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Haro sur les faux nutritionnistes !

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Ces «mercenaires de la santé» prolifèrent sur les radios, TV et réseaux sociaux

La Société marocaine de nutrition (SMN) s’insurge contre ce qu’elle appelle «les mercenaires de la santé». Du point de vue de la SMN, il s’agit des personnes qui prétendent être expertes dans le domaine de la nutrition et prodiguent des conseils aux citoyens accompagnés le plus souvent par des «recettes miracles» pour guérir certaines maladies ou maux au risque de mettre en danger la santé des malades. Dans certains cas, ils émettent même des prescriptions sans qu’ils en soient qualifiés. Certains médias (émissions de radio et de télévisions, Web TV par exemple) leur font appel sans vérifier s’ils ont les diplômes et l’expérience leur permettant d’exercer le métier de nutritionniste. Sans parler de leur présence sur les réseaux sociaux qui leur servent de tribune profitant de la crédulité de certains utilisateurs. Dans ce sens, la Société marocaine de nutrition veut alerter l’opinion publique sur les faux conseils donnés par des non scientifiques. En termes de chiffres, il n’existe pas encore d’estimation sur le nombre de ces personnes.

Diagnostic : Les citoyens victimes de faux conseils nutritionnels   

«Le danger est d’abord que ces pseudo-scientifiques sont loin du domaine de la nutrition pure et touchent à la santé de la population. Les personnes qui s’accrochent à la vie, pratiquent une recette dictée par l’un de ces mercenaires deux à quatre fois (sinon plus) par jour, ce qui aggrave et complique leur état de santé suite à un diabète, une HTA, un cancer ou autre, au point que le médecin traitant reste incapable de suivre son patient», explique Abdellatif  Bour, président de la SMN, lors d’une conférence de presse tenue le 11 juin 2019 au siège de la CGEM à Casablanca. De son côté, Karim Ouali, médecin nutritionniste phytothérapeute homéopathe, appelle à «définir le statut de nutritionniste, qui peut donner les conseils et les directives appropriés, tout en empêchant ces mercenaires d’accéder facilement aux médias officiels et contrôlant les réseaux sociaux». Pour sa part, Youssef Aboussaleh, enseignant-chercheur à l’Université Ibnou Toufail de Kénitra, explique que «les maladies liées à la nutrition demeurent encore une préoccupation des sociétés savantes et des acteurs clés de la santé au Maroc. Les facteurs nutritionnels déterminants de la santé sont bien explorés, reste un effort d’encadrement et d’institutionnalisation de l’information nutritionnelle afin d’éviter les amalgames pour une population où les contraintes cognitives liées à l’analphabétisme sévissent encore».

Maladies non transmissibles (MNT) : Le danger qui guette la santé des Marocains

Au Maroc, le nombre de personnes souffrant de facteurs de risques cardio-vasculaires est en hausse. Et pour cause : plus de 29% des Marocains sont hypertendus, 10,5% ont un taux de cholestérol élevé. Entre 2000 et 2017, le taux d’obésité est passé de 13,2 à 20%, soit un Marocain sur 5 est obèse. Par conséquent, les MNT deviennent un problème majeur de santé publique. Ces maladies provoquent 41 millions de décès par an, soit 71% des décès toutes causes confondues, dont 71% des cas se produisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette situation profite aux «mercenaires de la santé» qui utilisent différents canaux leur assurant le plus de visibilité possible. Ainsi, la SMN ne compte pas s’arrêter là et promet des actions futures.

Notons que la SMN a été créée en 1987 et entend jouer le rôle d’interlocuteur des instances opérant dans le domaine de l’alimentation et de la nutrition, notamment la FAO, l’OMS, l’Unicef, le FNUP, l’AIEA. Cette société fait également partie de l’Union internationale des sciences de la nutrition (IUNS). Elle rassemble nutritionnistes, agronomes, biologistes, médecins, pharmaciens, technologues alimentaires, hygiénistes, économistes, sociologues, démographes, et journalistes.

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Organiser la profession : Une autorité pour filtrer les intrus en cours d’étude

Pour y remédier, la Société marocaine de nutrition compte donc mener le combat au niveau du Parlement pour proposer une autorité qui sera chargée de référencer et valider les personnes qualifiées à s’adresser au public dans les médias en concertation avec les autorités compétentes. Une réunion avec les parlementaires est dans le circuit. Dans son ensemble, ce processus nécessitera le soutien du ministère de l’intérieur, le ministère de la santé, le ministère de l’enseignement supérieur et le ministère de l’agriculture. En attendant, la SMN organisera le 22 juin à Marrakech une journée sous le thème «Quelle nutrition pour une bonne santé ?

Rôle de l’agro-industrie et de la société savante» afin de partager les connaissances sur le domaine et de créer une synergie avec le secteur de l’agro-industrie. Les experts proposent de dresser un partenariat entre la société savante et l’agro-industrie en ayant un nouveau regard sur l’impact de l’aliment sur la santé. Il s’agit en quelque sorte de se focaliser sur la composante non calorique de nos aliments (Micronutrition) et intégrer les facteurs de transition nutritionnelle, dans la lutte contre le surpoids et l’obésité comme la malbouffe, la sédentarité, et le manque d’activité sportive.

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