La dépense totale de santé par habitant est passée de 1.730 DH à 2.227 DH.
Rapport : Selon le nouveau rapport des Comptes nationaux de la santé, les paiements directs des ménages demeurent la première source de financement de la santé au Maroc, avec une part qui s’élève à 38% contre 45,6% en 2018. Ce niveau de contribution des ménages est loin du seuil recommandé par l’OMS, qui préconise une contribution maximale de 25 %.
Le ministère de la santé et de la protection sociale vient de publier les Comptes nationaux de la santé. Ces comptes, qui offrent une vision détaillée des dépenses de santé et des flux financiers du système de santé, constituent un outil primordial pour évaluer l’efficacité des politiques de financement et orienter les actions à entreprendre. Il ressort de ce rapport que le financement de la santé a connu une évolution continue ces dernières années, contribuant ainsi à l’amélioration de certains indicateurs de santé et à la réduction des charges financières directes supportées par les ménages. La dépense totale de santé au titre de l’année 2022 s’élève à environ 81,7 milliards DH, soit une augmentation de 34,1% par rapport à l’année 2018 et une augmentation annuelle moyenne de l’ordre de 7,6% durant la période 2018-2022. Elle représente 6,1% du PIB contre 5,5% en 2018. Malgré cette amélioration, cette proportion demeure faible par rapport à la moyenne mondiale (7,4%) et régionale (6,2%). Pour garantir la pérennité du financement du système de santé il est recommandé de mettre en place une gestion optimisée des ressources et instaurer des mécanismes de financement durables et innovants. La mobilisation d’un effectif suffisant de professionnels de santé de qualité en tant que pilier de la refonte du système national de santé, constitue un élément essentiel pour améliorer la performance du système de santé et atteindre l’objectif de la couverture sanitaire universelle
La dépense totale de santé par habitant est passée de 1.730 DH à 2.227 DH
Rapportée à la population, la dépense totale de santé ( DST) par habitant a connu une augmentation importante en passant de 1.730 DH en 2018 à 2.227 DH en 2022, soit une augmentation de l’ordre de 28,7%.La dépense courante de santé (DCS) au titre de l’année 2022 est estimée à 76,6 milliards DH représentant ainsi 93,7% de la DST. Quant à la dépense en capital (investissement), celle-ci a atteint 5,1 milliards DH, soit 6,3% de la DTS contre 3% en 2018. Cette augmentation s’explique par le volume important des investissements engagés par le ministère de la santé depuis 2022 pour la mise à niveau de l’offre de soins hospitalière et des soins de santé primaires en tant que pilier important du chantier de la refonte du système de santé.
Les ménages, principaux contributeurs aux dépenses de santé
L’analyse des sources de financement de la santé au Maroc montre que les paiements directs des ménages demeurent la première source de financement de la santé au Maroc, avec une part qui s’élève à 38% contre 45,6% en 2018. L’extension de la couverture médicale aurait contribué à l’allégement des dépenses directes des ménages en santé. Cela dit, bien que les paiements directs des ménages aient enregistré une diminution importante de 7,6 points de pourcentage par rapport à 2018, ce niveau de contribution des ménages reste considérablement élevé et bien au-delà du seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise une contribution maximale de 25 % des dépenses totales en santé par les ménages. Les dépenses directs des ménages en santé demeurent également élevées par rapport à d’autres pays comme la Tunisie (33,7%), la Turquie (16,3%) ou encore la France (8,9%). Ainsi, l’augmentation constante du coût des soins, en particulier en raison des nouvelles technologies médicales et du développement des protocoles thérapeutiques, maintient la pression sur les finances des ménages. L’objectif à long terme est de réduire cette part à moins de 25 %, en visant la couverture sanitaire universelle où chaque individu peut accéder aux soins dont il a besoin, sans difficultés financières. S’agissant de la structure des dépenses directes des ménages en santé, il est important de relever que les médicaments et les biens médicaux représentent la part la plus importante, avec 44,1% du total des dépenses des ménages. Cette part importante s’explique par des pratiques telles que l’automédication et l’achat de médicaments sans ordonnance, en particulier pour des maladies courantes ou chroniques. Les soins ambulatoires et hospitaliers absorbent respectivement 22,3% et 15,3% des dépenses totales. Les services d’analyses médicales et de radiologie représentent, quant à eux, 11,7%, tandis que les soins dentaires constituent 4,7% de la dépense totale.
Hausse significative de la contribution de l’Etat
D’autre part, le rapport indique que la contribution de l’Etat dans le financement de la santé a connu une augmentation significative en passant de 24% en 2018 à 30,3% en 2022. Cette hausse est attribuée en partie à la hausse importante du budget du ministère de la santé. Le poids de l’assurance-maladie dans le financement de la santé a enregistré une augmentation de 2 points par rapport à 2018 en s’établissant à 31%. En revanche, les établissements et les entreprises publics (EEP) ainsi que la coopération internationale ne contribuent au financement de la santé que de 0,1% et 0,2% respectivement.
Les soins hospitaliers captent 30,9% du total des dépenses de santé
La répartition des dépenses courantes de santé par type de prestataires permet d’analyser le poids de chaque prestataire de soins, public ou privé, dans les dépenses de santé. Ainsi, sur les 76,5 milliards DH mobilisés en 2022, les établissements publics de santé (hôpitaux publics, CHU, ESSP, …) occupent la première place avec une part qui s’élève à 26,8% du total des dépenses, suivis des pharmacies et des fournisseurs de biens médicaux avec une part qui s’établit à 25,9%. Les cabinets et les cliniques privées ont bénéficié ensemble d’environ un tiers de la dépense, soit respectivement 16,6% et 15,8%. La part des laboratoires et centres de radiologie ne représente que 8,6%. S’agissant de la répartition fonctionnelle des dépenses de santé, les soins hospitaliers occupent la première position avec un pourcentage de 30,9% du total des dépenses. Ils sont suivis des dépenses dédiées aux médicaments et aux biens médicaux avec une part qui s’élève à 26,7%. Le troisième et le quatrième postes de dépenses concernent respectivement les soins ambulatoires (incluant les soins préventifs), ainsi que les analyses biologiques et examens radiologiques avec des parts respectives qui s’établissent à 25,8% et 8,6% de la dépense courante de santé.
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