Société

Il tue sa femme devant sa fille

© D.R

Chambre criminelle près la Cour d’appel d’Agadir. Mohamed, Marocain résidant en France, se tient devant les cinq magistrats. Il n’aurait jamais pu imaginer vivre pareille situation, lui qui a rêvé faire sa vie ailleurs, en France et y élever ses trois filles, âgées respectivement de huit, dix et quatorze ans. Mais, le voilà, loin de ses rêves, au box des accusés, poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens.
«Avez-vous tué votre femme ? », lui a demandé le président de la Cour, qui le scrutait du regard.
Mohamed a répondu qu’il n’en avait pas l’intention. Le président de la Cour n’a pas semblé le croire.
«Pourquoi avez-vous tenté au départ d’écraser la voiture contre un mur, alors que votre femme Hafida et votre fille Rachida, s’y trouvaient ?», lui demande le juge.
Mohamed a gardé le mutisme. Il ne voulait rien dire. Mais le juge l’a pressé des questions au point que la Cour a commencé à être convaincue qu’il a prémédité le meurtre de sa femme. Pourquoi?
C’est en 1983 que Mohamed a répudié sa première femme, avec laquelle il n’avait pas eu d’enfant. La même année, il a choisi une fille de sa famille, Hafida, pour se remarier. En un laps de temps et avant qu’il ne retourne en France, il a contracté l’acte de mariage et a convolé en justes noces. Après quoi, il a décidé de laisser son épouse chez sa soeur et ce en attendant qu’il lui prépare les papiers nécessaires pour le rejoindre en France.
Une année plus tard, il est rentré au Maroc avec les fameux papiers en main. Il a emmené son épouse, Hafida, avec lui. En arrivant en France, celle-ci est tombée malade. De quoi souffrait-elle ? Pour le savoir, il l’a emmenée chez un médecin, qui l’a examinée.
«Votre femme est enceinte de quatre mois», lui dit le praticien. Mohamed n’en a pas cru ses oreilles. Il n’y a que deux mois qu’elle est avec lui en France. Donc, sa grossesse remonte au temps où elle habitait chez sa soeur. Le trompait-elle ? Il ne lui a rien dit et a décidé de faire comme s’il n’avait rien entendu. Sa femme a fait une fausse couche.
Et il a décidé de tourner la page, se comportant comme s’il ne s’était rien passé. Il l’a encouragée à apprendre à lire et à écrire en français. Avec le temps, Hafida a contracté une liaison avec un jeune homme Français, avec lequel elle passait de bons moments, sans s’intéresser à son mari ni à sa fille.
Les années se succèdent et le calvaire de Mohamed empire. Hafida ne voulait pas rompre avec le Français et a continué à le rencontrer à tel point que Mohamed l’a agressée et que la police est intervenue pour dresser un procès-verbal. L’amant ne s’est désisté qu’après avoir empoché de l’argent que lui a remis Mohamed.
Ce dernier, qui aimait follement Hafida, ne voulait pas la répudier. Il souhaitait qu’elle change de comportement. Mais en vain. Pire encore, elle ne l’accompagnait pas lorsqu’il rentrait au Maroc pour rendre visite à sa famille en été. Et pourtant, ils ont eu deux autres filles. Il fallait attendre l’été 2004 –et une ruse – pour qu’elle l’accompagne.
À ce propos, il lui a dit que sa soeur allait se marier et qu’elle devait l’accompagner pour assister aux noces. Elle a accepté. Le couple et les trois filles sont rentrés pour voir leurs familles au Maroc et Hafida a découvert que son mari lui avait menti. Elle s’est révoltée contre Mohamed qui lui a demandé pardon. Laissant ses deux autres filles chez sa soeur à Tiznit, Mohamed a emmené seulement sa fille Rachida et son épouse, Hafida, pour visiter la maison qu’il venait d’acquérir à Guelmim.
«Je ne veux plus retourner avec toi en France », lance Hafida à son époux, alors que leur fille, aînée Rachida se trouvait au siège arrière de la voiture.
Mohamed a feint de ne pas l’avoir entendue. Il a continué à conduire, puis, soudain, il a tourné en direction d’un mur et il a accéléré. Sa femme et sa fille hurlaient. Il a heurté le mur. Sa femme l’a insulté et a mis la main sur un couteau que Mohamed gardait dans la voiture. Elle a tenté de lui asséner un coup.
Seulement, il s’est sauvé et s’est saisi d’un marteau qui se trouvait également dans la voiture pour lui donner un coup fatal au niveau de la tête. Aussitôt, l’épouse est passée de vie à trépas.
Reconnaissant avoir tué son épouse devant sa fille, Mohamed a été condamné à trente années de réclusion criminelle.

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