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La CNOPS resserre l’étau : La césarienne devra désormais être médicalement justifiée

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Un taux de recours de 61% et des pertes estimées à 70 MDH par an

Ces dernières années s’est instaurée au Maroc une véritable «culture de la césarienne». Le recours à cet acte a pris des proportions alarmantes comme l’attestent les statistiques de la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). En 2017, la Caisse a compté 30.583 cas d’accouchement dont 18.522 ont été réalisés par césarienne. Ainsi, le taux de recours à la césarienne a atteint les 61% en 2017. Autrement dit, sur 10 accouchements, 6 sont des césariennes. La CNOPS fait remarquer que le taux des césariennes a explosé en passant de 35% en 2006 à 43% en 2009 juste après le relèvement du tarif national de référence de 6.000DH à 8.000 DH, pour atteindre 61% en 2017. Ces taux anormalement élevés génèrent une perte annuelle moyenne de 70 millions DH supportée par la CNOPS.

«Les dépenses des césariennes sont passées de 13 MDH en 2006 à 130 MDH en 2017, alors que l’alignement des prestataires de soins sur un taux ne dépassant pas 25% (à l’instar du taux constaté au niveau du secteur public) aurait permis à la Caisse de faire des économies de plus de 70 MDH en moyenne par an», indique la Caisse. Pour maîtriser l’envolée de ce poste, la CNOPS a instauré une nouvelle procédure de prise en charge de l’accouchement par césarienne. La Caisse   a décidé de payer, à partir du 1er mai prochain, toute césarienne non médicalement justifiée sur la base du forfait de l’accouchement par voie basse. Les producteurs de soins (cliniques, hôpitaux publics..) ont été invités à joindre à leur dossier de facturation un compte rendu précisant l’indication médicale du recours à la césarienne programmée ou d’urgence : la raison motivant le recours à cet acte, le rapport bénéfices-risques de l’intervention et les conditions de sa réalisation. Ainsi, la Caisse a pris la ferme décision de conditionner le paiement de toute césarienne à la production d’un rapport médical justifiant médicalement le recours à cette pratique.   

Des cliniques privées ont franchi la barre des 80%

Le secteur privé qui accapare 90% du nombre d’accouchements, enregistre un taux supérieur du recours à la césarienne, se situant à 66% contre seulement 25% dans le secteur public. Certaines structures privées d’hospitalisation à Casablanca, Rabat, Fès, Agadir, Kénitra et El Jadida, ont  franchi la barre de 80% en 2017. Autre constat important à relever :  72% des femmes césarisées en 2017 étaient âgées entre 20 et 35 ans. ll faut reconnaître que la césarienne représente un gain financier important pour les cliniques privées. Celle-ci est facturée deux fois, voire trois fois le prix d’un accouchement normal. Outre l’appât du gain, la césarienne permet également une économie de temps. Cette «épidémie» s’explique aussi par la volonté des médecins de se simplifier la vie dans la mesure où les césariennes peuvent être  planifiées. 

Le Maroc largement au-dessus du seuil de l’OMS

Le taux de recours à la césarienne au Maroc dépasse de très loin le seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui estime qu’un taux normal de césariennes, d’un point de vue médical, se situe entre 10 et 15 %. Un taux inférieur à 5% indiquerait que certaines femmes avec des complications sévères ne recevraient pas le niveau de soins adéquat.  Au-delà de 15%, le recours à la césarienne est jugé abusif. En avril 2015, l’OMS avait publié un document sur la pratique des césariennes dans lequel elle avait recommandé pour la première fois que ces actes ne soient effectués que lorsqu’ils sont «médicalement nécessaires». L’OMS signale: «Bien qu’elle permette de sauver des vies, il arrive souvent que la césarienne  soit pratiquée sans être médicalement nécessaire, risquant alors d’exposer la mère et l’enfant à des problèmes de santé à court, moyen et long termes». Dans un  rapport publié en 2017, l’OCDE avait estimé que les actes médicaux inutiles et les gaspillages représentent 20% des dépenses de santé.

Rappelons que la césarienne doit  être indiquée lorsque qu’un accouchement par voie basse comporte un risque pour la mère ou l’enfant, par exemple en cas de prolongation du travail, de souffrance fœtale ou de mauvaise présentation du bébé.

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