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Faut-il armer les convoyeurs de fonds ?

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Faut-il autoriser le port d’armes pour les sociétés privées de convoyage de fonds au Maroc à l’instar de ce qui se passe ailleurs ? La question se pose d’autant plus avec acuité que ces entreprises sont de plus en plus la cible facile des bandits. Il y a quelques jours, une bande, interpellée plus tard par la police, s’en est prise à Casablanca et Marrakech à deux véhicules de transport de fonds (respectivement de Groupe 4 Sécuricor et de la Brink’s) qu’elle ont délestée de leur précieuse cargaison.
Certes, les sommes volées ne sont pas importantes –moins d’un million de DH dans le premier cas et 600.000 dans le second – mais le problème pour être récurrent devient inquiétant. Les braqueurs s’enhardissent en effet à attaquer des convoyeurs de fonds qu’ils savent non armés même pas de gourdins et donc vulnérables. La loi marocaine en la matière est ainsi faite. Degré zéro de dissuasion. À cela s’ajoute surtout l’absence de normes limitant la phase piétonne du transport de fonds -pendant laquelle se déroule souvent le braquage – et  permettant l’exercice de l’activité loin du  public. 
Devant cette situation préoccupante, les entreprises spécialisées dans cette activité à risques ont depuis longtemps demandé aux pouvoirs publics d’autoriser leurs agents à porter des armes en vue de leur permettre de se défendre en cas d’attaque. Demande refusée. La raison ? Le caractère très sensible de la question. En effet, la sûreté nationale craint de graves dérapages sur la voie publique comme des balles perdues pouvant atteindre des passants en cas d’affrontement avec les bandits. Un responsable de la police souligne cette frilosité historique que les autorités ont toujours nourrie envers les armes : "les policiers eux-mêmes évitent au maximum d’utiliser leurs revolvers même s’ils sont pris à partie a fortiori autoriser le port d’armes pour les entités privées de sécurité “.
Or, le Maroc, qui a adopté une politique d’ouverture à tous crins avec tout ce que cela a généré comme liberté et recul de la peur du gendarme, peut-il se permettre de se recroqueviller sur les méthodes du passé ?
La montée de l’insécurité est une réalité incontestable et tout porte à croire que les choses peuvent évoluer vers le grand banditisme. D’où la nécessité de réglementer l’exercice de la sécurité privée aussi bien des fonds que des personnes. Sachant que la police ne peut pas tout faire, ce corps est censé jouer le rôle d’auxiliaire de sécurité. Mais il est actuellement handicapé par un vide juridique sidérant alors qu’un nombre grandissant de secteurs sous-traitent leur sécurité à des sociétés privées.
Demain, qui va sécuriser comme il se doit les nouveaux ports, les aéroports, les grandes infrastructures touristiques ?
Cependant, il faut reconnaître que la plupart des entreprises de sécurité, de gardiennage ou de surveillance souffrent d’un manque patent de professionnalisme en raison notamment d’une formation qui laisse à désirer et des salaires très peu motivants. Il est grand temps de légiférer pour mettre un peu d’ordre dans un domaine à la fois délicat et essentiel qui a beaucoup d’avenir.   

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