ALM : Votre département a réalisé une enquête sur l’analphabétisme au Maroc. Quels sont les principaux constats qui se dégagent de cette étude ?
Anis Birou : Tout d’abord, il faut signaler qu’il s’agit d’une première étude du genre. Car cette étude, effectuée auprès de 12 000 ménages, vise non seulement de déterminer le taux d’analphabétisme au Royaume, mais également d’analyser ce phénomène, de dresser les profils des analphabètes et leurs besoins en éducation, leurs conditions socioéconomiques et d’évaluer l’impact du programme national d’alphabétisation.
Ces données nous permettront d’affiner nos programmes et de les adapter aux attentes des populations ciblées.
Concernant les principaux résultats dégagés, l’enquête démontre que le taux d’analphabétisme au Maroc a régressé à 38,45 % en 2006, soit une baisse de 4,5 % par rapport à 2004.
Autre élément d’une grande importance, le taux des enfants non scolarisés et déscolarisés a diminué à15 % contre 22 % en 2004. Ces résultats satisfaisants traduisent les efforts déployés par l’Etat dans ce domaine.
Quels sont les principaux facteurs associés à la non-scolarisation des enfants ?
Les résultats de l’enquête révèlent que ce phénomène est la conséquence de la combinaison de facteurs économiques, sociaux et culturels. Les causes de la non-scolarisation sont liées à la pauvreté des familles qui ne peuvent pas supporter les coûts engendrés par la scolarisation de leurs enfants malgré la gratuité de l’enseignement public.
L’enclavement géographique, la faiblesse des moyens de transport et des infrastructures, notamment en milieu rural figurent aussi parmi les principales causes de la non scolarisation.
L’analphabétisme des parents surtout la mère est également mis en cause. En termes de chiffres, le taux de non-scolarisation des enfants est de 18,29 % quand la mère est analphabète. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsque la mère est alphabète, le taux est de 5,6 %. De même pour l’abandon scolaire, le taux est de 11,84 % lorsque la mère est analphabète et de 3,51 % dans le cas contraire. Par conséquent, il faut cibler tout d’abord les parents pour lutter efficacement contre la non-scolarisation et l’abandon scolaire des enfants.
L’enquête souligne des carences en matière de communication concernant les programmes d’alphabétisation. Qu’en est-il ?
Il est vrai que l’analyse des causes de la non-participation des analphabètes au programme d’alphabétisation révèle des carences en matière de communication. Selon les résultats de l’étude, 22 % de la population analphabète ne connaît pas l’existence de ces cours. Je crois qu’il faut revoir notre stratégie de communication et l’adapter aux spécificités des régions.
La carte de l’analphabétisme
Le taux d`analphabétisme au Maroc varie selon les régions. A Taza-Al Hoceima-Taounate, il a atteint 52,32 % pour les personnes âgées de 10 ans et plus. A Doukala-Abda, 45,7% de la population sont analphabètes. Les situations les plus avantageuses sont celles occupées par les régions les plus développées sur le plan socioéconomique et les mieux équipés sur le plan infrastructure. Avec des taux d’analphabétisme de l’ordre de 22,9% pour les personnes âgées de 10 ans et plus, et 25,5% pour les 15 ans et plus, le Grand Casablanca s’adjuge la situation la mieux lotie de toutes les régions du pays. Dans la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaer, le taux est établi à 26,19%. En milieu urbain, le taux d’analphabétisme est de 27,2% alors qu’en milieu rural, il est de 54,4 %.
Ressources
Secrétariat d’Etat chargé de l’Alphabétisation et de l’Education non formelle
Tel : 037-77-49-24/31
www.alpha.gov.ma