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Ghassan Benchiheb : «Le prix remporté est un nouvel élan dans la lutte contre les fake news au Maroc»

© D.R

Entretien avec Ghassan Benchiheb, fondateur de Tahaqaq

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Tahaqaq, première et unique initiative au Maroc oeuvrant dans la vérification des fausses informations sur le Net, vient d’être consacrée par l’ambassade des États-Unis au Maroc. La plateforme a en effet remporté le prix «Dominique Benbrahim Alumni Impact Award» pour les efforts fournis depuis son démarrage dans la lutte contre les fake news. Dans cet entretien, Ghassan Benchiheb, qui est derrière l’initiative, revient sur cette consécration ainsi que sur l’engagement de l’équipe Tahaqaq pour fournir aux internautes marocains une information fiable et vérifiée.

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ALM : Tahaqaq vient de remporter le prix «Dominique Benbrahim Alumni Impact Award». Que représente pour vous cette consécration ?

Ghassan Benchiheb : Ce prix est très spécial pour nous, car il vient honorer les efforts de la plateforme Tahaqaq tout au long de la période de la pandémie. Nous étions très émus parce qu’il s’agit d’un nouvel élan dans la lutte contre la propagation des fake news au Maroc.

Comment est née l’idée de créer une plateforme de fact-cheeking au Maroc ?

Dès l’annonce du premier cas de coronavirus au Maroc, un sentiment de crainte s’est emparé de la population et donc un bon nombre de personnes ont commencé à partager des informations concernant le sujet dont une bonne partie était des fake news propagées sans aucune vérification. On peut dire que la pandémie a mis en évidence cette problématique de fake news surtout que cela menaçait la santé publique. Face à cette situation, j’ai pensé à lancer une simple initiative sur les réseaux sociaux qui sert à repérer les fake news circulant sur la Toile pour les vérifier et donner l’information vraie aux utilisateurs des réseaux sociaux. Avec le temps et la persévérance d’une équipe de fact-checkers très engagée, cette initiative est devenue la première et la seule plateforme spécialisée en factchecking au Maroc.

Quelles sont les instances avec lesquelles vous coopérez ?

Au début de notre travail, on faisait recours aux responsables de communication dans certaines organisations pour avoir la bonne information ou parfois pour vérifier un communiqué qui circule. Actuellement, nous travaillons avec le Programme des Nations Unies pour le Développement «PNUD Maroc» dans le cadre d’un partenariat. Le but étant de promouvoir la culture de la vérification avant le partage et d’instaurer un esprit critique qui sert à limiter la propagation des fake news, cela en formant 130 jeunes étudiants marocains dans le domaine de la vérification des informations. Nous coordonnons également avec l’Arab Fact-Checkers Network (AFCN), une organisation arabe qui vient de voir le jour et qui a pour but de renforcer les efforts des fact-checkers dans le monde arabe.

Comment procédez vous à la vérification des informations sur la Toile et quelles sont les difficultés que vous rencontrez durant ce processus ?

Le travail de l’équipe Tahaqaq consiste à suivre l’actualité et veiller sur ce qui se partage sur les réseaux pour détecter tout contenu faux, manipulé, où dont le contexte est détourné. On procède, après, à l’analyse de ces informations et à la recherche pour arriver finalement à la vérité. Ensuite, l’équipe de rédaction s’engage à rédiger le résultat de la recherche de manière très claire et précise afin de le partager avec notre communauté. Généralement les difficultés qu’on rencontre sont liées à l’accès à l’information qui peut ralentir un peu le processus.

Quels sont les principaux constats que vous relevez sur la prolifération des fausses informations au niveau national ?

Je peux dire que les fake news sont associées à l’actualité. Prenons l’exemple de la crise sanitaire : on a assisté à une infodémie car justement le sujet était nouveau et suscitait beaucoup de questions. On assiste également à une montée de fake news lors des temps de crises politiques, car les individus essaient de faire la promotion de leurs idéologies même à travers la propagande basée sur des faits qui ne sont pas réels.

Selon vous l’absence d’un cadre juridique approprié favorise-t-elle l’émergence des fake news au niveau national ?

Je ne pense pas qu’on puisse parler d’absence de cadre juridique responsable de la propagation des fake news car il existe déjà une approche juridique prévue pour faire face à la problématique. En effet, la diffusion de fausse nouvelle (fake news) est une infraction pénale prévue d’abord dans l’article 72 de la loi 88-13 relative à la presse et l’édition, je peux citer aussi l’article 447-2 du Code pénal qui punit d’un emprisonnement d’un an à trois ans et d’une amende de 2.000 à 20.000 DH toute personne qui procède à la diffusion ou la distribution de fausses allégations ou des faits mensongers, en vue de porter atteinte à la vie privée des personnes. A mon avis, ce qui favorise l’émergence des fake news c’est l’absence de cette responsabilité et cette conscience lors de l’utilisation des réseaux sociaux. On procède souvent au partage des informations sans se rendre compte que cela peut être erroné, manipulé ou totalement faux.

Quelles sont vos recommandations pour limiter l’étendue de ce phénomène ?

Puisque les fake news se propagent principalement sur les réseaux sociaux, je vais m’adresser à ces personnes qui utilisent souvent ces plateformes et dont leurs sources d’information sont Facebook, Instagram, etc. : Vérifiez les informations avant de les partager ! Evaluez l’information et développez un esprit critique ! Posez-vous les questions suivantes : Pourquoi cette information a-t-elle été créée et quel est son objectif ? Cherchez la source, cela vous aidera à déterminer l’exactitude des informations !

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