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«Evusheld», le traitement innovant bientôt au Maroc ?

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Rami Scandar, président d’AstraZeneca Proche-Orient et Maghreb

[box type= »custom » bg= »#eeedeb » radius= »5″]Il faut rendre ses lettres de noblesse à la science qui a réalisé une avancée majeure en créant des vaccins qui affaiblissent la viralité des différents variants en un temps record malgré la complexité de la tâche. L’obtention de vaccins sûrs, efficaces et d’une qualité importante a été un défi majeur pour l’ensemble des pays de la planète au moment où la pandémie était à son pic. Dans ce schéma, le Maroc n’a pas manqué à l’appel en fournissant des quantités suffisantes de vaccins pour la population afin de se prémunir contre les méfaits du virus. A ce stade, la troisième dose de rappel agit comme un «booster» efficace pour l’im munité. Présent au Maroc à travers 40% de ses produits commercialisés, AstraZeneca a fait partie des premiers vaccins administrés à la population soutenant ainsi les efforts du Maroc dans la lutte contre la pandémie à l’échelle nationale. Récemment, le Groupe est parvenu à mettre au point un traitement préventif destiné aux personnes à haut risque baptisé «Evusheld». Selon ses créateurs, ce traitement par anticorps permet de réduire le risque de développer une forme symptomatique de la maladie chez les patients fragiles. Le président du laboratoire anglo-suédois Proche-Orient et Maghreb nous en dit davantage.[/box]

ALM : Les cas de contaminations à la Covid-19 sont sur une tendance baissière, notamment au Maroc. Quel rôle a joué AstraZeneca dans cet aboutissement ?

Rami Scandar : A ce jour, AstraZeneca a fourni 2,6 milliards de doses dans le monde couvrant ainsi plus de 180 pays. Par conséquent, AstraZeneca est le vaccin le plus distribué dans le monde. Il est important de dire que les deux tiers de cette quantité reviennent aux pays en développement. Jusqu’à maintenant, on a distribué au Maroc à peu près 8,5 millions de doses. Et durant la pandémie, c’est-à-dire la période 2020-2021, on a participé à ces efforts sans faire de profits.

Vous avez développé un traitement Evusheld destiné aux personnes à haut risque. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce traitement et sur le profil des personnes éligibles ? Y a-t-il des contre-indications à son utilisation ?
Evusheld est un produit qui repose sur la combinaison de deux anticorps à actions prolongées. Il protège sur une période qui peut aller jusqu’à 12 mois. Et comme vous l’avez souligné, il s’adresse aux personnes à haut risque, notamment les personnes à faible immunité. Car différentes études ont démontré que ces personnes ne disposent pas d’une protection convenable ou alors cette protection reste faible. C’est pour cela qu’ils doivent prendre ces anticorps. Evusheld est destiné aux populations vulnérables incapables de développer une réponse immunitaire adéquate, comme celles qui souffrent d’un cancer du sang et qui sont en chimiothérapie, les personnes qui font les dialyses, les personnes exposées à des greffes d’organes ou encore les personnes qui prennent des produits qui diminuent l’immunité. Evusheld est fortement recommandé à titre préventif. A noter qu’il n’est pas utilisé comme traitement mais plutôt comme action préventive. Il est par ailleurs administré de la même manière que le vaccin. En juillet prochain, on dévoilera les résultats des études sur son utilisation comme traitement de la Covid-19 mais pour le moment, il est indiqué seulement pour la prévention.

Il est efficace à quel pourcentage et sur combien de personnes a-t-il été testé ?
Evusheld protège à un taux de 87%. Il atteint le même niveau de protection que le vaccin pour les personnes en bonne santé. Evusheld a fait l’objet de deux «trials» (phases d’essais), dont la première a été effectuée sur 1.000 patients.

Peut-il un jour se substituer au vaccin?
Non parce que le vaccin est irremplaçable. Il va rester le meilleur moyen de protection pour les personnes ne souffrant pas de maladies graves. Evusheld ne peut pas remplacer le vaccin et le vaccin ne peut pas remplacer Evusheld pour les personnes à haut risque ou les personnes à faible immunité.

Vous avez conclu des contrats avec les pays du Moyen-Orient pour la distribution du nouveau traitement. Qu’en est-il du Maroc ?
Le premier contrat qu’on a acté était avec les Etats-Unis en novembre 2020 pour 1 million de doses et puis un autre en février 2021, ce qui porte le total de doses à 1,7 million. Au niveau du Moyen-Orient, les pays avec qui on a signé un partenariat sont les Emirats Arabes Unies, Bahreïn (en décembre 2021) et l’Égypte (en janvier 2022). Actuellement, les discussions se poursuivent avec d’autres pays. S’agissant du Maroc, il n’y a pas de contrats signés pour le moment à ce sujet mais les discussions sont en cours avec le ministère de la santé. On a tenu à cette date deux réunions pour présenter et sensibiliser autour de ce nouveau produit préventif. La troisième réunion portera sur sa distribution au Maroc.

Combien de doses serez-vous en capacité de fournir pour le Maroc ?
Disons qu’on a la capacité de fournir les doses nécessaires pour 2022 à partir de septembre parce que toute la partie «supply» jusqu’à cette date est mobilisée pour les pays contractants.

Pour finir, comment voyez-vous l’évolution future de la pandémie ?
Actuellement, il y a 5 variants. Le dernier virus qui était Omicron se décline en 3 variants : BA.1, BA.1.1, et BA.2. Evusheld est efficace pour les trois variants. S’il va y avoir de nouveaux variants ou pas… seul l’avenir le dira. Mais comme n’importe quel virus, on peut s’attendre à ce qu’il y ait d’autres variants dans le futur. Par contre, ce qui peut être rassurant, c’est qu’ils seront moins agressifs parce que la recherche scientifique se développe au même rythme que l’évolution du virus.

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