Ils sont les plus touchés par les conséquences des changements climatiques
A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, le bureau de l’Unicef Maroc a organisé le jeudi 17 juin un webinaire sur les droits de l’enfant face à la pénurie d’eau. Ce rendez-vous constitue le premier d’une série de rencontres dédiées à des sujets émergents et déterminants des droits de l’enfant. Pour aborder cette thématique, plusieurs experts ont fait part de leur analyse tels que Tarik Hassan, Spécialiste en changement climatique au bureau régional MENA de l’Unicef, Siham Laraichi de la direction générale de l’eau. Celle-ci, a fait remarquer que les enfants constituent la population la moins responsable du changement climatique mais la plus vulnérable à ses impacts.
En effet, les changements climatiques sont un obstacle majeur à la réalisation des droits de l’enfant et représentent une menace contre les progrès durement acquis au cours des dernières décennies pour améliorer la vie des enfants. Les enfants sont les plus touchés par les conséquences des changements climatiques, alors même qu’ils ne sont aucunement responsables de la crise actuelle et qu’ils possèdent très peu de ressources pour y faire face. Mme Laraichi a relevé que la hausse des températures augmente l’incidence des maladies transmissibles par l’eau (maladies diarrhéiques pouvant causer la mort pour les plus jeunes). Les maladies diarrhéiques, qui comptent parmi les principales causes de décès chez les enfants, devraient aussi augmenter sous l’effet des sécheresses, des inondations et de l’évolution des tendances des précipitations, qui menacent l’approvisionnement en eau potable et compromettent les pratiques d’hygiène.
Les changements climatiques compromettent aussi leur droit à l’éducation. A ce sujet, Mme Laraichi a signalé que la diminution de l’approvisionnement en eau potable et la sous-alimentation causent la diminution des capacités d’apprentissages. La perte des moyens de subsistance et revenus familiaux peut causer l’absentéisme scolaire, le recul de l’éducation, la migration et le travail des enfants. Le Maroc est confronté à de nombreux défis, à savoir la sécurisation de l’approvisionnement en eau pour les différents usages pour toute la population; une gestion durable des ressources en eau surtout en cas de pénurie; la protection des ressources en eau et des écosystèmes. Parmi les autres grands défis figurent la préservation de la qualité de l’eau et la lutte contre la pollution, le développement d’infrastructures hydrauliques résilientes aux effets de changement climatique; la protection de la population contre les phénomènes extrêmes ainsi que la préservation du patrimoine hydraulique.
Pour remédier à cette situation Mme Laraichi a émis plusieurs recommandations parmi lesquelles figure le renforcement des systèmes de suivi hydro-climatiques comme levier de la bonne gouvernance de l’eau et d’une gestion proactive. Celle-ci recommande également la réalisation de différents plans soit au niveau national ou local ( plan d’adaptation au changement climatique, plans de gestion de la sécheresse….); le développement de solutions innovantes en intégrant le secteur privé et la recherche. Enfin, la recherche des financements nécessaires est primordiale pour assurer la sécurité hydrique et alimentaire. Rappelons que selon le classement du World Resources Institute (WRI) qui a étudié la situation de 165 pays, le Maroc est le 23e Etat le plus menacé par les pénuries d’eau et arrive second en Afrique du Nord juste après la Libye (classée 6e).
Le WRI indique que le Maroc atteindra un niveau de stress hydrique extrêmement élevé d’ici 2040, à savoir que sa demande en eau dépassera ses ressources disponibles.