Les membres de l’IER (Instance Equité et Réconciliation) se donnaient rendez-vous, hier mercredi 30 novembre 2005, pour une dernière réunion visant à mettre les touches finales à ce qui viendra couronner près de deux ans d’un travail laborieux : le rapport final qui fait l’ensemble des investigations de l’IER sur les graves violations des droits de l’Homme entre 1956 et 1999.
Selon une source de l’IER, et en total respect des délais fixés à ses missions, le rapport final devait être remis hier mercredi au Cabinet royal même si Sa Majesté le Roi n’était pas de retour d’un périple de trois jours au Japon. Rédigé en langue arabe, ce rapport fournira notamment des informations sur les dossiers élucidés par les équipes de Driss Benzekri, mais devrait également consacrer une partie aux difficultés qui se seraient dressées devant cette Instance.
Des recommandations, il y en aura évidemment, fidèlement à la mission même de l’IER pour que soient prises des garanties pour la non-répétition des graves actes ayant eu lieu lors de la période considérée par le travail de l’Instance. Parmi ces recommandations, apprend ALM, on en retrouvera qui seront consacrées à l’après-IER. Selon toute évidence, il serait question d’un organe qui fera le suivi des recommandations, mais héritera aussi des archives et documents de travail de l’Instance.
Selon une source de l’IER, une fois le rapport remis à Sa Majesté le Roi, il appartiendra aux hautes instances de l’Etat de décider de la forme de sa communication au grand public, puisqu’il s’agira là du respect du principe de publicité du moment qu’il est question de la mémoire collective de tout un peuple.
Selon ce qui est déjà prévu par l’IER, la date retenue pour rendre public le rapport final est le 10 décembre 2005, Journée mondiale des droits de l’Homme. Cette date serait initialement retenue pour la charge symbolique qu’elle requiert.
Hier à l’IER, le ton était aux interminables réunions, mais aussi à un inhabituel branle-bas de combat. Les collaborateurs de l’Instance avaient été priés de tout ranger et d’effectuer les sauvegardes nécessaires des documents contenus sur supports électroniques.
Le déménagement de tout ce «patrimoine» devait d’abord se faire vers les locaux du CCDH (Conseil consultatif des droits de l’Homme) à quelques centaines de mètres de l’immeuble «Essaâda» devenu désormais un lieu chargé de mémoire pour les Marocains.
Les collaborateurs de l’IER se sont vu délivrer des soldes de tout compte, marquant ainsi la fin de leurs missions au sein de l’Instance qui, officiellement, n’a plus d’existence depuis ce 30 novembre.
Hier mercredi 30 novembre 2005, tous les membres de l’IER étaient présents dans les locaux de cette dernière, mais aucun d’eux n’était autorisé à s’adresser à la presse.
Un article publié le même jour par un confrère arabophone aurait poussé Driss Benzekri à décider cette consigne pour éviter ce qu’une source de l’IER appelle «pratiques de parasitage» qui ont déjà causé bien des torts à l’Instance et au bon déroulement de son travail.
Il y a quelques jours, l’IER dévoilait les lieux où avaient été enterrées les victimes des événements des 14 et 15 décembre 1990. Il s’agit des tombes de 106 personnes dont 7 restées anonymes.