Société

Ghita Ettahri: «Une philosophie du bien-être avec soi et les autres»

© D.R

Ghita Ettahri est l’une des rares praticiennes sophrologues qui a fait un travail immense pour comprendre l’âme humaine et aider les autres à se reconstruire,  se recentrer sur eux-mêmes et retrouver la paix, le bien-être et le bonheur. Fraîchement distinguée à Fès, le 13 juin 2015 avec un nouveau diplôme, elle accorde à ALM cet entretien exclusif pour rapprocher les lecteurs du monde de la sophrologie.

ALM : Comment devient-on sophrologue ? Quel cursus, quelles études et formations ?
 

Ghita Ettahri : Nous ne nous retrouvons certainement pas par hasard à se renseigner sur la manière de devenir sophrologue. Cette raison n’est que le prétexte. C’est un besoin d’introspection de soi, en soi, qui guide nos pas vers cette formation. Un besoin guidé par une intuition profonde que quelque chose en nous a besoin d’être écouté, entendu pour pouvoir enfin se déployer. C’est avant toute chose un cheminement personnel. Mais n’est pas sophrologue qui veut !
Il existe une formation rigoureuse qui s’étale sur plusieurs années. Je suis personnellement certifiée en sophrologie caycédienne qui est la méthode puriste d’origine. Je suis néanmoins passée par d’autres disciplines qui, combinées les unes aux autres, font de moi la sophrologue que je suis aujourd’hui.

Mais qu’est-ce que la sophrologie?

«Sophrologie» vient du grec: Sos : Harmonie, sérénité Phren : Conscience, esprit, Logos : Etude, science. C’est donc la science de l’esprit serein, ou étude de la conscience en harmonie. La sophrologie a été créée en 1960 par Alphonso Caycedo, neuropsychiatre d’origine colombienne qui exerçait à Madrid. Intéressé par le psychisme humain, les états et les niveaux de conscience humaine, il s’est inspiré du training autogène de Schultz, l’hypnose thérapeutique, la relaxation progressive de Jacobson et la phénoménologie comme philosophie et trame de fond. Lors de ses voyages en Extrême-Orient, il découvre le yoga hindou, le zen japonais et la méditation tibétaine, qu’il adapte à la culture et à la société occidentales. C’est de toutes ces méthodes, de la rencontre entre l’Orient et l’Occident, que le docteur Caycedo fera de la sophrologie une méthode psychocorporelle permettant de maîtriser l’équilibre corps esprit en utilisant ses propres ressources personnelles.

Le bien-être en est-il le fondement ?

Tout à fait. C’est une pédagogie du bien-être, du «être bien» avec soi et avec les autres. Elle vise la conquête ou le renfort de l’équilibre entre nos émotions, nos cognitions (pensées, connaissances, croyances) et nos comportements. La sophrologie est une méthode agréable et généreuse qui apporte un bien- être tout au long de la vie quotidienne, construit une autonomie, renforce la confiance en soi, apporte une grande capacité de projet, on peut ainsi gérer au mieux le stress, l’anxiété et bien d’autres choses…

Quel rôle peut jouer le sophrologue pour aider les autres à optimiser leurs compétences ?

Se découvrir, se conquérir, se transformer pourrait, à mon sens, être le leitmotiv de cette discipline. La sophrologie va être d’une grande aide pour installer ou restaurer la confiance en soi par la réalisation de différents types d’exercices de respiration et de visualisation. Ces entraînements vont participer à l’identification des points forts et des éléments à améliorer en favorisant le changement du regard sur soi. Se réapproprier son schéma corporel, se libérer des tensions et émotions négatives…  Les pratiques ont pour pouvoir de faire découvrir ou redécouvrir ses ressources personnelles, ses capacités et ses valeurs. Elles vont aider à ancrer les expériences passées réussies pour les transposer au moment présent.

Tout est question de confiance alors ?

En parallèle avec un travail personnel, régulier, de la patience, des efforts et de la persévérance, la sophrologie va donc aider le processus d’affirmation de soi par l’activation et le renforcement de la confiance en soi. La sophrologie, dans son essence, s’adresse à l’individu tout entier. Il n’est pas comme, dans certains types de thérapies, un être à une seule facette, il est pluridimensionnel, il est corps, mental, conscience, passé, futur, énergie, sensation, sentiment…
Chacun d’entre nous dispose de tous les outils humains, en lui, pour aller bien ou mieux. La sophrologie, comme de nombreuses disciplines (yoga, psychologie positive…), est là pour nous accompagner, nous libérer, en toute autonomie et avec notre active participation.

Sur quoi se base le sophrologue pour accompagner les autres dans leur développement personnel ?

Je pense qu’avant de parler de techniques, de protocoles, d’exercices d’activation, il faut mettre en avant l’alliance sophronique entre le praticien et son patient. Il s’agira là de comprendre le besoin, l’attente de ce dernier ainsi que la limite du praticien. Puis lui rappeler qu’il est là pour apprendre à se découvrir, se conquérir, se transformer, par lui-même, dans l’autonomie. Il est primordial de rappeler que la sophrologie transmet tous les outils, les techniques, les exercices pour que le patient pratique chez soi, dans son quotidien et s’autonomise par la même. Le sophrologue va s’appuyer sur des protocoles très codifiés et parallèlement très adaptables à chaque situation. Il me paraît essentiel de rappeler que la respiration synchronique reste le moteur essentiel de la méthode. Les exercices sont très efficaces et permettent une progression rapide et remarquable.
Il existe plusieurs «degrés» comportant exercices et techniques.
Pratiquées debout et assis sur une chaise, en pleine lumière, les techniques, surtout en séance individuelle, sont nombreuses et choisies en fonction de l’apprenant, sa demande et de leur pertinence. Citons la concentration sur un stimuli interne, la projection sensorielle imaginée vers le futur, l’évocation de souvenirs agréables. Il s’agit essentiellement d’une adaptation, d’une personnalisation en protocoles courts (10 à 30 minutes), précis, avec des objectifs immédiats ou à court terme.

Quels sont les champs d’application de la sophrologie ?

Il y en a une multitude. Pour n’en citer que quelques-uns :
La relaxation où vous apprendrez à reprendre contact avec votre corps et votre mental dans un état de détente (sophroliminal) et à intégrer tous vos ressentis positifs grâce à des méthodes de respiration et de visualisation. Ainsi vous parviendrez à vous rappeler toutes vos sensations agréables dès que le besoin s’en fera sentir.
La gestion du stress : Grâce à la sophrologie, vous pouvez apprendre à réactiver vos ressources et à renforcer vos capacités positives pour faire face aux agressions extérieures et ainsi mieux gérer votre stress.

La confiance en soi : Cette sécurité intérieure est bien souvent mise à mal par les aléas de la vie personnelle et professionnelle. La sophrologie vous permet de retrouver ou de renforcer cette énergie de croire en vous et oser vous projeter dans un futur heureux.
La préparation mentale : Quel que soit l’évènement à préparer, les ressentis corporels et mentaux sont identiques. Les possibilités de la sophrologie appliquée à la préparation mentale pour le sport, les examens, les challenges professionnels (Préparation à la réussite de la compétition, de l’examen ; renforcement de la motivation, amélioration du geste, des capacités mémorielles, des capacités professionnelles, gestion de la fatigue, gestion de la douleur physique mais aussi émotionnelle)

Le sommeil : Retrouver un sommeil de qualité grâce à des exercices spécifiques. Le retour d’un bon sommeil aura des conséquences positives sur vos journées (meilleure concentration, plus de sérénité, prise de recul et positiver davantage…)
L’enfance et l’adolescence : Aider les enfants, à différents âges, à développer leur confiance en eux et leurs capacités afin qu’ils apprennent à gérer leur stress en période délicate (examen scolaire, passage à l’adolescence, séparation, intégration scolaire…).
La sophrologie leur permettra également de se détendre face à un univers souvent qui les conduit à des attitudes agressives voire démoralisantes. Ils apprendront enfin à se projeter positivement dans l’avenir. Mémoire et concentration : Trou de mémoire, manque de concentration, oubli intempestif ou récurrent, perte de moyen, sont les conséquences d’un stress, d’une fatigue, d’un manque d’entraînement ou peut-être d’une pathologie.
La sophrologie vous permettra de préserver votre mémoire et d’améliorer votre concentration grâce à: entraîner sa concentration, améliorer le souvenir, oxygéner le cerveau, se recentrer sur l’instant présent, renforcer la perception des sens…
Le poids et l’alimentation : Nous sommes bien d’accord, «la sophrologie ne fait pas maigrir» et le travail sophrologique accompagne les traitements et suivis thérapeutiques (médecins, psychologues, diététiciens, nutritionnistes…). La sophrologie vous permettra de renouer avec la réalité du corps en reconstruisant le schéma corporel, apprendre à manger en conscience, travailler les motivations et objectifs de l’action sur votre poids, intégrer la réussite de la gestion de votre poids.)

A votre avis, dans une société comme la nôtre, quels sont les maux et les difficultés sur lesquels le sophrologue peut travailler et intervenir ?

Si la pratique sophrologique, à l’échelle individuelle, fait parvenir à un équilibre intérieur, une paix, un renforcement des capacités ; conjuguez cette cohérence à l’échelle sociétale ! C’est très utopique comme vision, mais extrêmement parlant. Je crois que les rapports civiques s’en verraient améliorés, les rapports au corps plus sereins, la foi en l’autre plus puissante, la sensibilité à la nature plus importante, le jugement de l’autre plus bienveillant, la violence physique moins présente, le potentiel artistique plus déployé… En Europe, beaucoup d’associations sont en pourparlers pour introduire la sophrologie à l’école. Ce serait une avancée majeure dans la matière. Il existe d’ailleurs déjà des sophrologues attachés, dans certains hôpitaux, aux services de réanimation et de gestion de la douleur. Certaines interventions chirurgicales, les conditions d’anesthésies s’en voient optimisées.

Biographie

Ghita Ettahri est née à Casablanca, où elle  suivra un cursus classique au lycée Lyautey. Elle devient cadre supérieur dans le tourisme et s’y ennuie rapidement. Trop terre à terre! Elle décide alors d’entreprendre des études universitaires en littérature française où elle décroche un DESA. Après ce profond voyage dans l’écriture des autres naît un désir de s’aventurer dans les contrées profondes du Maroc, pour  participer à des caravanes bénévoles de soins.

Elle entreprend, alors, trois ans d’études, et devient infirmière, bénévole, polyvalente. Ghita Ettahri va saisir, à travers ce métier, l’importance du rapport au corps, à la vie, à la mort. Un rapport au corps qu’elle va découvrir ensuite  à travers la relaxologie,  puis un rapport à l’univers qu’elle développera par le biais du Reiki, auquel elle se forme consciencieusement. C’est ce goût pour l’introspection qui la mènera vers l’école française de sophrologie. Elle est, en outre, maman de deux enfants, qui sont d’après elle la meilleure école de la vie.

 

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