ALM : Quelle analyse faites-vous du nouveau projet de la Constitution ?
Hassan Nafali : Je considère que ce nouveau projet de la Constitution consacre les droits de l’Homme et les libertés à travers une série d’articles clairs et précis. Il est question de liberté d’expression, liberté de penser, égalité entre l’homme et la femme, la pénalisation de la détention abusive, l’enlèvement et la torture. Outre ces principes de droits de l’Homme, ce projet de la Constitution établit un équilibre entre les pouvoirs. L’Institution monarchique ne concentre plus tous les pouvoirs. La direction du Conseil des ministres est partagée entre le Roi et le chef de gouvernement qui peut également proposer et nommer aux hautes fonctions de l’Etat. La notion de bonne gouvernance et de reddition par rapport aux responsabilités est tout aussi garantie à travers la constitutionnalisation d’un certain nombre de conseils, notamment la Haute Autorité de communication et de l’audiovisuel, le Conseil de sécurité, le Conseil de concurrence, le Conseil des droits de l’Homme, le Conseil de la culture marocaine.
Qu’en est-il du volet culturel dans ce projet ?
Pour le volet culturel, la constitutionnalisation de la langue amazighe comme deuxième langue officielle du pays est un acquis considérable. Il y a aussi la création d’un Conseil national des langues et de la culture marocaine stipulée dans l’article 5 du nouveau projet de la Constitution qui vient aussi renforcer la diversité à travers la reconnaissance de la culture et des affluents hassanis, africains, hébraïques et andalous. Ce Conseil sera une occasion pour les intellectuels, les chercheurs et les créateurs de s’exprimer et de proposer des lois au pouvoir législatif. L’article 25 garantit la liberté de pensée, d’opinion et d’expression autant que les libertés de création, de publication en matière littéraire et artistique. L’article 26 impose aux pouvoirs publics d’apporter des moyens appropriés, leur appui au développement de la création culturelle et artistique.
Quel sont les autres articles qui promeuvent la culture ?
Selon l’article 31, l’Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent pour faciliter l’accès des citoyens à la formation professionnelle et à l’éducation physique et artistique. L’article 33 indique qu’il incombe aux pouvoirs publics de prendre des mesures en vue d’étendre et de généraliser la participation de la jeunesse au développement culturel, entre autres. Ceci sans parler de l’article 16 consacré aux MRE et selon lequel l’Etat s’attache au maintien et au développement de leurs liens humains, notamment culturels avec le Royaume et à la préservation de leur identité nationale.