Les inégalités professionnelles entre les sexes peinent à se réduire
Le dernier rapport du Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur la femme marocaine révèle des inégalités persistantes hommes-femmes sur le marché du travail. Le taux d’activité des femmes diplômées n’est que de 33,2% en 2022 contre 92,2 % pour les hommes. Elles restent toujours frappées de plein fouet par le chômage avec un taux qui est passé de 9,9% en 2012 à 17,2% en 2022.
La participation des femmes au marché du travail demeure toujours faible au Maroc. Le taux d’activité des femmes diplômées âgées de 25 à 59 ans n’est que 33,2% en 2022 contre 92,2 % pour les hommes diplômés. C’est ce qui ressort de l’édition 2023 du rapport du HCP intitulé «La femme marocaine en chiffres». Selon le document, le taux d’activité des femmes sans diplôme est de 17,1% contre 76,8% pour les hommes. Il est de 44 % pour celles ayant un diplôme de niveau supérieur contre 67,5% pour le sexe masculin. Le taux d’activité est plus élevé chez les femmes divorcées (41,5%) que les femmes mariées (16,5%) ou célibataires ( 26,9%). Ce taux est de 10,8% pour les veuves.
Selon l’âge, le taux d’activité est plus important chez les femmes âgées de 35-44 ans avec un taux de 22,9%. Ce taux est de 6,5% pour celles âgées de 15-24 ans, 25-34 ans (20,6%), 45 ans et plus (16,3%). Par ailleurs, parmi les actifs occupés, 50,6% des femmes travaillent en tant que salariées (53,2% pour les hommes), 15,9% des auto-employées (39,7% pour les hommes) et 33,6% occupent des emplois non rémunérés (7,2% pour les hommes). Le secteur des services constitue le premier employeur des femmes (43,1%) suivi de l’«agriculture, forêt et pêche» (41,5%) puis de l’«industrie y compris l’artisanat» (14,7%). Selon la profession, 9,2% des femmes actives occupées travaillent en tant que responsables hiérarchiques, cadres supérieures et membres des professions libérales (contre 3,8% pour les hommes), 13,2% travaillent en tant qu’employées. Seulement 1,4% travaillent en tant que conductrices d’installations et de machines et ouvrières de l’assemblage (contre 5,9% pour les hommes).
A l’inverse, les ouvrières agricoles et de la pêche (y compris ouvrières qualifiées) représentent 34,6% des femmes actives occupées (contre 13,3% pour les hommes).
Sans surprise, les femmes restent toujours frappées de plein fouet par le chômage. Le taux a fortement augmenté entre 2012 et 2022 en passant de 9,9% à 17,2% en 2022, soit une hausse de 7,3% sur 10 ans. Chez les hommes, la hausse a été moins importante, le taux est passé de 8,7 à 10,3%. A noter que le taux de chômage des 15-34 ans est de 32,7% pour les femmes contre 19,8% pour les hommes. Ce taux est de 3,8% pour les femmes sans diplôme, 21,5% pour celles ayant un diplôme de niveau moyen et 34,8% pour les diplômées du supérieur. S’agissant de la durée, elles sont 26,5% à être au chômage pendant moins d’une année alors que 73,5% le sont depuis 12 mois et plus.
Seulement 12,8% des entreprises dirigées par des femmes
Par ailleurs, la proportion des entreprises dirigées par des femmes a atteint 12,8% en 2019 contre 87,2% pour les hommes. Selon la répartition par secteur d’activité, la femme dirigeante est plus présente dans le secteur des services (17,3%) et du commerce (13,8%), suivis de l’industrie (12,6%) et de la construction (2,6%). En revanche, elle est beaucoup moins présente dans le secteur du BTP (2,6%). Selon la taille de l’entreprise, les femmes dirigeantes sont plus présentes dans les très petites entreprises (13,4%) et les PME (10,2%) contre seulement 8% pour les grandes entreprises. Par ailleurs, 18% des entreprises individuelles sont dirigées par des femmes (82% pour les hommes) et 11% des SARL (Sociétés à responsabilité limitée) (89% pour les hommes) sont gérées par des femmes.
Violence dans le lieu de travail : Une prévalence de 15,4%
Dans son rapport, le HCP s’est aussi intéressé au phénomène de la violence à l’égard des femmes. Ainsi, on apprend que 56,5% d’entre elles ont été victimes d’un acte de violence en 2019. La prévalence de la violence domestique (familiale et/ou conjugale) est de 52,1% suivie de la violence dans le lieu d’enseignement et de formation (18,9%), la violence dans le lieu de travail (15,4%), et la violence dans le lieu public (12,6%). Dans les détails, il est important de noter que les atteintes à la liberté individuelle représentent 34,6%, la violence psychologique émotionnelle 37,4%, la violence psychologique 49,1%, la violence physique13,3%, la violence sexuelle 14%, la violence économique 15,1%, celle liée à l’application des lois 37,8%.
Pauvreté monétaire Le taux de pauvreté monétaire des femmes cheffes de ménages est passé de 3,9% en 2014 à 1% en 2019. De même, la vulnérabilité économique des femmes cheffes de ménages a enregistré une baisse sur la période 2014-2019. Ainsi, le taux de vulnérabilité des femmes chefs de ménages est passé de 10,6% en 2014 à 6,7% en 2019. Ce taux est passé de 8,2 à 4,8% en milieu urbain, et de 17,4 à 12,4% en milieu rural.