La Caisse marocaine de retraites (CMR) a récemment publié son rapport d’activité au titre de l’année 2023 dans lequel figure le bilan actuariel des régimes qu’elle gère. Les détails.
Le bilan actuariel des régimes de la CMR, établi par les services de la Caisse, reflète l’évaluation des engagements et des ressources des régimes à long terme, sur la base d’un ensemble d’hypothèses. S’agissant du Régime des pensions civiles (RPC), le bilan actuariel s’est basé sur un ensemble de données et d’hypothèses démographiques et financières actualisées. La structure démographique de la population des actifs du RPC fait ressortir une représentativité importante des groupes d’âge au-delà de 50 ans, ce qui impliquerait des départs massifs à la retraite durant les prochaines années. La pyramide de la population des retraités révèle une concentration sur la tranche d’âge de 60 ans et 70 ans avec un âge moyen de 68,88 ans (67,4 ans pour les femmes et 69,6 ans pour les hommes). Les pensions de réversion sont servies principalement aux veuves, soit 85 % de l’effectif total qui a atteint 125.029 en 2023. Les 14,95% restants représentent, respectivement, le nombre d’enfants à charge recevant une pension d’orphelin et une allocation familiale, soit 15.783 orphelins et les veufs qui représentent 2,33% du total. L’âge moyen des conjoints (majorité féminine) est de 70 ans. L’analyse du régime en groupe semi-fermé (où l’on ne considère que les droits acquis et à acquérir par les affiliés actuels au régime sans tenir compte de l’impact des nouvelles recrues, la projection s’effectue jusqu’à l’extinction de la pension du dernier affilié), dans ce cas, les résultats du bilan révèlent que les engagements du régime sont trois fois plus supérieurs aux recettes prévisionnelles. En effet, l’engagement net non couvert défini comme étant la différence entre la valeur actuelle probable des ressources et celles des prestations s’élève à 655,68 milliards DH. Ainsi, le taux de préfinancement du RPC se situe à 44,94%. Toutefois, la réserve de prévoyance ne couvre que 8,23% des droits acquis du régime au 31/12/2023. L’analyse du RPC en groupe ouvert suppose la continuité de la prise en charge des nouvelles affiliations par le régime durant toute la période de projection qui s’étale sur 60 ans, c’est-à-dire jusqu’en 2083. Dans ce cas, le déficit technique prévisionnel pour l’année 2024 serait de l’ordre de 7,35 MMDH. Les déficits du régime s’aggraveraient progressivement pour atteindre 16,32 milliards DH en 2030, année de l’épuisement du Fonds de réserve du régime. Le déficit actuariel durant toute la période de projection est évalué à 198 milliards DH (281 milliards DH en 2022), soit une amélioration de 83 milliards de dirhams par rapport à 2022. La CMR explique l’amélioration de la situation financière du RPC observée depuis 2021 par plusieurs facteurs, à savoir la bonne tarification du RPC combinée avec l’accroissement de la population des actifs suite à l’affiliation des cadres des académies régionales pour l’éducation et la formation au régime des pensions civiles à partir de 2021. Figure aussi l’impact des mesures introduites par le dialogue social, notamment la revalorisation des salaires octroyée au personnel des ministères de l‘éducation nationale et de la santé.
Régime des pensions militaires
La pyramide des âges de la population des retraités du Régime des pensions militaires (RPM) à fin 2023 révèle une concentration des retraités dans la tranche d’âge (55 ans- 70 ans) avec un âge moyen établi à 63,19 ans. Dans le cadre du régime en groupe fermé où les affiliés actuels continuent à cotiser et à recevoir des prestations sans tenir compte de l’impact des nouvelles recrues, la projection s’effectue jusqu’à l’extinction de la population couverte. Suivant cette approche, la valeur actuelle probable des prestations s’élève à 473,98 milliards DH contre une valeur actuelle probable des ressources de l’ordre de 120,25 milliards DH, soit un engagement net non couvert de 353,73 MMDH. Il en ressort que les ressources futures du régime ne couvriraient que 25% de ses engagements futurs. Dans le cas du régime en groupe ouvert, il est prévu la stabilité de l’effectif des actifs (limitation des recrutements au remplacement des départs à la retraite) sur la période de projection qui s’étale sur 60 ans. Les projections financières réalisées montrent que le régime continuerait à accuser des déficits dans les années à venir. Durant toute la période de projection, le déficit cumulé du régime est de l’ordre de 247,07 milliards DH.