Événement : Meknès, berceau des Issawa

Le Maroc est la terre des saints et des marabouts,où les adeptes célèbrent annuellement des processions vers les sanctuaires de leurs maîtres vénérés. Du nord au sud du Royaume, les moussems se succèdent, petites villes de tentes, qui attirent badauds et marchands. Moussems, fêtes musulmanes ou familiales, les festivités marocaines égrènent les saisons, rompent la monotonie quotidienne et rappellent aux hommes les liens qui les unissent. Les moussems relèvent d’un calendrier de croyances diverses. Ainsi, la ville de Meknès est le théâtre du moussem de son « saint Patron » El Hadi Benaissa ou Cheikh El Kamel pour les autochtones. Le moment choisi pour la célébration de ce moussem est l’anniversaire de la naissance du prophète Sidna Mohammed : Aïd Al Mawlid Annabawi. Le choix de ce calendrier n’est certainement pas un hasard. El Hadi Benaissa est à l’origine d’un mouvement soufi, portant d’ailleurs son nom, les Issawa. À l’origine, le Cheikh a laissé un mouvement soufi des plus purs, faisant du prophète le modèle ultime à suivre. Au fil des années, les traditions ont fini par l’emporter sur le dogme initial. Beaucoup de pratiques païennes, puisant leurs origines dans l’acculturation et l’ignorance dominantes, ont relégué les pratiques laissées par le cheikh au second rang. Toutefois, la ville de Meknès connaît une métamorphose générale pour la manifestation. Trois jours durant, les processions dans la ville de succèdent aux rythmes des «Tayfas». Le point de départ commence à la maison d’accueil. Une dizaine de maisons perpétuant l’accueil des visiteurs depuis des générations. Le point d’arrivée est le Mausolée d’El Hadi Benaissa, à proximité du plus grand cimetière de la ville qui lui a d’ailleurs été légué (Houbouss). À partir de la nuit de la naissance du prophète, dikr (invocation d’Allah), madh (chants panégyriques) ou encore différents modes de psalmodie de la burda pour finir par El Hadra (la transe issawiya) se succèdent jusqu’à l’aube. Les femmes prennent d’ailleurs le relais en accueillant l’aube par des yous-yous, crient de joie perpétuant ainsi l’accueil de prophète né à cette heure là.