Société

La Moudawana interpellée

Un amphithéâtre de la faculté des Sciences de Rabat-Agdal, a fait office de tribunal, samedi dernier. L’occasion : le septième tribunal symbolique des Femmes, organisé sous le signe « Je veux une solution ». La tenue de ce tribunal s’inscrit dans le cadre de la contribution de l’UAF (union de l’action féminine) au processus de réforme de la Moudawana.
Un processus initié par SM le Roi Mohamed VI et qui a suscité de grands espoirs en vue de la mise en oeuvre des droits des femmes, la protection de l’enfance et la garantie d’un cadre législatif fondé sur les principes de l’égalité, l’équité, la solidarité et le respect de la dignité.
Des femmes de tout âge, parfois un bébé dans les bras, se sont succédé à la barre pour exprimer leurs peines et relater leurs souffrances. Les témoignages furent plus émouvants les uns que les autres. Une institutrice raconte avoir été victime de la violence d’un mari qui la trompe avec la bonne et s’approprie sa maison après 10 ans de mariage. « Le tribunal ne m’a pas rendu justice et refuse ma demande de divorce. Et ce, malgré que mon état de santé s’aggrave de jour en jour, et vous voyez aujourd’hui dans quel état physique et moral je suis.
Mon handicap est le résultat de la violence physique et morale que je dus subir. » claironne-t-elle en s’appuyant sur une béquille. Une autre rapporte qu’après 26 ans de mariage, son mari jardinier l’a répudiée et expulsée de la maison. Il refuse de payer la pension alimentaire « je dois actuellement prendre en charge nos deux filles. Je suis sans emploi fixe, et ce sont des bienfaiteurs qui assurent les frais de leur scolarité. » conclut-elle. Des cas, qui, aussi différents qu’ils soient, se rejoignent en un seul point: l’injustice sous toutes ses formes commise à l’encontre de la femme. Les participants ont ainsi débattu de cas concrets de violences faites aux femmes, en suivant des témoignages de plusieurs victimes. Que de peine et de tristesse sur les visages de l’assistance.
Des représentants de la société civile ont souligné que toutes les composantes politiques et de la société civile doivent se mobiliser et prendre d’urgence les mesures nécessaires afin de soutenir et d’assister juridiquement les femmes victimes d’injustice et de violences. Ces femmes (mères, soeurs, filles…) qui se retrouvent, après des années de mariage, chassées abusivement du domicile conjugal, avec ou sans motifs, ou du jour au lendemain, se voient répudiées et livrées à elles-mêmes, avec, des fois, un ou plusieurs enfants à charge. Le passage d’un certain nombre de cas à la télé, la soirée du même jour, a fait beaucoup d’effet. Bien qu’il soit symbolique, ce procès vise notamment à sensibiliser l’opinion publique aux problèmes de la femme et de l’enfant marocains. Il constitue également une occasion pour mettre à nu et dénoncer les procédures judiciaires longues et complexes. Des procédures qui ne répondent pas de surcroît aux exigences de célérité, d’efficacité et d’équité ou qui sont entachées de dispositions discriminatoires, avec des articles stériles et non adaptés à la réalité. Il est tout à fait clair que la cible principale de ce tribunal symbolique n’est autre que la Moudawana. Cette dernière, dans sa forme actuelle, est considérée, par les responsables de l’UAF, comme la source de tous les malheurs de la femme marocaine et, à travers elle, de ceux des enfants. D’où la nécessité absolue d’activer le processus de la réforme du Statut Personnel.

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