Plus les élections approchent, plus les critiques adressées au gouvernement deviennent acerbes et virulentes. Mais là où la confusion plane, c’est lorsque ces critiques viennent de groupes participant à ce même gouvernement, comme c’est le cas pour l’Istiqlal. Le ministre de l’Emploi et chef de l’Istiqlal, Abbès El Fassi, a critiqué vendredi les lenteurs de son gouvernement et proposé une importante réforme de la constitution. « Le rythme du travail est très faible et certains ministres hésitent à prendre des décisions audacieuses », a déclaré M. El Fassi, qui dirige le deuxième grand parti de la coalition gouvernementale, dans un entretien à notre confrère Al Ayam. « Il faut modifier la constitution actuelle en renforçant le respect des droits de l’Homme, l’indépendance de la justice et les prérogatives du Premier ministre », a également affirmé M. El Fassi. Le chef de l’Istiqlal a critiqué le Premier ministre socialiste Abderrahmane Youssoufi pour avoir interdit trois hebdomadaires en décembre 2000. Il a déploré la répression violente d’une récente manifestation d’enseignants à Rabat ainsi que le procès contre l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) et son ex-président, le bâtonnier Abderrahmane Bena-meur – qui a été finalement acquitté. M. El Fassi estime que les difficultés du gouvernement actuel sont toutes issues de « l’acceptation des résultats des élections législatives truquées de 1997 ». L’Istiqlal et les partis marocains de gauche estiment que tous les scrutins que le Maroc a connus depuis l’indépendance en 1956 ont été entachés de graves irrégularités. « Le problème numéro un pour le Maroc est de parvenir en septembre 2002 à des élections transparentes qui donneront tout son sens à une réforme de la constitution », a souligné M. El Fassi. Ce dernier a plaidé également pour une révision du rôle de la Chambre des conseillers, créée en 1996 par référendum. « Il faut soit la dissoudre soit en réduire les prérogatives », a-t-il dit.