,7% à la fois auprès du HCR et du gouvernement. Les nationalités qui ont procédé, le plus, à cette demande sont les Yéménites (95,8%), les Syriens (95,5%), les Centrafricains (88,6%), les Maliens (59,6%) et les originaires de la République Démocratique du Congo (50,4%). Il faut aussi signaler que la moitié des migrants (49,8%) ont demandé la régularisation de leur situation au Maroc.

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Plus d’une femme migrante sur 6 a subi un harcèlement sexuel ou un viol

Un peu moins de la moitié des migrants (44,5%) ont fait mention de difficultés rencontrées durant leur voyage Parmi les principales difficultés figure: le manque d’argent (17,7%), suivi par l’épuisement physique dû à la marche, la faim et la soif (17,5%), la violence physique et psychologique (13,7%), le harcèlement sexuel ou viol 7,8% (17,7% parmi les femmes et 1,7% parmi les hommes), l’arrestation et détention (7,7%), le refoulement, expulsion et déportation (6%). Enfin, il y a lieu de noter que 4,3% de femmes ont subi une grossesse ou un accouchement lors du voyage.

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