ALM : Qu’elle est la position de la flexibilité au Maroc ?
Hicham Zouanat : Au Maroc, le concept de flexibilité (interne ou externe) a toujours été une doléance qui émane des organisations patronales qui la défendent bec et ongles en vue de réduire la rigidité de leur structure et accompagner les fluctuations de moins en moins prévisibles et maîtrisées de leurs activités.
Les syndicats sont-ils en accord avec vous ?
Les organisations syndicales, quant à elles, voient d’un mauvais œil l’éclosion et le développement de ce concept de flexibilité et l’assimilent plutôt à une nouvelle forme de précarisation des salariés, affaiblissant davantage la régularité et la pérennité des revenus pour une catégorie socio- professionnelle déjà en difficulté, au profit de l’accumulation des richesses de la part d’une autre catégorie beaucoup plus aisée.
Et le rôle exact de la flexibilité dans la compétitivité ?
Certes, ce dernier raisonnement nous alerte sur la paupérisation de notre force de travail, mais force est de constater qu’il occulte toute notion de compétitivité qui devient, de plus en plus, le seul garant de la pérennité des emplois. Et c’est justement de ce dilemme et de la recherche d’un équilibre entre ces deux concepts presque antagonistes et antinomiques, qu’il s’agit aujourd’hui de trouver le consensus ou la solution la plus viable et la plus profitable aussi bien aux employeurs qu’aux employés : une équation certes difficile à régler mais tout à fait impossible.
Comment le code du travail voit la flexibilité ?
En effet, ce concept a été traité par plusieurs parties au niveau du code du travail et tantôt il a enregistré des avancées, tantôt des régressions ; chose qui n’étonne pas compte tenu des concessions faites de part et d’autre pour mettre d’accord les différentes parties sur un texte définitif.
Où en est la législation dans ce cadre ?
Néanmoins, dans ce sens, la législation a limité les abus en :
– Limitant le recours à la flexibilité en terme de CDD et d’intérimaire aux seuls cas prévus par les articles 16 et 17 du code de travail.
– Limitant la durée de ces contrats.
– Limitant le nombre de renouvellement desdits contrats.
Autre mesure concernant, cette fois-ci, le CDI et qui limite un peu la flexibilité : c’est la réduction de la durée de la période d’essai pour les contrats à durée indéterminée (CDI). Enfin, lors des dernières journées «Initiatives pour l’Emploi», la durée des Contrats Insertions des Jeunes (CIJ) ou contrat pour le premier emploi, pourrait être allongée de 18 à 24 mois, ce qui constitue indéniablement une importante mesure en faveur de la flexibilité externe.