Société

Etudes primaires et secondaires: Missions étrangères, vraies ou fausses fabriques des élites ?

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Le Maroc compte déjà près d’une cinquantaine d’établissements de toutes origines et nationalités, dispensant des études dans différentes langues et selon différentes méthodes pédagogiques. Sous la demande sans cesse croissante de parents soucieux de faire rejoindre les bancs de ces écoles à leurs enfants et face à l’échec notoire de l’enseignement public marocain, le nombre des missions étrangères sera amené à doubler dans les années à venir selon plusieurs observateurs. La raison de cet engouement est que dans nos contrées, il existe un consensus selon lequel étudier dans une mission étrangère vous place systématiquement dans une configuration de pré-réussite sociale et professionnelle. Pour les parents, y inscrire leurs enfants est une façon d’en faire de futures élites. Mais est-ce toujours vrai ?
 
S’y inscrire à tout prix !

Que ce soit dans des écoles comme George Washington ou Juan Ramon Jimenez, en passant par Lyautey, les parents tapent à toutes les portes pour y inscrire leurs enfants. Il faut dire que face au nombre trop réduit de places disponibles dans ces établissements, les parents sont souvent prêts à tout, même à imposer pendant des années à leurs enfants des cours parallèles de mathématiques ou de langues étrangères pour les préparer à passer les examens d’entrée en mission. En tout cas, rien ne semble pouvoir arrêter des parents décidés, ni le coût élevé des études dans les missions (qui commence à 3.000 DH par mois et qui peut aller jusqu’à 15.000 DH pour certains établissements) ni les conditions draconiennes d’inscription. Reposant sur des méthodes pédagogiques d’enseignement venues de France, des Etats-Unis, d’Italie ou d’Espagne, et utilisant les mêmes programmes scolaires que ces pays dont elles sont issues, les missions étrangères deviennent aujourd’hui un palliatif intéressant face à la débâcle ambiante du système scolaire marocain. «Aujourd’hui, on ne compare même plus les études dans des missions étrangères à l’enseignement public marocain qui, lui, est en faillite avérée. On va plutôt comparer les missions étrangères aux autres écoles privées qui existent au Maroc», nous affirme Asmaa, mère de famille dont les deux enfants sont inscrits en mission.
 
Une image qui colle à celle de réussite sociale…
 
«Tous ceux qui ont réussi inscrivent leurs enfants à la mission ! C’est donc normal que l’image de la mission soit identifiée à celle de réussite sociale», poursuit Asmaa pour ponctuer le fait que ce sont souvent les enfants de la bourgeoisie dorée marocaine qui y poursuivent leurs études. «Pour les Marocains, il existe une sorte d’unanimité autour de l’idée que ce qui vient de l’étranger est forcément meilleur», nous apprend Abdelhadi Assoul, sociologue. «Le complexe de l’étranger est très omniprésent dans notre culture, à tel point qu’il nous fait très souvent douter de notre capacité à construire quelque chose de valable». Et d’ajouter que «les missions étrangères drainent une réputation souvent exagérée d’usines à élites car les élèves qui y ont fait leurs études finissent par décrocher de belles carrières. Or souvent la situation socio-économique des parents de ces élèves les prédispose à cette ascension sociale et non leurs études».
 
La crise identitaire guette parfois
 

Autre constat : ces écoles peuvent avoir une certaine influence culturelle sur les élèves qui les fréquentent. Etudier selon les modalités propres à un autre pays et à une autre culture est à l’origine de nombre de crises identitaires chez les adolescents notamment. Les jeunes restant en effet particulièrement vulnérables aux influences que l’Occident pourrait exercer sur eux. Parmi les symptômes les plus courants, une tendance à l’isolement, un sentiment de rejet et de non appartenance aux valeurs traditionnelles du pays ou encore la dépression… «Mon fils qui fait ses études en mission ne sait presque pas parler arabe, pourtant il est né et a grandi au Maroc. Il est donc très mal à l’aise dès lors qu’il se retrouve avec des personnes qui ne parlent que la langue maternelle», atteste une mère de famille.

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