La mission d’évaluation menée par la Cour des comptes au niveau des établissements pénitentiaires révèle des dysfonctionnements de taille. En matière de gouvernance, la Cour a constaté que la commission interministérielle chargée du renforcement de la performance des établissements pénitentiaires et de l’amélioration des conditions des détenus a accusé un retard de 10 ans dans son opérationnalisation. Le taux d’encadrement au sein des prisons (rapport entre le nombre de fonctionnaires et le nombre des détenus) se limite à 14%. Un taux qui reste relativement faible par rapport aux pratiques européennes dont le taux le plus bas se fixe à environ 34,83%. La Cour a également pu constater que plusieurs postes de responsabilité étaient vacants, ainsi que le défaut de nomination des directeurs de l’administration centrale. Par ailleurs, les visites effectuées par la Cour dans certains établissements pénitentiaires ont montré de sérieuses lacunes dans les infrastructures sécuritaires de base liées principalement à une insuffisance dans la couverture des prisons par les miradors, et une absence de leur mise aux normes, ainsi qu’une indisponibilité de zones de sécurité périmétriques.
Le rapport pointe également du doigt l’insuffisance des moyens de contrôle électronique anti-intrusion et des systèmes de vidéosurveillance. Ainsi, 39 prisons ne disposent pas de scanneurs à rayon X. En outre, il a été constaté que l’efficacité des systèmes de vidéosurveillance demeure limitée à cause de la faiblesse du taux de couverture spatiale des systèmes installés au sein des prisons. Au niveau de la gestion de l’alimentation des détenus et la gestion des cantines, la Cour a constaté l’absence quasi générale dans la majorité des EP visités des PV de réception des denrées alimentaires qui sont à la charge de la commission de contrôle. Il faut aussi signaler le non-respect du niveau de stock de sécurité exigé (un mois pour les produits non périssables et une semaine pour les produits périssables) dans 60% des prisons. Des carences ont aussi été notifiées au niveau des infrastructures et équipements médicaux dans les EP nécessaires à l’amélioration de la prise en charge sanitaire des détenus. Le rapport signale également une répartition inadéquate du corps médical sur les EP et un non-respect des horaires de travail. Dans le cadre de la préparation à la réinsertion, il reste encore beaucoup à faire. La Cour a remarqué que les crédits budgétaires ouverts au profit de la préparation à la réinsertion des détenus ne sont pas utilisés. Un faible taux d’encadrement des détenus dans les activités dédiées à la préparation à la réinsertion a aussi été observé.