Société

Haro sur le piratage

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Combien parmi nous n’ont pas eu affaire aux clubs de location de cassettes vidéo et aux vendeurs de CD audio, CD-Rom et autres DivX ou VCD? Combien de Marocains ont un récepteur satellitaire numérique avec la carte magique à la clé? En fait, la réponse à ces questions est contenue dans la question elle-même. En marge de la troisième édition du Festival international du film de Marrakech, Vivendi Universal et Europa Cinémas ont organisé, lundi 6 octobre, une table ronde sur le thème de la piraterie et ses effets sur les salles de cinéma et le commerce des DVD. Plusieurs professionnels maghrébins et européens ont pris part à cette rencontre. Le constat est édifiant. La prolifération des antennes paraboliques est à l’origine du marasme que vivent les salles de cinéma au Maroc, a affirmé à cette occasion, Hamid Marrakchi, président de la Chambre syndicale des distributeurs marocains. En effet, les films projetés sur les chaînes satellitaires se retrouvent systématiquement dans les marchés aux puces sous forme de VCD ou DviX à très bas prix. Ce phénomène est responsable de la baisse faramineuse du nombre d’entrées en salles de cinéma. Et pour cause, le nombre d’écrans est passé depuis les années 80, de 250 à 135 et le nombre annuel d’entrées de 45 millions en moyenne à moins de dix millions aujourd’hui. En fait, selon les intervenants, 95% des films sont vus hors des salles de cinéma, soit à la télévision soit sous forme de supports VHS ou DVD. Pour Jean Pierre Lemoine, l’exploitant du Mégarama à Casablanca, le plus grand multiplexe d’Afrique avec 14 écrans,  » le terme de pirates est trop gentil…, on doit parler de voleurs et de receleurs ». En fait, la résorption de ce problème nécessite tout d’abord un arsenal juridique adapté et efficace, doublé d’une vigilance et d’une lutte sérieuse contre le piratage. Jusqu’à présent, le Maroc est sacrément en retard sur ce volet. Bien que nous disposions d’une législation assez respectable sur les droits d’auteurs, les autorités publiques tardent à mettre en place une véritable campagne pour la lutte contre le piratage. Il faut reconnaître que les artistes et les distributeurs marocains sont beaucoup moins lésés que ceux d’Europe ou d’Amérique. Une étude réalisée dernièrement en France a montré que les pertes engendrées par l’échange de fichiers numériques par le biais du réseau Internet (par des logiciels comme Kazaa et Morpheus), ajouté à la copie illégale de CD musicaux, risque de doubler dans moins de cinq ans. Ce manque à gagner passerait de 2,4 milliards de dollars actuellement à 4,7 milliards de dollars en 2008. En fait, la démocratisation d’Internet à haut débit (ADSL) inquiète non seulement les professionnels de la musique, mais également les studios de cinéma car aujourd’hui tous les films peuvent être téléchargés. La taille de ces fichiers n’étant plus un obstacle. Face à ce dilemme, certains distributeurs ont trouvé des astuces pour contrer le piratage. Plusieurs albums sont maintenant équipés d’un dispositif de protection censé interdire purement et simplement la lecture sur un ordinateur. Cette limitation drastique d’utilisation a pour but d’empêcher les acheteurs de graver une copie ou de fabriquer des fichiers MP3 pouvant être ensuite diffusés sur Internet. C’est ce qu’a fait Sony qui distribue les albums de la chanteuse canadienne Céline Dion. Selon Sylvie Forbin, directrice des affaires européennes chez Vivendi Universal, il existe trois catégories de piratage: le piratage industriel, qui porte sur la vente au public, le piratage artisanal et abus de copie privée relatif à la vente aux particuliers et entre amis et enfin les réseaux peer-to-peer.

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