Ils étaient au moins 30 000 personnes, selon les organisateurs, à défiler dans la principale artère de Rabat pour exprimer leur opposition à l’option de guerre contre l’Irak. Selon l’Associated Press, les manifestants se chiffraient entre 7 000 et 10 000 personnes. La manifestation a été organisée par un collectif d’associations marocaines de soutien au peuple irakien. La marche, destinée à s’opposer à une guerre contre l’Irak, n’aurait pas été autorisée à temps.
Les négociations entre les organisateurs et les pouvoirs publics auraient perduré plusieurs jours.
Des assurances auraient été données sur la mobilisation exclusive des troupes locales. Contrairement aux précédentes marches, tant pour l’Irak que pour la Palestine, la manifestation d’hier était purement locale. Les principales composantes ayant appelé à la manifestation, notamment la mouvance islamiste avec ses deux segments (Al Adl wa Al Ihsane et le Parti de la justice et du développement) à côté d’organisations d’extrême gauche se sont contentées de mobilisation des militants locaux. Sans grand tapage médiatique.
D’ailleurs, les défilés d’hier n’avaient rien de comparable avec les marées humaines auxquelles on avait assisté lors de la grande marche de Rabat, en 1991, organisée par les partis de la Koutla démocratique, ou encore celle pour la Palestine, en 2000, sous le gouvernement Youssoufi.
Ce manque de mobilisation peut être attribué à l’absence de visibilité et au manque d’expérience politique auxquels les rivalités partisanes ne sont pas étrangères. Certes, la cause palestinienne ou encore celle du peuple irakien jouit d’une immense sympathie au sein du peuple marocain. Mais la programmation de la guerre pour l’après Aid El Kébir, en février, pose la question de la prématurité d’une mobilisation précoce qui risque de ne pas donner les effets escomptés. En effet, il faudra attendre la fin de la mission des inspecteurs de l’ONU et les développements au niveau des positions des uns et des autres pour mettre à l’ordre du jour la guerre américaine contre l’Irak. C’est apparemment la précaution prise par les partis politiques de la majorité, plus particulièrement l’USFP et l’Istiqlal. Car, c’est un peu connu, les Marocains ne vont pas occuper la chaussée dans la capitale éternellement. De plus, on n’a jamais vu chez nous une succession de marches même pour des causes si chères. C’est ce qui justifierait la non-implication des partis mobilisateurs des foules dans la manifestation de Rabat. D’ailleurs, il va falloir s’attendre à un sursaut, dès que le spectre de la guerre se manifeste concrètement.
En tout cas, ceux qui ont fait le déplacement au centre de la capitale ont scandé des slogans hostiles à la guerre, à l’attitude du Président Bush et à la complicité britannique. Des drapeaux américains ont été brûlés.
Cependant, «de brèves échauffourées ont opposé des islamistes barbus à des militants d’extrême gauche et marxistes qui les traitaient de « fascistes ». L’information est rapportée par AP. Les islamistes auraient tenté de dévoyer la manifestation de son esprit de solidarité pour en tirer profit, politiquement. C’est ce qu’a expliqué Amine Abdelhamid, président de l’Association marocaine des droits de l’Homme, en ces termes : « Nous manifestons contre une guerre impérialiste et coloniale, menée de façon arbitraire pour exploiter les richesses pétrolières irakiennes ».