Société

La concurrence qui tue

Malika et Samira se connaissent depuis belle lurette. Seulement le parcours de leur propre vie ne se ressemble pas. La première a vingt-six ans et la seconde en a vingt- trois. Malika est issue d’une localité loin de quelques centaines de kilomètres de Kénitra. Elle est la cadette d’une fratrie de sept personnes. Ses parents l’ont conduite à l’école quand elle est arrivée à son septième printemps. Seulement, elle n’a pas pu poursuivre ses études au-delà de la cinquième année de l’enseignement fondamental. Parce qu’elle a échoué à trois reprises au même niveau. Depuis, elle est restée chez elle, aidant sa mère à la maison. Mais, les conditions de vie de sa famille ne l’ont pas encouragée à rester chez elle. Le nombre de ses frères et soeurs grandit d’une année à l’autre, leurs besoins progressent d’un jour à l’autre et le père est le seul à se débrouiller pour subvenir à leurs besoins. La solution ? Malika doit travailler. Où ? Certes, il est très difficile d’avoir un job. Mais Malika a déjà décidé, parce qu’elle ne peut en aucun cas voir son père qui endure le calvaire pour subvenir à leurs besoins sans qu’elle réagisse. Elle a rejoint sa cousine à Kénitra pour lui demander de lui trouver un job. Mais en vain. Elle a croisé une fille dans un jardin de la ville et a engagé une conversation avec elle. Malika finit par apprendre que la fille est une prostituée qui arpente les rues de Kénitra en quête d’un client. Malika ne s’est pas contentée de cette première rencontre. Elles se sont rencontrées une deuxième et une troisième fois. Et à chaque fois, la prostituée remettait un billet de 20 dirhams à Malika. Cette dernière a fini par demander à son amie si son activité lui rapporte bien de l’argent. C’est une profession qui rapporte selon les circonstances, lui répond-elle. Malika est rentrée dans le circuit et a commencé le racolage. Au fil des mois, elle est devenue professionnelle au point qu’elle a fait la connaissance de la majorité des filles de joie de la ville. Samira en est l’une. Cette fille d’une famille de la région de Meknès a quitté sa ville pour chercher par quoi vivre et aider sa famille. Contrairement à Malika, Samira est tombée entre les griffes de la prostitution depuis son adolescence. Elle a fait presque le tour des débits de boissons de la capitale ismaélienne avant de regagner Khémisset puis Kénitra. Bref, elle est l’une des plus anciennes de la « plus ancienne profession du monde», bien qu’elle soit encore jeune fille. Une longue expérience qui l’a rendue plus cruelle. Elle ne supporte pas la moindre provocation. C’est ce qui lui est arrivé la semaine dernière avec Malika. Elles étaient toutes les deux au boulevard Diouri, donnant sur l’avenue de la Princesse Lalla Aïcha, à la recherche de clients. Au moment où l’un d’eux s’est présenté devant Samira, Malika n’a pas hésité de lui lancer un clin d’oeil. Le client a reculé, puis est passé de l’autre côté du boulevard. Malika l’a rejoint. Ils ont commencé à marchander. Samira les a remarqués. Elle n’a pas pu garder son sang froid. Hors d’elle, elle s’est avancée vers Malika, a commencé à l’insulter et l’injurier. Provoquée, cette dernière lui a administré un coup de sac à main. Le client a disparu. Les deux filles de joie sont restées seules à échanger les insultes. En un clin d’oeil, les mots abjects ont cédé la place aux mains. Plus forte, Malika est arrivée à malmener Samira. Impatiemment, cette dernière a mis sa mains dans son sac et a brandi un couteau, avec lequel elle a asséné des coups mortels à Malika. Cette dernière a rendu l’âme rapidement. Samira est restée près du cadavre en attendant la police.

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