La Commission européenne et la Libye ont envisagé des actions communes pour lutter contre l’immigration clandestine, sans aborder leur financement, a annoncé mardi soir une délégation européenne de haut rang au terme d’une visite de deux jours en Libye. «Nous avons signé un agenda de coopération qui couvre plusieurs volets, à commencer par les racines de l’immigration, la surveillance des frontières et le combat contre le trafic d’êtres humains», a déclaré Cécilia Malmstrm, commissaire européenne chargée des questions d’immigration. Selon un communiqué conjoint, la Libye et l’UE affirment être d’accord sur une «liste d’initiatives pour une éventuelle coopération», comprenant notamment «des mesures concrètes pour un système de surveillance des frontières», les problèmes liés à la mobilité et «le dialogue sur les réfugiés». Mme Malmstrm a reconnu qu’il existait toujours des divergences sur la convention de Genève sur les réfugiés, que la Libye refuse de signer. «Mais nous sommes d’accord pour travailler ensemble en vue de garantir les droits des plus vulnérables et la protection des réfugiés», a-t-elle dit lors d’une conférence de presse conjointe avec son collègue chargé des accords de coopération entre l’UE et ses voisins, Stefan Fle. Sur la question du financement, Mme Mamstrm a estimé qu’il fallait «d’abord étudier les programmes de coopération avant de parler financement». Au sujet des 5 milliards d’euros par an réclamés par Tripoli pour «stopper définitivement» l’immigration clandestine à partir de ses côtes, elle a affirmé avoir évoqué ce chiffre avec les ministres libyens des Affaires étrangères Moussa Koussa et de l’Intérieur Abdelfatteh El Obeidi. «Les deux ministres ont assuré que ce montant n’est pas destiné à la Libye seule mais à toute l’Afrique», pour favoriser le développement dans les pays d’origine, a-t-elle dit, affirmant que l’UE accordait déjà 5 milliards d’euros d’aide à l’Afrique et allait financer un programme de lutte contre l’immigration clandestine en Libye doté de 50 millions d’euros. Les deux commissaires revenaient de la ville de Koufra, un no man’s land situé à 2.000 kilomètres au sud-est de Tripoli, aux confins des frontières égyptiennes, tchadiennes, soudanaises et nigériennes, où ils ont visité des postes de surveillance de frontière et rencontré des migrants détenus dans le centre de rétention de la ville. «Nous avons aussi pris connaissance des routes suivies par les contrebandiers et les immigrants et des difficultés de surveiller les frontières dans des régions désertiques dangereuses et nous avons discuté avec les autorités libyennes de l’assistance qui pourrait être apportée aux émigrés qui arrivent dans cette région au bout d’un voyage pénible à travers le désert», a déclaré Mme Malmstrm. Les négociations entamées depuis novembre 2008 entre Bruxelles et la Libye en vue de la conclusion d’un vaste accord de partenariat, et qui peinent à ce jour à progresser, ont été également au centre des entretiens de la délégation européenne à Tripoli. M. Fle a souligné la «volonté des deux parties de rattraper le retard» et de signer cet accord pendant la première moitié de l’année 2011. Avec ses 1.770 km de frontières maritimes, la Libye qui partage plus de 4.000 km de frontières avec ses six voisins africains, est un pays de destination et de transit d’immigrés originaires notamment de l’est et du sud de l’Afrique, vers Malte ou Lampedusa (Italie).