Société

La réallocation des ressources au centre des débats

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En promettant aux Marocains une longévité moyenne de 77 ans, le Haut Commissariat au Plan ne croyait sans doute pas poser la nouvelle équation de santé. Les experts, eux, ont la certitude  que les besoins de santé  sont en train de glisser vers des terrains qui imposent une réorientation du système. Mais qu’on ne s’y trompe pas, précisent-ils, ce n’est pas seulement de demandes gériatriques qu’il s’agit, mais aussi de besoins réputés classiques. «Contrairement à ce qu’on croit, dit ce praticien du secteur public, la demande propre au troisième âge ne constituera pas la plus grosse part des attentes ; ce qui pose déjà le plus problème c’est l’amplification des besoins actuels». Un point de vue qui rejoint celui du ministère. Pour ce dernier, ce qu’il importe de faire aujourd’hui  ce n’est pas tant  de rechercher une nouvelle expression de l’offre de santé en rupture totale avec la précédente mais de renforcer le dispositif  et de le rendre plus efficace sur les points faibles de la réponse sanitaire telle  que la campagne ou la périphérie des grandes villes. Le ministre de la santé a évoqué à ce propos un objectif de distribution plus efficace de l’offre hospitalière et médicale. Ce n’est pas tant de subsides supplémentaires dont il est le plus question, mais de réallocation plus efficace des ressources humaines, déclare-t-il souvent. Cependant, affirment des experts, le problème est beaucoup plus complexe que le simple réaménagement des rangs du personnel. En effet, ils jugent l’anémie des services de santé trop évidente pour qu’il suffise de régler la question en simplement l’agençant autrement. Et cela, ajoutent-ils, les chiffres l’établissent nettement. Il y a actuellement 1 infirmier qualifié pour 1.100 patients et 1 médecin pour 1.650. Pire, sur l’ensemble du territoire national, le nombre total des sites hospitaliers opérationnels se chiffre à environ 2.120 unités réparties entre centres de santé, dispensaires et hôpitaux. 2.120 pour plus de 30 millions de Marocains, le calcul indique clairement que le compte n’y est pas. Non plus qu’il l’est dans l’offre médicamenteuse. Externalité, recherche systématique du moindre coût, ce qui porte à fabriquer ou à importer les produits à forte demande – et quasiment à faire peu de cas des qualités thérapeutiques du médicament-, ruptures de stocks répétitives… les contreperformances de la profession sont telles que pas même ses excellents résultats à l’international ne lui apportent un retour en grâce. Et, selon certains pharmaciens d’officine, même le générique ne paraît offrir de bonne alternative à cette situation. Alors pour eux, la médecine et la pharmacie sont vraiment malades. Sinon alors, s’interrogent-ils, comment expliquer qu’un ascenseur desservant des blocs opératoires dans un hôpital central de Rabat reste en panne  pendant plus de deux semaines et que l’insuline -par exemple-  en vienne à manquer sur le marché de manière dramatiquement cyclique?
Question subsidiaire : Les grands corps malades retrouveront-ils la santé rapidement ? Pas sûr dans cette perspective que les moyens financiers, dont le ministre semble minimiser l’importance, ne soient de quelque utilité  sur la voie –espérée- de la guérison.

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