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HCP : Les ménages dirigés par des femmes encore plus fragilisés par la crise

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Situation financière, marché du travail, accès aux soins…

La situation financière des femmes s’est nettement détériorée lors de la crise sanitaire. La principale cause résulte de leur vulnérabilité sur le marché du travail. Ainsi, les ménages dirigés par des femmes ont davantage souffert de la perte de revenus et sont de ce fait plus exposés aux crises financières. Dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, du commerce et des services, respectivement 36%, 58%, 72% et 41% des ménages dirigés par des femmes se sont retrouvés sans revenus contre 32,5%, 53% 46% et 33% de ceux dirigés par des hommes.

C’est l’un des principaux constats qui ressort du rapport intitulé «Analyse genre de l’impact du coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages» réalisé par le HCP en partenariat avec l’ONU Femmes. Le HCP relève que la part des femmes cadres moyens ayant perdu leur emploi depuis le début de la crise s’est établie à 55% contre 40% pour les hommes. Dans les ménages où seules les femmes sont actives occupées (les ménages composés de veuves ou de femmes célibataires ou divorcées), elles sont plus nombreuses à déclarer que leur ménage n’a plus aucune source de revenu.

Il est important de signaler qu’entre le premier et le deuxième passage de l’enquête, on note une accentuation de la baisse du revenu dans les ménages ayant en leur sein des femmes actives occupées. Ainsi, la fréquence des ménages dans lesquels seules les femmes sont actives occupées et qui ont vu leur revenu baisser est passée de 50% à 77%, soit une aggravation de 27 points. Autre constat: les hommes sont plus nombreux à déclarer puiser dans leur épargne pour faire face à leurs dépenses (26% contre 16% pour les femmes). Cette situation n’est pas une surprise dans la mesure où les femmes gagnent moins que la gent masculine et elles exercent globalement des activités dans des secteurs à faibles rendements. Pour ce qui est de l’endettement, au niveau global la différence n’est pas significative : 13,3% pour les ménages dirigés par des femmes contre 13,6% pour ceux dirigés par des hommes.

Accès aux soins : les disparités de genre se sont aggravées Il ressort que les ménages dirigés par une femme, comparés aux ménages dirigés par un homme, ont rencontré plus de difficultés pour bénéficier des services de santé pendant le confinement sanitaire. Selon l’enquête, l’écart d’accès aux soins de santé reproductive, entre ces ménages, est encore plus significatif lorsqu’ils résident en milieu rural : une différence de 46 points de pourcentage (17% pour les chefs de ménages femmes (CdM-F) contre 63% pour les CdM-H). Les ménages dirigés par les hommes disposent de plus de moyens pour permettre aux femmes qui en relèvent d’être conduites auxdites unités. Il en va de même pour les services de vaccination, une différence de 17 points de pourcentage est constatée, soit respectivement 57% contre 40%. En tenant compte du niveau scolaire des ménages les disparités sont plus aggravées. On relève ainsi que dans la catégorie des ménages où tous les membres n’ont aucun niveau d’études, il y a moins de chances d’accès aux services de santé reproductive pour les membres des ménages dirigés par des femmes (49%) par rapport à ceux dirigés par des hommes (65%).

Selon les résultats du second passage de l’enquête, plus d’un tiers des personnes ayant manifesté le besoin d’être soignées n’ont pas eu accès aux services de santé, soit 35,9% avec des différences selon le genre ou le milieu de résidence. Ainsi, les données nous montrent que 34,5% des femmes et 38,2% des hommes déclarent ne pas avoir eu accès à des soins de santé à cause de la crise sanitaire. L’écart est plus important selon les zones de résidence. En milieu rural 41,2% contre 33,1% en zone urbaine déclarent n’avoir pas eu accès à des soins de santé. Il faut aussi relever que le manque de moyens réduit notablement la demande des soins et inversement leur disponibilité en favorise l’accès. Concernant la santé maternelle et de la santé reproductive, deux fois plus de femmes en milieu rural qu’en milieu urbain n’ont pas pu bénéficier de ces soins à cause des difficultés d’accès (35,9% dans le rural contre 17,8% dans le milieu urbain). Les femmes 3 fois plus surchargées que les hommes par les tâches ménagères La conciliation entre les tâches ménagères et l’activité professionnelle a été plus difficile pour les femmes en raison de la charge accrue des responsabilités au sein du foyer.

Ainsi, les femmes vivant dans les ménages avec trois enfants sont plus nombreuses à déclarer avoir des difficultés à concilier activité professionnelle et travaux domestiques (31% contre 18% pour les ménages sans enfants). Par milieu de résidence, il ressort qu’il a été plus difficile pour les cadres supérieurs en milieu rural, comparés à leurs homologues de l’urbain, de concilier les tâches domestiques avec le travail professionnel (57% et 28%), ainsi que pour les employés (47,5% et 26%). En revanche, pour les exploitants agricoles, les difficultés sont moins accentuées pour la femme rurale, soit un pourcentage de 21%. Dans l’exercice de l’agriculture, principale activité en milieu rural, les femmes ont l’habitude de concilier tâches agricoles et tâches domestiques (ce qui explique la faible fréquence des difficultés de conciliation en milieu rural).

L’enquête signale que malgré le confinement qui a conduit les hommes à rester à domicile, ceux-ci n’ont en général pas aidé les femmes dans les tâches ménagères qui se sont accrues avec les enfants qui n’allaient pas à l’école. Ainsi, dans la plus grande partie de la population, les habituels partages des tâches ont été maintenus (voire aggravés), y compris en milieu urbain où le risque de surcharge augmente (plus de préparations à exécuter à domicile du fait de la fermeture de certains services

 

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