Médicaments
Policy Center for the New South a consacré une étude aux établissements pharmaceutiques industriels (EPI) intitulée «La filière pharmaceutique industrielle du Maroc est-elle prête à relever le défi de la souveraineté sanitaire du Royaume ?». Les détails.
Policy Center for the New South vient de publier une analyse sur la filière pharmaceutique industrielle du Maroc. L’auteur, Henri-Louis Vedie, professeur émérite (Groupe HEC Paris) et auteur d’une quinzaine d’ouvrages, a consacré une analyse sur les établissements pharmaceutiques industriels (EPI) en notant qu’en 2024, l’écosystème de l’industrie pharmaceutique du Maroc, constitué de 50 EPI, est particulièrement dynamique, avec un fort potentiel de développement. Secteur qui bénéficie d’un double moteur de croissance, le marché national et le marché international. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 50% par rapport à 2022, l’industrie pharmaceutique au Maroc a connu une année record en 2023. Après les phosphates, l’industrie pharmaceutique est la deuxième activité chimique du Royaume, devenue au cours du temps un leader dans le domaine des génériques.
Le montant moyen de ses investissements annuels est de l’ordre de 700 milliards DH pour un chiffre d’affaires de 14 à 15 milliards DH en 2022, selon le ministère de l’industrie et du commerce. C’est aussi l’un des secteurs pharmaceutiques d’Afrique parmi les plus dynamiques : deuxième producteur du continent, derrière l’Afrique du Sud, cinquième de la région MENA. Il répond aujourd’hui à 80 % des besoins en médicaments du Royaume. L’auteur de ce Policy Brief signale qu’il s’agit d’un marché à fort potentiel de développement avec la généralisation de la couverture médicale à tous les Marocains et la suppression de la TVA de 7% appliquée aux médicaments depuis le 1er janvier 2024. Deux mesures qui ne peuvent que faire exploser la consommation des médicaments. Pour certains experts, elle pourrait être multipliée par 4 ou 5. Il faut aussi relever que la population marocaine est appelée à vieillir. Et par conséquent à consommer davantage de médicaments, particulièrement dans les 5 dernières années de vie. Par ailleurs, cette analyse signale qu’aujourd’hui, le Maroc exporte seulement 10 % seulement de sa production en médicaments. Il est positionné au deuxième rang du continent en ce qui concerne la production de médicaments.
À l’inverse, l’Afrique ne produit que 3% des médicaments qu’elle consomme, alors qu’elle représente 50% de la charge mondiale en maladie. Pire encore, en 2020, 50% de la mortalité infantile mondiale a été enregistrée sur le continent, dont les dépenses de santé ne représentent que 1% des dépenses mondiales. Par ailleurs, cette analyse pointe du doigt la faible part du marché des génériques au Maroc. En 2021, les génériques représentent, en volume, 42,7% de la part du marché pharmaceutique privé, quasi exclusivement celui des EPI. En valeur, cette part est de 44,3%. «Par contre, si on distingue les génériques princeps et les génériques biosimilaires, la part de marché de ces derniers est très inférieure aux 42,7%. Certain experts l’estiment à 20%», relève l’étude. Ces résultats sont très inférieurs à ceux de la plupart des pays occidentaux et des pays de l’OCDE. Par exemple, il est de 85 % aux États-Unis pour les médicaments délivrés sur ordonnance, de 75 % en Allemagne et de 52 %, en moyenne pour les pays de l’OCDE. L’auteur de cette analyse conclut qu’en priorisant les génériques on conforte le«made in Morocco», le meilleur des garants de la souveraineté nationale en matière de santé.