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Et si cette maladie polyarthrite rhumatoïde était vécue autrement ?

© D.R
Par El moustaid Mustapha*

La polyarthrite rhumatoïde est une affection inflammatoire chronique des articulations et de certaines autres régions du corps. À mesure que la maladie progresse, l’inflammation se propage aux tendons, ligaments, cartilages ainsi qu’aux os des articulations. La polyarthrite rhumatoïde peut également toucher d’autres régions du corps, comme les poumons ou les vaisseaux sanguins.
Environ 1% de la population est atteinte de polyarthrite rhumatoïde. Le risque de développer cette maladie est presque trois fois plus élevé chez la femme que chez l’homme. Bien que la maladie puisse se manifester à n’importe quel âge, elle touche surtout des personnes âgées entre 25 ans et 50 ans.
Au Maroc, on estime le nombre de malades atteints de cette affection à environ 350.000 dont 80% de femmes. Ainsi, l’initiative de la création de l’Association marocaine de lutte contre la polyarthrite rhumatoïde (AMP) a vu le jour et qui se veut un espace d’échange d’expériences et de connaissances au niveau international afin de mettre en place les assises d’une stratégie de lutte globale commune contre ce mal qui pourrit considérablement la qualité de vie des personnes qui en souffrent, d’où la déclaration de la présidente de l’AMP Najdi Laila que l’objectif de son association est de faire progresser la recherche, de favoriser la participation active des patients et d’améliorer la qualité de vie des malades, et surtout la formation initiale et continue des professionnels de la santé qui est l’un des volets clés de la convention de création, sachant que la polyarthrite rhumatoïde est devenue une maladie chronique qui évolue de manière assez imprévisible, et qu’en l’absence de traitement, elle entraîne une invalidité.

Dans cette perspective, l’AMPS a célébré la journée nationale de polyarthrite rhumatoïde le 25 mars 2022 à l’Hôtel Idou Anfa Anfa à Casablanca sous le thème «Connaître les traitements de la polyarthrite rhumatoïde est bien, et bien savoir se soulager est encore mieux» et durant laquelle divers experts (médecins, paramédicaux, coachs…) ont abordé la problématique de l‘impact de PR sur la qualité de vie psychique des patients en particulier et les différentes solutions qui peuvent les soulager.
Les sujets de cette journée ont eu trait aux différents aspects de la maladie : physiopathologique, thérapeutique et socio-économique en plus de sujets destinés au grand public, concernant notamment les aspects psychologiques de la maladie, le handicap physique des patients et leur régime alimentaire, afin de faire connaître l’ensemble des composantes de cette maladie.
En tant que coach ayant eu l’honneur de participer à cet événement, l’occasion était pour moi de proposer des alternatives à la médecine conventionnelle afin de booster l’état psychique des patients, grâce à des exercices de méditation et comme le prouvent de nombreuses études, «la santé mentale a une grande influence sur la santé physique» ; et pour rappel dans la Charte de Bangkok en 2005, l’OMS a inclus la dimension spirituelle dans sa définition du concept de santé, ce qui permet maintenant de considérer l’humain dans ses quatre dimensions : bio, psycho, sociale, et spirituelle.

Dans le Grand Dictionnaire des maladies et des malaises de son auteur, le psychothérapeute Jaques Martel, la polyarthrite rhumatoïde est définie comme une tumeur qui se développe sur une muqueuse (buccales, nasales, intestinales, utérines…) dont l’expansion qui en résulte est un signe physique pour montrer qu’il y a une situation dans la vie d’une personne qui le dérange et qu’il veut éviter ou fuir, mais ce n’est pas possible. Au contraire, elle se sent prise, coincée et ne peut pas s’y soustraire de peur d’être abandonnée ou de déplaire aux autres ; elle nie son pouvoir intérieur et cela l’amène à se sentir trop encadrée, insérée, les émotions qui se solidifient en elle sont comme des «boules de chagrin» qu’il lui reste à dénouer ; elle veut se protéger et avoir le support des autres mais elle a l’impression que les autres veulent l’empêcher d’atteindre ses buts, et si elle continue à suivre les autres plutôt que de foncer et être un chef de file elle risque d’être déçue.
Le psychothérapeute Jaques Martel conseille à cette personne d’accepter que quelque chose ou quelqu’un la dérange et se demander ce qu’elle a à apprendre de tout ce dérangement, et quelle est sa part de responsabilité pour se sentir plus libre, et que les polypes disparaîtront.

Milton Erickson, modèle inspirant de l’auto-guérissant

Milton Erickson, psychologue américain, est une figure emblématique du «guérisseur blessé», qui a commencé par faire une expérience sur lui-même, lors de sa réadaptation de sa paralysie en adoptant certains phénomènes qu’il met ensuite en application dans l’hypnose thérapeutique, se reposant sur la conviction que le patient possède en lui les ressources et les compétences d’adaptation personnelles. Erickson, à l’âge de 17 ans, entend un médecin dire à sa mère que son fils sera mort le… ; une mauvaise nouvelle qui a causé une grave poliomyélite à Erickson. Ainsi il demanda à sa mère de déplacer son lit de manière à pouvoir voir le coucher de soleil une dernière fois avant de mourir. Il vit alors ce qu’il appelle une expérience d’autohypnose, au cours de laquelle il ne voit que le coucher de soleil, faisant abstraction de l’arbre et de la barrière qui entravent sa vue par la fenêtre, ce qui lui a permis de développer une capacité à percevoir les signes non verbaux émis à la limite du seuil de perception. Le corps d’Erickson était paralysé, à l’exception de ses yeux, et l’affirmation de ces médecins qui lui ont dit qu’il ne marcherait plus jamais l’a incité à entreprendre une intensive série d’expériences d’apprentissage, qu’il appellera plus tard «transes auto-hypnotiques profondes», afin d’explorer les possibilités de guérison intérieure. De façon extraordinaire, il a trouvé, en se connectant à ses ressources intérieures et à un «inconscient créatif», un moyen de réhabiliter son corps. Il a réussi à marcher à nouveau avec l’aide de cannes et a été physiquement très actif.
Ses efforts pour se rééduquer l’amènent à redécouvrir par lui-même beaucoup des phénomènes classiques de l’hypnose et la manière de les utiliser à des fins thérapeutiques. Erickson raconte : «Je ne pouvais même pas dire où se trouvaient mes bras et mes jambes dans mon lit. C’est ainsi que j’ai passé des heures à essayer de localiser ma main, mon pied, ou mes orteils, en guettant la moindre sensation, et je suis devenu particulièrement attentif à ce que sont les mouvements».
En effet, cette connexion humaine prouve que, quelle que soit l’ampleur des problèmes, il y a toujours un espace plus profond et plus large de possibilités et de guérison qui est disponible. Depuis lors et jusqu’à sa mort au début de 1980 à l’âge de 79 ans, Erickson a été régulièrement cloué au lit et a souffert de douleurs chroniques. Tout au long de ces immenses défis, il a utilisé son lien avec le monde intérieur pour non seulement survivre mais aussi continuer à profiter de la vie.

Santé et spiritualité

Les résultats des travaux du psychiatre américain Harold G. Koenig sur les corrélations positives et négatives entre les croyances religieuses et spirituelles et la santé mentale et physique montrent que ceux qui ont ces croyances religieuses spirituelles ont une meilleure santé mentale et s’adaptent plus rapidement aux problèmes de santé par rapport à ceux qui n’ont pas ces croyances. La majorité de ces études fait état de bénéfices dans les trois domaines étudiés :
1. les émotions positives (en particulier les sentiments de bien-être, d’espoir, optimisme, sens et finalité, estime de soi, gratitude) et les maladies mentales (dépression, risque suicidaire, addictions, délinquance, relations de couple et sociales)
2. les comportements de santé (tabagisme, exercice physique, l’alimentation, la sexualité)
3- la santé physique (pathologie cardiovasculaire, démences, cancers, fonctions immunitaires, douleur et mortalité)
Au total, entre deux tiers et trois quarts des études montrent que les individus ont une meilleure santé mentale et s’adaptent mieux au stress s’ils ont une croyance religieuse spirituelle. L’ampleur du bénéfice potentiel sur la santé physique est comparé à celui obtenu par l’abstention du tabac et pourrait correspondre à un allongement de la durée de vie de 7 à 14 ans.
Sans juger de la qualité des travaux de Koenig qui mettent évidemment l’accent sur les corrélations positives entre religion et santé, il faut savoir que ce psychiatre croit aux interventions divines en santé et même à l’effet de la prière pour vaincre le cancer :
«Il faut savoir que Dieu est bon et parce qu’il est bon, tout ce qui arrive en réponse à une prière est bon».
Dans son livre «Handbook of religion and health», Koenig explique comment la prière de guérison engendrerait une forme de «conscience distractive» détournant la personne de ses souvenirs douloureux. De même, le fait de ressentir l’intelligence infinie de Dieu dans notre corps, dans notre âme, dans nos cellules, et plus notre sentiment sera pur et profond, plus notre prière sera efficace.
Pareillement, les recherches du Docteur Andrew Newberg, spécialisé en neurosciences, se sont concentrées en grande partie sur la façon dont la fonction cérébrale est associée à divers états mentaux, en particulier les expériences religieuses et mystiques. Ses recherches ont inclus des scans cérébraux de personnes en état de prière, de méditation, de rituels et de transe, ainsi que des enquêtes sur les expériences et les attitudes spirituelles des gens.
En plus de réduire le stress, la méditation est également connue pour jouer un rôle clé dans le développement spirituel, ainsi que pour améliorer ses capacités psychiques. Il a ensuite étudié la prière et a découvert des états cérébraux similaires à ceux de la méditation comme c’est bien illustré dans son livre «How God changes your brain». Son travail révolutionnaire a conduit au développement d’un nouveau domaine scientifique appelé «neurothéologie», qui étudie la relation entre le cerveau et l’expérience religieuse. Il a montré à travers les photos scannées du cerveau pendant la prière comment le sang coule dans le cerveau pour faire activer le néocortex préfrontal et faire diminuer le stress et bien équilibrer les fréquences cardiaques.

Invoquer Allah le Guérisseur de nos maux

La douleur physique et la maladie nous touchent tous, de manière plus ou moins importante. Petits et grands sommes confrontés à différentes douleurs, à des maux divers et à des maladies variées. Hormis la médecine moderne, la médecine prophétique permet de nous soulager et de parvenir à la guérison. Nous nous intéressons dans une série de rappels à la guérison par la Sunna et le Saint Coran. La première chose à faire lorsque nous ressentons un mal physique, quel qu’il soit, c’est de chercher secours et guérison auprès d’Allah. Lui seul nous entend, entend notre peine et a le pouvoir de la soulager. Le Prophète Sidna Mohammed a dit : «Demandez à Allah le pardon, la bonne santé et la guérison. Après la foi, il n’y a pas de bien meilleur que la guérison». Le fait de chercher guérison auprès d’Allah nous permettra de nous soulager de nos maux mais également de nous rapprocher de Lui car nous L’invoquons.
L’invocation d’Allah doit être faite avec crainte et espoir. Nous devons craindre notre Seigneur, nous soumettre à Lui et à Sa volonté. Mais nous devons également fonder un espoir infini en Lui et en Sa puissance, comme révélé par le Messager d’Allah : «Allah n’a pas fait descendre une maladie sans lui destiner un remède, certains le connaissent, d’autres l’ignorent». Cela signifie que nous pouvons accéder à la guérison en suppléant sincèrement Allah de nous soulager ; aussi nous devons invoquer Allah pour le mal qui nous touche à l’instant présent mais également pour la protection contre des maladies qui pourront nous toucher à l’avenir et surtout prendre de manière positive ces maux qui nous atteignent, car il s’agit d’épreuves que notre Seigneur nous soumet afin de nous faire gagner en patience et en endurance et ainsi nous rapprocher de Lui. Il nous faut voir la douleur comme un bienfait, au-delà des gênes qu’elle suscite au quotidien. Être éprouvé c’est être aimé par le Créateur des Cieux et de la Terre et il n’existe d’amour plus parfait que le Sien. Le Prophète ‘Sidna Mohamed nous a expliqué quant au mal qui peut nous toucher : «Aucun mal n’atteint le musulman, que ce soit une fatigue, une douleur chronique, une mélancolie, une tristesse ou même s’il s’agit d’une simple piqûre d’épine, sans qu’Allah n’en fasse une expiation de ses péchés». Effectivement, lorsque nous sommes éprouvés, malades, affaiblis, nous nous éloignons des tentations, des péchés et de la désobéissance, et le Tout Puissant nous pardonne nos péchés par le biais des maux qui nous atteignent au quotidien, faisant de nos maladies un moyen de L’invoquer, et de nous rapprocher de Lui et du bien.
Néanmoins, même avec ces données sur les bénéfices de la spiritualité sur la santé, il ne faut surtout pas sous-estimer les bienfaits de la médecine conventionnelle, définie comme comme la science et la pratique qui étudie l’organisation du corps humain (anatomie) et son fonctionnement normal (physiologie), et qui cherche à maintenir ou à restaurer la santé par la prévention et par le traitement (thérapie) de différentes pathologies. L’objectif est de souligner l’importance de compléter les formidables armes techniques et pharmaceutiques de la médecine moderne par une approche globale de l’être humain, tout à la fois corps, mental et esprit vivant.
A la lumière de ses bénéfices, le processus spirituel mérite d’être intégré dans les pratiques d’accompagnement, qu’elles soient médicales, psychothérapeutiques ou de coaching de santé… A méditer.

(*) Cadre en communication et coach personnel et d’équipe.

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