Tous ceux qui avaient vu le reportage diffusé il y a quelques mois par la chaîne de télévision 2M sur les Marocains, anciens combattants de France auront été soulagés à l’annonce de la nouvelle. La chaîne 2M avait soulevé le voile sur les dures conditions de vie de ces valeureux combattants qui risquèrent leur vie pour la France. Ceux qui ont choisi de rester dans l’Hexagone en ont été réduits à vivoter avec une maigre pension de retraite, dérisoire par rapport aux indemnités touchées par leurs collègues de nationalité française. Vieux, malades, amères, ils sont souvent dans une situation critique. Ces anciens combattants de la France devenus, au moment de la décolonisation, « nationaux des pays ou territoires ayant appartenu à l’union française ou à la communauté » peuvent désormais espérer. Le 30 novembre dernier, le conseil d’Etat français a sanctionné le gouvernement français pour son refus de revaloriser la pension militaire de retraite du sergent-chef Amadou Diop. Un verdict qui vient couronner vingt-cinq années de combat judiciaire contre les gouvernements successifs. La première injustice commise à l’égard de ceux qui avaient risqué leur vie pour la liberté de la France fut commise à travers l’adoption en 1959, sous le général De Gaulle, de la loi de « cristallisation », permettant le gel des pensions de centaines de milliers d’anciens combattants étrangers. Les pensions furent transformées en « indemnités », qui plus est non indexables sur le coût de la vie et non reversables aux veuves. Une ségregation douloureuse entre frères d’armes quand on sait qu’un ancien combattant marocain, invalide à 100 %, touche une indemnité mensuelle de 400 francs français, au moment où un ancien combattant français, dans le même situation, reçoit lui 4500 francs mensuels. C’est le cas aussi de centaines de membres de l’armée d’Afrique qui a largement participé aux combats des deux guerres mondiales et d’Indochine. Il suffit de savoir que cette armée qui comptait à l’heure du débarquement en Provence en août 1944 quelque 173.000 tunisiens, marocains, algériens et africains d’Afrique occidentale et équatoriale, avait déploré 40.000 tués et 72.000 blessés, soit 18% des effectifs. Le sergent-chef Amadou Diop ayant eu gain de cause, la voie était enfin ouverte aux autres anciens combattants de la France pour demander réparation de l’injustice. Et ce n’est là «que justice» commentera Jacques Floch, le secrétaire d’Etat français aux Anciens combattants. La nouvelle mesure concerne quelque 85.000 soldats. Une justice qui risque de coûter cher au contribuable français. Il s’agit ni plus ni moins de rétablir dans leurs droits les anciens combattants encore en vie, mais aussi les veuves et les ayants-droit de ceux qui sont décédés, souvent dans le dénuement total.