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«Il existe une opportunité de réduire le risque de développer un cancer de vessie chez les fumeurs»

© D.R

Professeur David Khayat, ancien chef de service de cancérologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris

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La prévention du cancer de la vessie passe par la prévention du tabagisme. Un message que tient à partager le professeur David Khayat, ancien chef de service de cancérologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Rencontré lors du symposium Philip Morris organisé, vendredi dernier à Casablanca, en marge du 3ème congrès nord-africain d’urologie, l’oncologue relate dans cet entretien accordé à ALM le rôle de l’innovation dans la réduction de risques liés au tabagisme à l’heure où les stratégies de santé publiques ont atteint leur limite.

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ALM : Tout d’abord, comment pouvez-vous définir le concept de réduction de risque ?
David Khayat : Les êtres humains ont des comportements mauvais pour la santé. Ils mangent mal, trop salé, ils conduisent vite, ils fument, ils boivent… et ils le savent ! ça c’est le risque. A partir de là vous pouvez parler d’éducation. Vous pouvez essayer de convaincre ces gens d’arrêter de fumer, de diminuer leur consommation d’alcool et de réduire leur exposition au soleil. On voit bien que dans beaucoup de cas, malheureusement, cela ne marche pas. Par exemple, prenez la situation extrême, les gens à qui on va diagnostiquer un cancer du poumon, 64% d’entre eux vont continuer de fumer jusqu’à la mort. Ils n’arrivent pas à arrêter. C’est une addiction et l’addiction est une maladie qu’il faut soigner. La réduction de risque c’est dire que je constate qu’il y a un comportement qui n’est pas bon et j’essaye de convaincre pour le faire changer. Mais si je n’arrive pas, je vais essayer de faire en sorte que les conséquences dudit comportement soient moins importantes. Le plus bel exemple est celui des voitures. Grâce aux ceintures de sécurité, les airbags et l’ ABS le risque d’accident est là mais avec des conséquences moins graves.

Vous venez de participer au 3ème congrès nord-africain d’urologie. Quel message avez-vous porté en cette occasion ?
Le cancer de la vessie est un cancer malheureusement difficile, douloureux et qui engage très rapidement le pronostic vital. Il est essentiellement dû au tabagisme. Plus l’individu a fumé de cigarettes dans sa vie, plus il a un risque de cancer de la vessie important. Je suis venu porter un message et dire qu’il existe une opportunité de réduire le risque de développer un cancer de la vessie chez les gens qui n’arrivent pas à arrêter de fumer, et ce grâce à l’innovation, notamment les produits alternatifs et les nouvelles stratégies qu’on appelle : les risques réduits. Il ne s’agit pas d’enlever le risque car enlever le risque c’est enlever le tabac. On voit bien que cela est très difficile mais chez ceux qui n’arrivent pas, on propose d’avoir un comportement qui, certes n’est pas bon pour la santé, mais moins mauvais.

A quel point ce concept de réduction de risque contribuerait-il à réduire l’incidence du cancer ?
D’abord c’est quelque chose de long terme. Vous savez que pour développer un cancer il faut 20 voire 30 ans. Quand on agit aujourd’hui c’est pour un résultat à horizon 2040-2050. Donc il faut être patient. Par contre, il est certain que ces innovations et cette moindre exposition aux substances carcinogènes vont induire une moindre incidence de cancer. C’est d’ailleurs la même chose pour le cancer de la peau qui a été réduit grâce à l’utilisation des écrans solaires ou encore l’administration des statines qui ont limité le risque d’infarctus chez les obèses.

Donc qui dit réduction de risque dit impact sur le bien-être…
Absolument, elle impacte la durée de vie même. D’ailleurs les conclusions tirées par les agences sanitaires européennes importantes confirment que cela contribuerait à augmenter l’espérance de vie des populations.

Quel rôle joue l’innovation dans ce sens ?
Formidable ! Parce qu’on est confronté à l’échec des stratégies de santé publique depuis vingt ans. On a augmenté les prix, on a mis le paquet neutre, des photos horribles…et pourtant les gens continuent de fumer. Si l’on prend le cas du Maroc, il y a 24% de fumeurs comme il y a 20 ans et 48% de fumeurs chez les hommes comme il y a 20 ans. Donc il faut espérer une solution. Et la solution à mon avis elle viendra là, comme ailleurs, de l’innovation..

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