ALM : Pourquoi créer aujourd’hui une antenne régionale du Centre marocain des droits humains à Laâyoune ?
Khalid Cherkaoui Semmouni : La création d’une section du CMDH à Laâyoune rentre dans le cadre du renforcement de la société civile militante dans le domaine des droits humains. Les observateurs locaux ont enregistré une régression sur ce volet à cause des complications politiques et des conflits entre le pouvoir au niveau régional et des acteurs politiques et des défenseurs des droits de l’Homme sur les événements qui se sont passés au cours des dernières années concernant l’affaire du Sahara. Cette régression a été remarquée par des activistes qui étaient militants des droits de l’Homme. Ce sont eux qui ont exprimé leur volonté de constituer la section du CMDH qui va combler le vide observé.
Quelles sont les objectifs de cette antenne ?
Les objectifs de cette antenne seront multiples, ils vont toucher tous les domaines des droits humains, droits de la femme, droits de l’enfant, droits civiques, politiques, économiques et sociaux. L’expérience de la défense des droits de l’Homme dans la région du Sud avait laissé apparaître que les activistes en la matière ont concentré leurs efforts sur les droits civiques et politiques, mais ils ont marginalisé les autres volets des droits de l’Homme. À mon avis, c’est une stratégie qui a échoué vu les problèmes sociaux et économiques compliqués qui ont entravé la mise en œuvre des programmes des ONG des droits de l’Homme. C’est pourquoi nous voulons que notre association soit dotée d’une stratégie globale. Nous comptons nous attaquer, par exemple, aux problèmes de corruption et de dilapidation des biens publics dans la région .
Est-ce que tous les acteurs locaux des droits de l’Homme sont représentés au CMDH ?
La plupart des membres de notre antenne à Laâyoune avaient une expérience dans la défense des droits de l’Homme. Le CMDH bénéficiera certainement de leurs compétences.
Y a-t-il une évolution des droits de l’Homme au Sahara ?
La situation des droits de l’Homme au Sahara a relativement avancé, mais il reste beaucoup à faire dans cette région car, pour progresser dans ce domaine, les autorités locales devront avoir de nouvelles visions et techniques de gestion des problèmes qui se posent en respectant les principes des droits de l’Homme. Cela ne veut pas dire que nous incitons les citoyens à réagir négativement. Dans ce cadre, j’espère vivement que les membres de la société civile, en plus des membres de notre section, joueront un rôle dans l’éducation à la citoyenneté.
Que faut-il faire pour stopper la manipulation des droits de l’Homme à des fins proprement séparatistes ?
Le CMDH ne s’immisce pas dans des conflits politiques, c’est une ONG autonome qui ne doit pas, en principe, prendre des positions d’ordre politique. Notre souci est la défense des droits humains en respectant les conventions internationales des droits de l’Homme ratifiées par le Maroc. Mais, notre association CMDH déploiera des efforts au niveau de la région pour lutter contre toute instrumentalisation des droits de l’Homme à des fins politiques menaçant la souveraineté de notre pays.