Réagissant à l’éditorial d’Aujourd’hui Le Maroc du 19 fèvrier 2004, paru sous le titre, «Marseille : le panneau qui a bouché le port», Adil Lahlou, directeur de New Publicity, ranime le débat au Maroc. Ces arguments et opinions ont pour but d’enrichir le débat actuellement en cours sur l’affichage urbain et défendre la position des professionnels du secteur. Les idées véhiculées ici et là veulent que ceux-ci soient opposés à la réglementation et qu’ils redoutent des lois où ils auraient tout à y perdre. Jugement trop simpliste.
La plupart d’entre nous sont pour la réglementation de l’activité. C’est une nécessité pour des entreprises organisées, qui s’acquittent de leurs charges sociales et de leurs impôts. Nous voulons un secteur dynamique, responsable, pour accompagner le tissu économique dans son développement. Nous disons oui à la loi. Et sans réserves.
Mais encore, dans cette quête, faut-il arriver à concilier les intérêts économiques des sociétés d’affichage et le cadre de vie urbain. Il est nécessaire que le législateur ait à l’esprit, la nécessité d’arriver à imposer le respect de l’esthétique et de l’harmonie de la ville et en même temps, celle de garantir aux entreprises existantes, lesquelles ont consenti de nombreux investissements, de poursuivre leurs activités normalement.
Il y a un enjeu économique direct à ne pas occulter. Les communes tirent d’importantes ressources pour le financement des services rendus au citoyen, à travers notamment les redevances de concessions des panneaux publicitaires. D’autres arguments socio-économiques plaident en notre faveur, puisque l’affichage urbain est devenu un média accessible aux petites et moyennes entreprises, auparavant dans l’incapacité de communiquer. Aujourd’hui, avec l’évolution du marché, les tarifs sont à la portée de toute catégorie d’entreprise. Indéniablement, c’est un gain pour la transparence, nécessité aussi importante que la mise à niveau. L’affichage urbain contribue en conséquence à la vitalité du tissu économique du pays en favorisant le maintien de l’emploi et la lutte contre le chômage.
Les sociétés d’affichage exerçant dans le pays sont toutes structurées, s’acquittent de leurs impôts et contribuent au développement de plusieurs réseaux de sous-traitants spécialisés dans l’aluminium et le travail des pièces métalliques. Beaucoup de petites activités dépendent donc de la nôtre. Le marché est arrivé quand même à un seuil critique où tout développement harmonieux ne peut se faire sans réglementation allant dans le sens du développement.
Concernant cette réglementation à laquelle les professionnels adhèrent, il est nécessaire que les pouvoirs publics réfléchissent à des solutions en concertation étroite avec les professionnels de l’affichage. Ces derniers pourront bientôt parler d’une seule voix. Des concertations sont en cours.
Partie prenante à part entière dans ce débat, les municipalités doivent adopter les dispositions légales aux caractéristiques urbaines de leurs villes, en créant sur leurs territoires des « zones de publicité restreinte», lesquelles seront réservées à la protection de l’esthétique des sites et des monuments historiques.
Toute loi, pour être efficiente, doit garantir et encourager la liberté d’entreprendre. Une trop forte réglementation restreindrait les champs de l’initiative et paralyserait l’investissement. De même que légiférer sans consulter les professionnels créerait des distensions inutiles. La tendance actuelle, favorable à la reconnaissance de l’activité, commande une attitude moins sévère à l’encontre d’un média aussi important que la presse et la télévision.
En conclusion, pouvoirs publics et professionnels de l’affichage doivent débattre pour aboutir à un compromis entre, d’une part, les exigences de sécurité et d’esthétique de l’environnement, d’autre part, la nécessité de protéger un corps de métier incontournable dans le développement économique du pays. L’expérience française dans ce domaine montre que l’octroi de pouvoirs excessifs aux autorités locales n’a jamais réussi à concilier la liberté d’affichage et le cadre de vie.
• Par Adil Lahlou
Directeur de New Publicity