Société

Événement : Faouzi Skalli : spiritualité et savoir

ALM : Comment se déroulent les manifestations célébrant la naissance du Prophète à la zaouyia Kadiryia Boutchichia?
Faouzi Skalli : Aïd Al Mawlid est, avec Laïlat Al Qadr (la Nuit du Destin), un moment fort de célébration religieuse. Au Maroc, cette célébration s’est développée depuis le 12ème siècle. C’est un événement qui a pris une forme donnée avec, particulièrement, l’influence des confréries soufies. Pour les Soufis, la personne du Prophète est extrêmement importante, parce qu’il constitue un modèle vivant et que son rôle et sa personnalité du Prophète sont fondamentaux.
Des milliers de personnes viennent des quatre coins du Maroc, mais aussi de l’étranger pour célébrer cet événement important. Ils arrivent à la zaouyia soit la veille de la fête, soit quelques jours auparavant. Au programme de cette célébration, l’invocation spirituelle (dikr), la lecture du Coran, etc. Et cela continue durant la grande soirée,  avec notamment du sam’aâ, des chants panégyriques à la gloire du Prophète. Mais le volet enseignement est également important, avec la présentation d’exposés ayant trait à la biographie du Prophète (Sira nabawiya), aux valeurs éthiques, historiques, rituelles, culturelles et cultuelles. Il s’agit d’un grand moment d’activité spirituelle et d’apprentissage intense.

Comment expliquer que les confréries attirent des intellectuels, des cadres ?
Ces tariqas regroupent des théologiens, des universitaires, des cadres… Ce qui peut apparaître comme une antinomie ou un paradoxe. Mais ce n’est qu’apparent. Le Soufisme a toujours eu des personnes qui appartiennent à toutes les couches sociales. Ce lien et cette convergence spirituelle transcendent les classes sociales. Les anciens soufis étaient des ouléma, des artisans… Et au contraire de l’ascétisme, la philosophie des confréries n’est pas à l’hermétisme. Cette ouverture sur l’autre est un des aspects fondamentaux de l’Islam. Il y a là une connexion entre un ancrage culturel et des pratiques cultuelles. Les zaouyias ont toujours eu ce double aspect d’être à la fois des lieux d’exercice spirituel et des lieux de savoir, mais aussi d’action sociale. Il faut souligner cette alliance entre deux aspects : le vécu spirituel et la participation sociale. L’un nourrissant l’autre. Cette culture confrérique a pu participer à la culture spirituelle du Maroc.

Quel est le nombre des adeptes de la Tariqa Kadiryia Boutchichia ?
C’est quelque chose de spontané à travers l’histoire. Il ne s’agit pas d’un parti politique ou d’un syndicat au sein duquel chacun aurait sa carte de membre. Mais, on peut raisonnablement avancer le chiffre de quelques centaines de milliers de personnes.

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