Société

France : Les démons de l’islamisme (51)

© D.R

«Il faut des tribunaux islamiques»
Budapest, 11 septembre 2000

La France, République islamique? Beaucoup de radicaux et quelques imams le souhaiteraient. Mais on n’en est pas là. Même les plus extrémistes le savent. Ces fous d’Allah caressent tout de même un rêve : établir la «charia des minorités», un régime de vie propre aux musulmans. Ce dessein impose d’empêcher l’intégration des enfants de l’immigration et de séparer les fidèles des impies. Ensuite, les musulmans de France seront soumis à des règles distinctes, en fait ou en droit. L’Arabie saoudite, où règne une sorte d’apartheid entre les nationaux et les travailleurs étrangers, n’hésite pas à promouvoir ce genre de modèle. Du 27 au 29 août 1999, le royaume a ainsi organisé à Bruxelles un séminaire «à l’usage des responsables de la formation des musulmans d’Europe occidentale». D’éminents responsables musulmans participent au discret conclave : Mohamed Bechari, président de la FNMF, et Abdallah Boussouf, recteur de la mosquée de Strasbourg. À la tribune, les propos sont vindicatifs. L’ambassade de France en Belgique, attentive à ce meeting islamique, envoie un message crypté à Paris : «Le discours tenu dans cette réunion «publique» extrêmement fermée semble avoir été marqué par l’intolérance et l’exclusion : appel à élever et former les jeunes musulmans en refusant toute intégration dans le pays d’accueil.» Ce beau programme a de quoi inquiéter. Le but politique? «Créer dans les pays occidentaux des regroupements de musulmans animés de l’esprit conservateur, piétiste, voire intégriste (en principe non violent) (…), qui pourront constituer des groupes de pression favorables au royaume le moment venu.» Au royaume d’Arabie saoudite, s’entend.
L’année suivante, un an jour pour jour avant le 11 septembre 2001, la Ligue islamique mondiale organise un nouveau colloque, cette fois à Budapest. Les sept principaux orateurs n’y vont pas de main morte. Le cheikh Mustafa Sirich, mufti de Bosnie, préconise d’«insuffler les valeurs islamiques à une société occidentale qui souffre de dissolution des moeurs et de corruption».Professeur à l’université de Londres, Mohamed Abdelhalim insiste : il faut «transférer la civilisation islamique à la société occidentale». Le cheikh Mohamed el-Ouboudi, numéro deux de la Ligue islamique mondiale, et membre du comité directeur du bureau français de la Ligue, prône de «contrecarrer la fausse propagande hainause des croisés et des sionistes». Enfin, le docteur Nasser Touyaih, membre de l’Académie de la charia à Riyad, évoque «les problèmes relatifs à la perte de la doctrine islamique chez les jeunes de la deuxième génération, dangereusement soumis à la tentation de la laïcité ou même du christianisme».
Surtout, comme l’indique une note des RG, cet orateur suggère de «constituer des tribunaux islamiques qui puissent trancher en cas de différends entre les musulmans, et éviter de passer par les tribunaux officiels». On a bien lu. Le membre de l’Académie de la charia prône une justice parallèle. On ne sache pas que l’assisstance venue de France ait sifflé à de telles injonctions. Dans la salle, il y avait pourtant les actuels représentants des musulmans de France : Lhaj Thami Breze, président de l’UOIF, Mohamed Bechari, président de la FNMF, Larbi Kechat, imam de la mosquée ad-Dawa à Paris, et même le parangon de la modération, le mufti de Marseille, Soheib Bencheikh.
«Je ne suis pas d’accord avec les discours sur la «charia de la minorité» dans les colloques», lâche après coup Lhaj Thami Breze. Il ajoute : «Au Maroc, les juifs ont leurs tribunaux spéciaux, sans que cela remette en cause l’unité du pays. Cela exisye aussi en Iran ou en Égypte. Donc, des théologiens de ces pays considèrent ce système comme normal. Mais nous, nous ne demandons pas de lois spéciales pour nous. Nous avons confiance en la justice de France.»
En avril 1998, l’ambassadeur de France en Arabie saoudite, Hubert Forquenot de la Fortelle, a bien expliqué cette «volonté de propagande du gouvernement saoudien». Dans un télégramme diplomatique, le diplomate évoque «le discours sur la décadence d el’Occident et la nécessité d’élever les nouvelles générations d’immigrés musulmans de manière «responsable» dans le respect de leur «culture» et la préservation de leurs «valeurs». Il va de soi que ces notions sont interprétées «au travers du prisme radical» : «Ceci revient à rien de moins que dénigrer constamment la culture et les valeurs des pays qui les accueillent et donc à jouer objectivement contre l’intégration de ces personnes dans les sociétés en question.»
À Paris, les services de police qui surveillent certaines fédérations musulmanes font le même constat: «Largement représentée au niveau national, l’UOIF livre des batailles sur plusieurs fronts. D’ailleurs, la montée des revendications se vérifie partout (école, lycée, armée, prison, usine, université…) Au-delà des déclarations officielles, il ne faut pas se tromper : ces revendications procèdent du souci de couper le musulman des valeurs de notre société et de la volonté de tester les administrations et donc l’Etat (cf. Le port du voile). Encore que l’on assiste désormais à un glissement «phraséologique» (on parle de «différence positive» et non plus de «développement séparé») et stratégique (…) La stratégie voulue, mais non explicite, c’est la communautarisation de la population musulmane 1.» Le président de l’UOIF, Lhaj Thami Breze, s’en défend : «Quand on voit les HLM, les ghettos, on ne peut que constater qu’il y a un communautarisme de fait, même si nos dirigeants refusent de le voir. L’UOIF ne défend pas l’idée du communautarisme, mais veut l’exploiter pour en faire quelque chose de positif.»
En janvier 2001, le président de la FNMF, Mohamed Bechari, organise au siège de l’Unesco à Paris la première «Conférence des minorités musulmanes en Europe». La Libye et l’Arabie saoudite financent l’événement, où des propos plutôt modérés sont tenus. Mais l’une des oratrices, Halima Boumediene, députée européenne et adjointe au maire d’Argenteuil dans le Val-d’Oise, s’exclame : «Je suis élue de l’Europe et des musulmans et je refuse l’assimilation!» Il ne faut pas s’étonner, dès lors, si des manifestations d’hostilité ont parfois lieu lors des cérémonies de remise des certificats d’accès à la citoyenneté française. Membre du Haut Conseil à l’intégration, Jacqueline Costa-Lascoux a rapporté à la commission Stati que des préfectures considéraient que, pour éviter ces provocations, le meilleur moyen était encore de renoncer aux cérémonies. Lâcheté d’État. le ministre des Affaires sociales, François Fillon, soulignait : «Jusqu’en 2000, le port du voile entraînait le rejet de la demande de naturalisation, comme l’expression d’une volonté affichée d’appartenir à une communauté séparée. Faut-il y revenir? Je m’interroge.» La médiatrice de l’Education nationale Hanifa Cherifi tient à peu près le même discours à la commission Derbé : «LE voile est plus qu’un handicap, il ferme la voie de l’intégration sociale, c’est-à-dire la possibilité de devenir un citoyen français.» La médiatrice ajoute, à propos des islamistes : «Leur objectif est d’amener les jeunes générations à adopter des comportements sociaux, et même vestimentaires, en rupture avec la société française. Les islamistes, on le sait, adhérent à une vision d’opposition civilisationnelle avec l’Occident.»

1- «L’organisation de l’Islam en France», DCRG, juillet 1997.

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