Société

Humaniser l’univers carcéral

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Pas plus d’un mètre carré et demi (1,51m2) telle est la moyenne de l’espace réservé à chaque détenu au Maroc. C’est ce que révèle le troisième rapport annuel de l’Observatoire marocain des Prisons qui évoque que la superficie globale des prisons au Maroc, qui est de l’ordre de 81.170,67 de m2, accueille actuellement 53.643 détenus.
Dans neuf établissements carcéraux, chaque détenu dispose de moins d’un mètre carré. Les prisons locales de Tétouan et de Laâyoune qui ne méritent plus d’être considérées comme des établissements carcéraux en sont l’exemple. Elles sont suivies par le complexe carcéral d’Aïn Sebaâ, à Casablanca, avec une superficie globale de 11.991,32 de m2 pour 7 026 détenus (Statistiques de juin 2004), soit un espace de 0,28 m2 pour chaque détenu, à Casablanca également, le centre de rééducation avec une superficie de 1.494,40 m2 pour 1.043 m2, soit 0,74m2 pour chaque détenu et la prison locale de Salé avec une surface de 3.213,07 m2 pour 4.353 prisonniers, soit 1,45 m2 pour chaque détenu. Un état des lieux qui a été aggravé par le surpeuplement.
Certes, l’administration pénitentiaire a déployé beaucoup d’efforts pour résorber cet accroissement de la population carcérale annuelle allant de 4 à 5 mille détenus. Avec 17 établissements pénitentiaires avant l’indépendance, ce nombre est arrivé à 21 entre 1956 et 1991, pour atteindre actuellement 53 établissements. Pas moins de 8 prisons, de moyenne et petite superficie et d’une capacité d’accueil entre 200 et 400 détenus, ont été construites entre 1999 et 2003, à Mohammedia, Berrechid, Ben Ahmed, Taroudant, Aït Melloul, Tiznit, Zayou, Aït Outéta 2.
Le rapport signale que le ministère de la Justice a prévu également la mise en opération de six autres prisons locales pour 2004. Il s’agit des prisons locales de Roumani, Taounate, Fqih Ben Saleh, Azilal et Bouârfa. D’autres projets ont été entrepris et concernent l’élargissement des prisons locales de Nadir, Kelâat Sraghna, Tiznit et Laâyoune, alors que d’autres seront réaménagées, comme celles de Fès, Khemisset, Souk Larbâa, Khenifra, Essaouira et Marrakech. Seulement, précise le rapport, ces projets restent incompatibles avec le nombre croissant des prisonniers. Par ailleurs, le rapport de l’OMP a mis en exergue les conditions déplorables de la nourriture, dont le budget absorbe la moitié du budget de fonctionnement réservé à l’administration carcérale. Pour dépasser cette situation, précise le rapport, l’administration des prisons pense confier ce service de nutrition à une société privée après le lancement d’un appel d’offres.
Concernant l’hygiène, le rapport a dénoncé l’état pitoyable des toilettes sans portes, le manque de savon, l’inéxisence d’ appareils médicaux, l’insuffisance des médecins dont le nombre ne dépasse pas 145, dont 66 médecins permanents et 79 sont contractuels, et l’insuffisance d’infirmiers qui sont au nombre de 187. A propos des femmes détenues, le rapport a affirmé que leur nombre n’a pas dépassé, en mars 2004, 1 772 détenues, soit une proportion de 4% de la population carcérale. 132 d’entre elles ne dépassent pas l’âge de 20 ans et 33 sont enceintes.
Depuis 90 prisonnières sont accompagnées par leur progéniture. Concernant les détenus condamnés à la peine de mort qui sont au nombre de 149 personnes et dont les dossiers de 26 d’entre eux sont à la phase de cassation, le rapport a souligné qu’ils éprouvent un calvaire inconcevable. Le rapport annuel de l’OMP a mis également en exergue les conditions des fonctionnaires des établissements pénitentiaires, qui vivent dans des conditions sociales lamentables, et qui travaillent durant 14 heures en moyenne. D’autant plus que 87,38 % d’entre eux ne perçoivent qu’un salaire mensuel allant de 2039 à 2479 dirhams. En tout état de cause, le rapport annuel de l’OMP a fait remarquer que la situation des prisons au Maroc n’a pas a été améliorée puisqu’elles souffrent toujours de surpeuplement, de mauvaise gestion, de dégradation des conditions de vie, d’inexistence de soins médicaux, de manque de compétences d’encadrement et enfin de l’absence des infrastructures nécessaires pour qu’elles accomplissent leur mission essentielle, à savoir la réintegration sociale. Dans ces conditions, l’état de détérioration de l’espace carcérale persiste et s’aggrave davantage par la malnutrition engendrant la dégradation de l’état de santé des détenus.

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