Enquête: L’IRES décortique les liens sociaux au Maroc

La 3ème enquête nationale sur le lien social menée par l’Institut royal des études stratégiques (IRES) révèle que le lien familial demeure de loin le lien social le plus solide. Les détails.

L’Institut royal des études stratégiques (IRES) vient de publier les résultats de la 3ème enquête nationale sur le lien social. Cette troisième édition a permis à l’Institut d’accumuler une connaissance approfondie de la société marocaine. A noter que cette enquête a ciblé un échantillon de 6.000 individus âgés de 18 ans et plus réparti sur les 12 régions du Royaume. Les cinq types de liens sociaux examinés (lien familial, d’amitié, de voisinage, de travail et politique) ont tous marqué une amélioration plus ou moins importante entre 2011 et 2023 de leur intensité. Le lien familial demeure de loin le lien social le plus solide. Le lien politique reste le plus fragile de tous les liens sociaux. La famille n’est plus uniquement un refuge pour le renfort moral des individus, mais aussi le siège de la solidarité matérielle entre les membres de la famille.

Le lien familial et le lien de travail, les plus affectés par la crise sanitaire
Cette enquête a examiné l’impact de la pandémie Covid-19 sur le lien social. Il en ressort que de tous les liens sociaux, c’est le lien familial (33%) et, à un degré moindre, le lien de travail (26%), qui ont été les plus affectés par la crise sanitaire, tandis que le lien politique n’a été touché qu’à hauteur de 1%. Les formes de sociabilité imposées par le confinement sanitaire ont contribué à l’exacerbation de certains faits sociaux comme le divorce : près de 54% des Marocains ont pointé du doigt la crise Covid comme l’une des principales causes de l’augmentation du taux de divorce. Par ailleurs, les membres de la famille sont de loin les plus importants dans la constitution du lien d’amitié avec un taux de 57% alors que ce taux était de 88% en 2011 et 2016, ce qui montre que le poids de la famille a connu un relâchement significatif en 2023. L’enquête révèle également que le type de voisinage préféré par la majorité des Marocains est «bonjour et que chacun reste chez soi ». La transition déjà amorcée en 2011 se confirme vers une forme de voisinage plutôt restrictive, marquée par la distanciation davantage que par la convivialité (échange de visites ou de biens et services). En milieu professionnel, l’intensité du lien social reste élevée malgré une légère diminution de la proportion des Marocains pour qui les relations avec leurs collègues de travail sont bonnes (76% en 2023 contre 88% en 2016).

Violence contre les femmes : 90% des Marocains estiment que les causes sont d’ordre culturel
S’agissant de la violence contre les femmes, près de 90% des Marocains trouvent que les causes de la violence contre les femmes sont d’ordre culturel (environnement familial et culturel, éducation et niveau d’instruction du conjoint) plutôt que matériel. L’égalitarisme de genre marque les attitudes des Marocains dont la quasi-totalité souligne que l’égalité des époux renforce le lien familial. Au sujet du Code de la famille, les attitudes sur les nouvelles réformes à entreprendre pour améliorer la condition des femmes au Maroc priorisent l’égalité des époux comme prisme de réforme, notamment en termes de partage des biens acquis pendant le mariage (32%) et de procédures de divorce (20%) ; la tutelle des enfants en cas de divorce a été signalée par 13% des Marocains et 12% parmi eux ont évoqué la fixation du montant de la pension alimentaire lors de la séparation conjugale. Les questions concernant le mariage des mineurs et le statut des enfants nés hors mariage ont été citées par, respectivement, 11% et 12% des Marocains.

Excellentes relations entre les MRE et leurs proches
Parmi les 53% des Marocains qui ont des membres de la famille vivant ou travaillant à l’étranger, près des trois quarts sont en contact avec leurs proches expatriés au moins une fois par mois, ce qui témoigne d’un attachement familial qui ne s’estompe pas avec la distance. La qualité des relations entre les Marocains du monde et leurs proches vivant au Maroc est jugée «excellente» ou «bonne» par plus des trois quarts des Marocains (77%). D’autre part, l’enquête a révélé un fort degré d’attachement des Marocains du monde à leur pays, tel que perçu par les membres de leur famille résidant au Maroc. Ainsi, l’éloignement physique du Maroc et les années d’expatriation n’affectent pas la force du lien que cette catégorie de la population marocaine entretient avec son pays d’origine.