Société

La peine de mort pour un meurtrier

La chambre criminelle près la cour d’appel de Rabat. On n’entend pas le moindre chuchotement dans cette salle d’audience. Toute l’assistance écoute, ce jour du mois d’octobre 2002, avec attention les aveux de Mohamed. O. Ce jeune de trente-quatre ans relate avec un sang froid son horrible crime comme s’il racontait les faits d’une histoire d’un film. Il ne manifeste pas le moindre regret. Les larmes coulent en flot des yeux de sa femme qui met sur ses jambes leur fillette de quatre ans. «J’occupais seul un appartement situé au quartier Safaâ, à Témara, appartenant à mon oncle et sa famille qui séjournent en France depuis longtemps…», déclare-t-il aux magistrats.
Il n’est pas originaire, ni de Rabat ni de Témara, mais de Taroudant. C’est là où il a laissé sa femme et sa fillette pour regagner la capitale. Le gagne-pain oblige.
«Je vendais des plantes médicinales à Rabat, Salé, Témara et aux environs…», précise-t-il à la cour. «Quelle est ta relation avec le défunt, Brahim ?…», lui demande le président de la cour.
Brahim et Mohamed étaient deux Roudanis. Ils avaient grandi au même douar et quand ils ont appris ensemble la profession de marchand de plantes médicinales, ils ont choisi Rabat et ses environs pour leur commerce.
«Nous passions de temps en temps des moments ensemble chez moi…Nous n’avions pas de problèmes, nous étions comme deux frères», affirme-t-il aux juges.
Seulement un prêt de quatre mille dirhams était la goutte qui a fait déborder le vase.
«Il ne voulait pas me rendre l’ argent que je lui avais prêté… », avoue-t-il aux juges.
Mohamed a sollicité, à maintes reprises, Brahim de lui rendre les quatre mille dirhams sans le moindre problème. Mais en vain. Brahim lui avançait à chaque fois un prétexte pour justifier son refus.
Au fil des jours Mohamed n’a plus pu patienter. «Moi également j’ai besoin de cet argent…Tu dois me le rendre ou bien je vais te tuer…», lance-t-il à Brahim à haute voix. Il était hors de lui. Ils se sont rencontrés le lendemain. «Excuse-moi hier de mes menaces, mais tu m’as provoqué…Tu ne veux pas me rendre mes quatre mille balles…», lui dit-il calmement avant de reprendre : «Allez tu peux venir passer quelques moments chez moi ce soir…».
C’était dimanche 27 mai 2001, vers 19h. Brahim rentre chez Mohamed. Ils ont échangé la conversation, siroté des verres de thé et se sont mis d’accord de se revoir le lendemain.
«J’ai déjà décidé de le liquider…Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé ainsi…C’est comme ça…j’ai préparé la veille une corde avec trois noeuds…», avoue-t-il.
Brahim tourne le dos. Sa face donne sur la porte. «Quand il s’apprêtait à mettre ses pieds sur le seuil de la maison, je lui ai mis la corde au cou…Je l’ai tiré vers moi pour l’étrangler par la suite…Brahim est mort…J’ai mis le cadavre dans un coin d’une chambre…Je l’ai laissé durant douze jours sans le toucher…Je rentrais chez moi et je dormais tranquillement…Le cadavre commençait à exhaler une odeur puante…», explique-t-il aux juges.
«Et qu’est ce que tu as fait par la suite ?…», l’interroge le président de la cour.
Mohamed a poussé un soupir avant de reprendre : «J’ai amputé la tête du cadavre…Je l’ai mise dans un sachet en plastique…et j’ai coupé par la suite le cadavre en petits morceaux pour les mettre dans un grand bidon en plastique avant de couper les intestins, le foie, l’appareil génital en morceaux et les jeter dans les toilettes…», affirme-t-il de sang froid.
«Et la tête et les morceaux du cadavre que tu as mis dans le bidon?» lui demande le juge.
«J’ai jeté le sachet renfermant la tête de l’autre côté du quartier Safaâ, un peu plus loin de ma demeure et le grand bidon contenant le reste du cadavre aux alentours de l’hôpital militaire, au bord de la plage… je les ai jetés durant la nuit…», précise-t-il.
«Et ton argent tu l’as récupéré ?», lui demande le juge. Mohamed se contente de baisser la tête et d’attendre le jugement:la peine de mort.

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