Dès la désignation par S.M. le Roi Mohammed VI de M. Dris Jettou à la Primature, les responsables espagnols se sont distingués par la rapidité de leurs réactions. Les éloges fusent de partout sur le nouveau Premier ministre marocain et mettent en relief son « indépendance et son efficacité ». Le Chef de l’Exécutif espagnol était parmi les tout premières personnalités étrangères à téléphoner à M. Jettou. La satisfaction s’est propagée jusqu’au Palais de Santa Cruz et la diplomatie espagnole a montré un empressement pour la fixation d’une date pour la reprise du dialogue entre le Maroc et l’Espagne.
Certes, le gouvernement d’alternance, au Maroc, a donné une nouvelle empreinte aux rapports entre les deux pays. Le gouvernement Youssoufi a fait preuve d’intransigeance face au pillage des ressources halieutiques marocaines par les pêcheurs ibériques.
L’accord de pêche avec l’Union européenne ne sera plus reconduit, à la grande colère de Madrid. C’est ce qui a poussé les responsables espagnols à changer de cap dans sa relation avec le Maroc. D’où la multiplication des actes inamicaux envers Rabat et les tentatives de nuire aux intérêts supérieurs du Maroc. On sait, surtout depuis la crise autour de l’îlot Tourah (Leila), que les responsables espagnols ne portent plus le ministre marocain des affaires étrangères. Mais, ce même Benaïssa n’était-il pas porté aux nues par ces mêmes responsables avant que Madrid ne franchisse le Rubicon ?
Madrid doit comprendre que sa politique à l’égard du Maroc ne doit pas être tributaire de telle ou telle personne. Certes l’apport des personnes peut être immense. Mais dans un cadre bien défini.
Or Madrid a poussé ses différends avec Rabat au paroxysme. Ils sont arrivés à un point où le dégel ne peut s’obtenir que sur des bases de franchise et de sincérité. Car le Maroc, comme n’importe quel pays fier de sa dignité, ne peut accepter les atteintes répétées à sa souveraineté. Cela s’entend au niveau du principe moral, d’abord. On ne peut bâtir une coopération saine si une partie considère que son partenaire est arriéré ou suffisamment débile pour avaler n’importe quoi.
Pas plus qu’on ne peut tabler sur un déserteur ou un « comité d’officiers libres » imaginaire pour obtenir ce que d’autres formes de chantages et de marchandages n’ont pas réussi à faire échiner l’épine du Maroc. Or, fatalement et inéluctablement, les deux pays sont amenés à renouer les liens sur des bases véritablement amicales, qui excluent les déséquilibres flagrants et la méprise, surtout. Pourquoi, dès lors, perdre le temps et les opportunités dans des jeux infantiles ?