Société

La tutelle matrimoniale

Selon le code du statut personnel, une femme, même majeure, ne peut se marier sans l’autorisation de son père, son wali ou d’un tuteur matrimonial de sexe masculin. Il s’agit d’un droit de la femme et le wali ne saurait contraindre une femme à se marier sans son consentement, souligne la Moudawana. Toutefois, dans la pratique, il s’agit d’un pouvoir qui, utilisé de manière abusive, peut être un moyen de chantage contre la femme. L’histoire d’une jeune femme de Khénifra le montre clairement. Fatima, 29 ans, décide en 1998 d’unir son destin à celui de la personne de son choix : son professeur de français.
Elle annonce son projet à sa famille, mais se heurte au refus de son père. La jeune essaie par tous les moyens de convaincre son père, directement ou par la médiation de proches. Rien n’y fait. Il menace même de lui interdire de voir sa mère et ses soeurs si elle continue d’insister. En désespoir de cause, Fatima se rend au tribunal pour se renseigner sur la possibilité de se marier sans l’accord de son père. Elle y apprend que même majeure, elle n’a pas le droit de se marier seule. En l’absence d’une autorisation de son père, elle doit saisir le juge pour lui demander de la marier à l’homme qu’elle aura choisi. Le juge écoutera alors les motifs du refus de son père et décidera. La jeune se retrouve devant un choix difficile. Elle décide de suspendre sa décision et se tourne vers les centres d’écoute et de soutien psychologique à la recherche d’une autre solution. En vain ! La jeune fille finit par déposer une demande de mariage auprès de juge de Rabat.
Le 8/11/99, le père reçoit une injonction du tribunal pour rencontrer le juge qui doit l’écouter dans cette affaire mais ne se rend pas au rendez-vous au motif de non réception. Entre-temps, le père entre en négociation avec sa fille : il est prêt à l’autoriser à se marier si elle s’engage à prendre en charge les frais de scolarité de ses jeunes soeurs qui poursuivent leurs études à Rabat. En fin de compte, Fatima accepte les conditions de son père qui l’autorise à se marier. Elle règle ainsi un problème qui aura envenimés sa vie deux années durant, à cause de l’utilisation abusive d’un droit.

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