La guerre est déclarée contre l’ostéoporose, la maladie des os fragiles. Relativement peu connue au Maroc, cette maladie n’en est pas moins répandue. Elle touche en grande partie les femmes ménopausées, aux côtés desquelles des praticiens ont décidé de se battre pour en finir avec la fatalité des os fragilisés.
Mohamed Lahbabi, pharmacien à Sbata, affirme d’ailleurs accomplir, au quotidien, la double fonction de pharmacien et d’assistant social, dans la mesure où il se donne la peine d’écouter, d’expliquer et de conseiller : «L’ostéoporose est plus fréquente chez les femmes et plus particulièrement après la ménopause. Peu de femmes suivent les traitements préventifs contre l’ostéoporose, conseillés en période de préménopause et de ménopause. Malheureusement, le prix de ce traitement, 720 dirhams pour une période de quatre mois, est assez élevé. Ce qui décourage la plupart des femmes à le suivre. Alors que pour les personnes déjà atteintes par l’ostéoporose, le traitement coûte près de 700 dirhams par mois. En général, les malades n’ont pas les moyens de se faire examiner et d’acheter les médicaments. J’essaie alors de leur en faciliter le paiement».
L’ostéoporose est une maladie sournoise qui ne manifeste aucun symptôme. Elle est à l’origine de beaucoup de souffrances et peut entraîner quelquefois la mort parce qu’elle augmente le risque de se fracturer une hanche, des vertèbres…
Pour Fadoua Allali, rhumatologue et membre de la Société marocaine de rhumatologie, qui s’est réunie récemment en congrès, l’ostéoporose est une «affection généralisée du squelette caractérisée par une masse basse et une altération de la micro-architecture du tissu osseux responsable d’une augmentation de la fragilité de l’os et par conséquent, du risque de fracture».
Une étude réalisée à l’hôpital El Ayachi de Salé a montré que la prévalence de l’ostéoporose était de 30% chez les patientes ménopausées, que 90% des patientes de plus de 25 ans présentaient une insuffisance en vitamine D et que 12% des femmes ostéoporotiques ont fait au moins une fracture de ce type au cours de leur vie. «Ces chiffres, précise Fadoua Allali, prouvent que l’ostéoporose est un vrai problème de santé publique au Maroc et que le diagnostic précoce de la pathologie est primordial afin de prévenir le risque de fracture et de préserver la qualité de vie des patients».
D’après les spécialistes, l’ostéoporose au Maroc est due notamment, entre autres causes, à une carence en calcium et en vitamine D ou à une trop longue durée de l’allaitement au sein.
La prévention de cette maladie doit donc commencer dès l’enfance par une alimentation équilibrée en calcium et une vitamine D ainsi que par des exercices physiques. Ces mêmes spécialistes appellent en outre à une mobilisation urgente et à l’action par le biais de campagnes de sensibilisation. Il s’agit par exemple de convaincre les femmes en période de pré – ménopause ou de ménopause de se montrer moins réticentes au traitement hormonal du fait de ses effets secondaires. Mais il y a surtout le drame des malades qui arrêtent le traitement à cause de la cherté des médicaments «C’est dans ce cadre qu’un laboratoire d’information et de recherche sur la pathologie osseuse (LIRPOS) vient d’être créé à la faculté de médecine et de pharmacie à Rabat. Il a pour rôle l’information du grand public sur la pathologie osseuse mais aussi la recherche dans ce domaine», conclut Fadoua Allali.