Société

Jeunesse : Urbain attitude

Nous aurions tort de ne voir dans la jeunesse marocaine d’aujourd’hui qu’une jeunesse de mal de vivre. Si, il est bien entendu que l’on ne peut passer sous silence les innombrables handicaps et obstacles qui bouchent son avenir, il est nécessaire pour la bonne appréhension de cette jeunesse et de sa mentalité de s’intéresser de près à ce qui constitue aujourd’hui ses centres d’intérêts, ses moyens d’expression, ses goûts, sa façon de vivre. Une chose est frappante dès que l’on prend la peine de se pencher sur le mode de vie de ces jeunes : qui se marque principalement dans les expressions de langage, les goûts artistiques, les référents, les goûts culinaires…etc. Pour autant, si ces jeunes sont « très marocains » cela ne les empêche nullement d’être aussi les enfants de la mondialisation, via la parabole et Internet tout particulièrement. En effet, une très grande partie de ces jeunes, véritables enfants de la télé, vivent aux rythmes de la ‘‘world music ». D’où le look très branché des jeunes marocaines de Casablanca, Rabat, Marrakech… look que l’on retrouve dans les rues de Paris, Londres ou New York.
Cette culture de rue qui imprègne le look vestimentaire des jeunes de nos villes, aliment aussi leurs goûts musicaux, le hip hop, le rap et le break dance, sont bien plus répandus au Maroc qu’on le croit, mais peuple également leurs rêves : les tentatives et les tentations d’immigration y trouvent une partie de leurs motivations. Les jeunesses marocaines – puisque plurielles – ressemblent ainsi à la jeunesse du monde : les enfants de familles aisées qui voyagent physiquement et les enfants de familles modestes qui voyagent « dans leur tête » comblent ainsi le fossé qui peut les séparer et se trouvent elles aussi –en fait- très semblables.
La jeunesse marocaine de l’étranger, quant à elle, à l’intersection des cultures du monde, favorise également par ses fréquents aller-retour, le métissage culturel du royaume.
Métissage est ainsi-selon moi- l’un des mots qui résume le mieux cette jeunesse : métissage d’origines ancestral ; métissage de modes de vie: urbains, rural, métissage des modes d’expression, des goûts, mais aussi bien sûr métissage des envies et des besoins. Et c’est bien là que le bât blesse puisque la jeunesse marocaine est encore bien trop souvent le « parent pauvre » des priorités nationales. Mieux prise en compte, soutenue, aidée par des infrastructures et une politique appropriées cette jeunesse possède les atouts pour émerger. J’en veux pour preuve cette faculté à être au ‘’juste milieu » : fortement attachée à l’Islam, ancrée dans des valeurs mais en même temps ouverte et créative, moderne au bon sens du terme, la jeunesse marocaine, lorsqu’elle n’est pas bloquée par des conditions de vie insurmontables, est un véritable exemple de cohabitation. Ainsi, dans nos quartiers, le jeune en jetable côtoie harmonieusement le jeune en jeans au look branché. Cette image n’est pas une image d’Épinal, elle reflète la réalité quotidienne du Maroc et le vécu profond des quartiers populaires. C’est cette faculté d’adaptation, cette tolérance, cette richesse qu’il faut préserver. Opposé du repli sur soi, ce métrage est une chance pour cette jeunesse mais aussi une chance pour le pays, lui-même au confluent des continents terrestres, politiques, civilisationnels. Plus qu’un mode de vie, c’est un choix de vie.

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