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Enseignement : Guerre des langues au Parlement

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Le sort de millions d’élèves marocains fait l’objet de surenchère linguistique à l’occasion de l’examen de la loi-cadre

L’école marocaine va mal. Alors qu’une loi-cadre devrait relancer une nouvelle réforme, les parlementaires à la première Chambre trouvent le temps de jouer à la surenchère et à celui qui défend le plus l’arabe comme unique langue principale, voire unique langue d’enseignement. Si des mesures sont prévues dans le cadre de la nouvelle vision de réforme pour s’ouvrir à de nouvelles langues d’enseignement, notamment concernant les matières scientifiques, des groupes parlementaires, principalement celui du PJD, première force parlementaire chez les représentants, ne l’entend pas de cette oreille. Pour les députés pjdistes, il faut donner la priorité uniquement à l’arabe classique. Ces derniers brandissent la Constitution en particulier l’article 5.

Ce dernier stipule que «l’arabe demeure la langue officielle de l’Etat. L’Etat œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation(…)». Un article suffisant, selon les mêmes responsables, pour renforcer encore plus l’utilisation de la langue arabe dans l’enseignement du pays. Le PJD n’est pas le seul à défendre cette thèse puisqu’il est rejoint par le groupe parlementaire du parti de l’Istiqlal (opposition parlementaire).

Un parti connu pour avoir notamment mené l’arabisation du système éducatif il y a quelques décennies. Alors que la loi-cadre est très attendue pour accélérer la mise en œuvre de la nouvelle vision de réforme de l’enseignement, cette situation est de nature à retarder encore plus son adoption sachant que le texte doit par la suite être examiné par les conseillers parlementaires de la deuxième Chambre. C’est une véritable guerre des langues qui s’annonce à l’occasion du débat concernant les amendements au projet de loi-cadre. Une même guerre qui n’en est pas à sa première victime puisqu’un autre projet de loi tout aussi important et stratégique reste bloqué à la Chambre des représentants.

Il s’agit bien évidemment du projet de loi organique relatif au Conseil national des langues et de la culture marocaine. Cela fait de longs mois que le texte est aux mains des députés. Si l’adoption de ce dernier accuse tant de retard, c’est encore et toujours en raison de la place accordée à la promotion des langues étrangères. Un article avait d’ailleurs provoqué une véritable polémique dans cette loi organique. Il s’agit de l’article 3 qui stipule que «le Conseil national assure la responsabilité de proposer les orientations stratégiques de l’Etat en matière des politiques linguistiques et culturelles et de veiller à leur homogénéité et complémentarité, notamment en ce qui concerne la protection et le développement des langues officielles du pays, l’arabe et l’amazigh (…) et de faciliter l’apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus répandues dans le monde et au Maroc». Plusieurs députés avaient formulé des interrogations sur les langues étrangères répandues au Maroc alors que d’autres y voyaient clairement un soutien à la langue de Molière. En attendant que les parlementaires tranchent ces questions concernant les deux textes importants, c’est le sort de millions d’élèves marocains qui reste  suspendu à une surenchère linguistique.

Vision stratégique

La vision stratégique de la réforme du système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique 2015-2030 vise à atteindre une école nouvelle portée par trois grands fondements : l’équité et l’égalité des  chances, la qualité pour tous et la promotion de l’individu et la société.

Le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a mené de larges consultations nationales et régionales, en vue de la préparation de la vision stratégique. Ces consultations ont concerné les divers acteurs du système éducatif, les apprenants, les responsables et les experts. Elles ont concerné aussi les différentes sensibilités politiques, syndicales et professionnelles ainsi que les composantes de la société civile.

Cette vision est fondée sur les constantes constitutionnelles de la Nation marocaine : la religion musulmane, l’intégrité territoriale, la monarchie constitutionnelle, le choix démocratique, l’identité marocaine unifiée dans la diversité de ses composantes, ouverte sur le monde et mue par les valeurs de la modération et de la tolérance, et la juste corrélation entre le sens de l’appartenance et celui du dialogue des cultures et des civilisations.

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Loi-cadre

Le projet de loi-cadre 51.17 relatif au système de l’éducation nationale, de la formation et de la recherche scientifique facilitera la mise en œuvre des dispositions de la vision stratégique de la réforme 2015-2030.

Dans ce sens, une série de mesures visant à garantir un enseignement de qualité pour tous est prévue. Ces mesures concernent notamment la rénovation des métiers de l’enseignement, la formation et la gestion, la restructuration du système de l’éducation, la formation et la recherche scientifique et l’interconnexion entre ses composantes, la révision des approches, programmes et manuels pédagogiques, la réforme de l’enseignement supérieur et la promotion de la recherche scientifique et de l’innovation technologique, ainsi que l’adoption du pluralisme et de l’alternance linguistique et d’un modèle pédagogique orienté vers l’intelligence, développant le sens critique, l’ouverture, l’innovation, la citoyenneté et les valeurs universelles.

Il faut préciser que les ressources financières allouées au secteur de l’éducation et de la formation sont estimées à  6% du PIB (la loi de Finances de 2018 a alloué 59,2 MMDH à ce secteur, soit 5 MMDH de plus par rapport à 2017).

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