Policy Center For The New South a récemment dévoilé une étude intitulée «Parcours et défis des migrantes marocaines dans le secteur agricole : Cas de l’Andalousie et de la région Souss-Massa». Ce document fait une étude comparative couvant deux contextes distincts, à savoir les femmes migrantes en interne actives dans la région de Souss-Massa et les migrantes marocaines travaillant en Espagne.
Le phénomène de la migration n’est plus limité aux hommes. Les femmes sont de plus en plus candidates à l’immigration. Les raisons sont multiples et sont souvent liées aux perspectives économiques ou encore au regroupement familial. A l’instar d’autres pays dans le monde, le Maroc connait cette évolution notamment dans le secteur agricole. Pour en décrypter les enjeux, Policy Center For The New South a récemment publié une étude intitulée « Parcours et défis des migrantes marocaines dans le secteur agricole : Cas de l’Andalousie et de la Région Souss-Massa ». Ce document fait une étude comparative couvant deux contextes distincts, à savoir les femmes migrantes en interne actives dans la Région de Souss-Mass et les migrantes marocaines travaillant en Espagne. Il s’agit, comme l’explique l’autrice de cette étude, d’aborder les défis auxquels font face les femmes migrantes sur les marchés du travail nationaux et internationaux.
«Dans les deux cas de migration féminine marocaine, que celle-ci soit interne ou internationale, il existe une intersection de vulnérabilité. En plus des discriminations structurelles liées à la nature même du travail, la vie des travailleuses migrantes est marquée par des inégalités, les rendant particulièrement vulnérables», relève la même source notant que ces discriminations ne se manifestent pas simplement comme une addition de vulnérabilités provenant de chaque axe d’inégalité –genre, statut migratoire, etc.– mais convergent et se renforcent mutuellement, entraînant des expériences de discrimination globales. «Dans le cas des femmes migrantes travaillant dans le secteur agricole, trois axes influencent le plus fortement leurs expériences : le genre, l’origine et la classe sociale. En effet, le travail des femmes migrantes dans ce secteur porte une stigmatisation sociale et est souvent associé à l’appartenance à des groupes socio-économiques vulnérables», précise cette étude. En outre, ces femmes doivent répondre à des attentes complexes liées aux rôles de genre, qui peuvent entrer en conflit avec les normes traditionnelles, qui attendent principalement de la femme, selon la même source, une présence et une gestion active de son foyer, y compris la réalisation des tâches ménagères et l’éducation des enfants. Or, ces femmes travailleuses agricoles se trouvent appelées à assumer aussi le rôle de pourvoyeuses de revenus pour leurs familles, remettant en question certaines normes sociales traditionnelles.
«La pression qui nait de vouloir équilibrer entre ces responsabilités, en particulier en ce qui concerne la maternité, peut entraîner un stress émotionnel et psychologique, alors qu’elles s’efforcent de répondre à la fois aux exigences du travail et de la famille. Sur le lieu de travail, ces femmes sont exposées à la violence et au harcèlement fondés sur le genre, aggravés par l’absence de soutien institutionnel et de sensibilisation», explique la même source. Et de poursuivre : «En Espagne, les dynamiques de pouvoir sur le lieu de travail sont particulièrement problématiques, notamment pour les travailleuses résidentes ou encore celles en situation administrative irrégulière, ce qui crée des environnements où il est difficile de signaler les abus par crainte de représailles, telles que la perte de leur emploi ou l’expulsion», soulignant cependant qu’il ne faut pas nier les bénéfices socio-économiques de la migration économique des Marocaines actives dans le secteur agricole, notamment celles qui parviennent à se rendre en Espagne. «Il est également important de rappeler que, pour de nombreuses migrantes, l’intégration dans la sphère économique représente une opportunité d’émancipation et de rupture avec les contraintes imposées par la famille. Les revenus de leur travail leur permettent d’atteindre un certain degré d’autonomie et d’améliorer le niveau de vie de leur famille», précise la même source. Cette étude met en exergue la nécessité d’améliorer les conditions de travail des migrantes.
«Cela peut passer par plusieurs actions, telles que l’élimination des critères de sélection contraires aux droits humains, comme les exigences liées à la garde des enfants ou les évaluations basées sur la condition physique des candidates. Il serait également nécessaire d’améliorer les clauses contractuelles pour mieux intégrer les droits sociaux et économiques des migrantes, incluant une liste claire de ce qui est attendu d’elles et de la rémunération correspondante», indique cette étude. Et d’ajouter : « Des experts que nous avons croisés lors des entretiens dans la région du Souss-Massa nous ont confirmé que des négociations sont en cours pour accorder des permis de travail de durées plus longues aux migrantes expérimentées, afin de simplifier les procédures de renouvellement» relève l’autrice de cette analyse notant que ceci serait bénéfique pour ces femmes, leur permettant de planifier leur carrière et, par conséquent, de mieux gérer leurs revenus. «D’autres actions pourraient inclure la mise en place de services de proximité disponibles à la fois pour les migrantes locales au Maroc et pour les travailleuses marocaines en Espagne, afin de leur faire prendre conscience de leurs droits et des mesures de soutien qu’elles pourraient actionner en cas de besoin». Dans ce shéma, cette étude rappelle qu’il est essentiel de soutenir et de financer les activités menées par différentes agences, telles que l’Anapec, pour accompagner, former et financer des projets lancés par des femmes de retour dans leur pays, afin de soutenir leur autonomie financière.
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