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La Tunisie suspendue à l’annonce d’un gouvernement pour tourner la page Ben Ali

© D.R

La Tunisie était suspendue lundi à l’annonce d’un gouvernement de transition, trois jours après la chute du régime autoritaire de l’ex-président Ben Ali dont les partisans armés tentent de semer le chaos pour plomber la Révolution du jasmin. Quelques rares commerces ont ouvert leurs portes lundi matin dans le centre de Tunis dont l’air était encore imprégné d’une forte odeur de poudre après les échanges nourris de tirs de la veille entre miliciens armés fidèles à Ben Ali et les forces de sécurité loyalistes aux nouvelles autorités de transition. D’intenses consultations entamées dimanche dans les coulisses du pouvoir devraient déboucher dans la journée sur l’annonce d’un gouvernement qui «ouvrira une nouvelle page dans l’histoire de la Tunisie», selon le Premier ministre Mohammed Ghannouchi. Selon Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste (PDP, opposition légale la plus radicale en Tunisie), il a été décidé de manière consensuelle d’écarter les partis qui soutenaient Ben Ali. «Le nouveau gouvernement sera composé de représentants du mouvement Ettajdid (Renaissance), du PDP, du Front démocratique pour le travail et les libertés (FDTL) ainsi que de personnalités indépendantes», a-t-elle ajouté. Il intégrera également d’anciens membres de l’équipe sortante du président déchu au profil de technocrates peu marqués politiquement, à l’image du Premier ministre qui a la réputation d’un homme intègre n’ayant pas trempé dans les dérives sécuritaires de l’ancien régime, selon un autre opposant qui n’a pas souhaité être cité. La nouvelle équipe devrait aussi inclure des personnalités indépendantes et des représentants de la dynamique société civile tunisienne qui s’est souvent substituée à une opposition réduite presque à néant par le régime Ben Ali, selon cette source. Elle sera chargée en particulier de préparer, en un temps record de deux mois selon la Constitution, des élections présidentielle et législatives «libres et transparentes» surveillées par un comité indépendant et des observateurs internationaux. Un premier candidat à la succession de Ben Ali s’est déclaré lundi. L’opposant historique Moncef Marzouki, exilé en France, et dirigeant du Congrès pour la République (CPR), parti de la gauche laïque, interdit sous le régime Ben Ali, a annoncé sa candidature dans une interview à la radio française France Info. «Je serai effectivement candidat à l’élection présidentielle». «Mais je vous dirai que la question n’est pas là. La question c’est: est-ce que oui ou non, il y aura des élections libres et honnêtes et est-ce que oui ou non, on va permettre à toutes les bonnes volontés, tous les hommes et les femmes, de se présenter ?», a-t-il dit. La formation du gouvernement de transition, dont les futurs membres sont des figures de l’intelligentia pratiquement inconnues du grand public, sera scrutée à la loupe par les Tunisiens.  Ces derniers n’entendent pas se faire confisquer leur révolution dite «du jasmin», qui a fait tomber le régime après un mois d’une révolte populaire sans précédent réprimée dans le sang par le pouvoir déchu et qui s’est soldée par au moins 66 morts. «Vous avez vu, nous les Tunisiens, on l’a fait tout seuls!», lançait fièrement lundi matin à un journaliste de l’AFP un douanier de l’aéroport de Tunis, à propos de la première révolte populaire ayant entraîné la chute d’un régime dans le monde arabe. «Nous ne nous sommes pas révoltés pour la formation d’un gouvernement d’union avec une opposition de carton-pâte», avaient averti dimanche des manifestants dans le centre du pays, craignant que les tractations politiques actuelles ne débouchent sur une «démocratie boiteuse». Sur le front sécuritaire, les nouvelles autorités tentaient de venir à bout des miliciens armés fidèles au président Ben Ali qui tentent de semer la panique dans la population en se livrant à des exactions et des tirs. Le centre de Tunis avait retenti dimanche de tirs nourris pendant près de deux heures entre des snipers postés sur des toits, décrits par une source policière comme «de vrais professionnels», et des policiers loyaux aux nouvelles autorités. Deux snipers ont été tués et au moins deux interpellés. D’autres combats similaires se sont produits dans la soirée dans la zone du palais présidentiel de Carthage, une banlieue huppée de Tunis. Une source sécuritaire a affirmé à l’AFP que l’armée avait donné l’assaut au palais présidentiel de Carthage où étaient retranchés des éléments de la garde présidentielle de Zine El Abidine Ben Ali. Mais la nature exacte de ces combats demeurait confuse lundi matin et faisait l’objet de versions contradictoires. «L’ancien régime essaie de semer la panique au sein de la population. Le salaud de Ben Ali a fui et veut mettre le pays à feu et à sang», commentait, lundi matin, ulcéré, Mustapha Ben Ahmed, un syndicaliste dans le centre de Tunis.

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