Société

Hicham Maarouf : Le Maroc n est pas en mesure d affronter le bouleversement de la pyramide d âge

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ALM : Globalement, comment évaluez-vous la situation des personnes âgées au Maroc?  

Hicham Maarouf  : Malheureusement, le Maroc a une expérience jeune dans le domaine de la prise en charge des personnes âgées (depuis l’année 2008 seulement). Ce sujet est tabou parce qu’il relève d’une connotation religieuse ancrée dans l’esprit des Marocains. Le Maroc ne dispose d’aucun observatoire dédié au suivi des personnes âgées et ne dispose pas d’infrastructures suffisantes pour accueillir les nombres exponentiels dans ce domaine. Fait qui revient principalement aux changements sociologiques que connaît le Maroc, notamment avec le développement de la famille nucléaire et l’exiguïté des logements. Les centres disponibles actuellement au Maroc appartiennent aux associations et aux organisations non gouvernementales. Quant aux subventions accordées aux associations, elles sont parcimonieuses, non ponctuelles et se limitent à la distribution de quelques outils médicaux.

D’après les prévisions du HCP, il y aurait autant de jeunes que de personnes âgées au Maroc à l’horizon 2050. Nos politiques sont-elles en mesure d’accompagner cette croissance?

Actuellement le Maroc n’est pas en mesure d’accompagner ces changements dans le bouleversement de la pyramide d’âge : une politique publique intégrée doit être élaborée par le ministère de tutelle, en l’occurrence le ministère du développement social et la société civile, ainsi que le secteur privé qui doit fortement engagé dans ce projet sociétal.

Mme Hakkaoui, ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social a évoqué la création d’un observatoire dédié aux personnes âgées, dans le cadre de son programme d’action pour l’année 2014. De quel oeil voyez-vous cela? Serait-ce fait en concertation avec les acteurs associatifs?

Malheureusement la tâche de ce ministère se limite à la sensibilisation au cours des journées mondiales. Il ne dispose d’aucun programme tangible dans ce sens. Cela reste toujours un projet, des déclarations sans suite… Le chemin à faire pour arriver à la concrétisation des idées reste souvent très long.

Peut-on dire qu’au Maroc, le facteur culturel et celui religieux jouent un rôle dans la considération et valorisation sociales des personnes âgées?

Ce facteur est en cours de détérioration devant les dures réalités de la vie moderne. La disparition du concept du «Dar Lkbira» est entamé. Nous sommes arrivés devant l’impératif de commencer à esquisser de vraies solutions réalistes pour cette tranche, à commencer par recentrer les efforts dans l’élaboration d’un maximum de centres dédiés aux personnes âgées tout comme il est le cas dans les pays développés.

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