Intense émotion lors de l’inhumation de Driss Benzekri dans son village natal

Décédé dimanche dernier, Driss Benzekri, président du Conseil consultatif des droits de l’homme, a été conduit mardi 22 mai à sa dernière demeure.  En présence de SAR le Prince Moulay Rachid et de centaines de personnalités politiques et militantes des droits de l’Homme, le regretté a été inhumé dans son village natal Khemiss Sidi Yahia, près de Tiflet. Même de simples citoyens sont venus de différentes villes du Royaume pour rendre un dernier hommage à ce grand homme dont se souviendra l’Histoire du Maroc. Une inhumation marquée par de grands moments d’émotion.
Une demi-heure avant la prière du Dohr, le cortège funèbre s’est dirigé vers la mosquée de ce village berbère, situé sur les plateaux des Zemmour, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville de Tiflet.
L’ambulance de la Protection civile qui transportait la dépouille mortelle du regretté trouvait des difficultés à gagner la mosquée où le corbillard contenant le corps du défunt fut déposé devant les fidèles. La foule, profondément attristée, suivait le cortège en scandant de vive voix "Allahou Akbar".
 La prière du Dohr suivie de celle du mort furent par la suite accomplies en présence de SAR le Prince Moulay Rachid. De l’avis de militants des droits de l’Homme qui ont pris part aux obsèques, la présence SAR le Prince Moulay Rachid témoigne de la grande importance de cet homme qui consacra une partie de vie à la défense des droits de l’Homme et souligne la Haute sollicitude que SM le Roi Mohammed VI accorde à ce militant hors-pair.
Après la prière, le cortège quitta la mosquée pour se diriger vers le cimetière à un kilomètre au nord du village. Des centaines de personnes s’y rendirent à pied pour un dernier hommage au défunt inhumé près de la tombe de sa mère et à quelques mètres du mausolée Sidi El Mokhfi, saint patron de la tribu Ait Ouahi.
Désormais, le regretté Driss Benzekri repose dans son village natal, qu’il a quitté pour la cause des droits de l’Homme.
Sa vie durant, il a gardé intacte toute son ardeur de militant infatigable et a su mener à son terme un parcours d’exception fait de modestie, de fierté, de courage et d’efficacité dans l’action.
L’homme est resté fidèle à ses engagements alors même que les approches divergeaient au sujet du dossier des violations passées des droits de l’homme.
Militant chevronné pour la promotion des droits de l’Homme, le défunt a milité auprès des siens au sein de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme avant la création en 1999 du Forum Vérité et Justice (FVJ). Ce parcours fut, de l’avis de toutes les composantes du mouvement des droits de l’Homme au Maroc, riche en contributions salutaires aussi bien en actes qu’en idées. De ce fait, son parcours aura un grand impact sur la suite du cheminement des droits de l’Homme au Maroc, d’autant que le défunt se faisait une conception universelle des droits de l’Homme et se référait à des règles de droit international en matière des violations des droits de l’Homme. Tous ces éléments réunis lui ont valu d’être investi de la confiance de SM le Roi Mohammed VI qui l’a nommé en janvier 2004, président de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) qui fut chargée de la mission de tourner la page des violations passées des droits de l’Homme de 1956 à 1999. Il s’agissait aussi de réparer les préjudices individuels et collectifs subis et de réhabiliter la mémoire nationale dans une perspective de réconciliation.
En juillet 2006, SM le Roi le nomma président du Conseil consultatif des droits de l’Homme. La grandeur qui fut la sienne de son vivant était celle-là même qui a marqué sa mort.