Il s’agit d’une première au Maroc, mais aussi au niveau international
Protection : Deux conventions ont été signées engageant les responsables de haut niveau du secteur à renforcer la lutte contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel et économique tant dans le secteur public que privé et à renforcer le dispositif de protection des femmes via l’innovation technologique et l’action de proximité.
Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem, présidente de l’Union nationale des femmes du Maroc, a présidé, mercredi 8 mars, le lancement au Maroc du premier dispositif national pour la lutte contre le harcèlement sexuel. Ce premier dispositif dans la région arabe et africaine a été appuyé par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Cette première au Maroc, mais aussi au niveau international, va permettre de mettre en place un dispositif intégré basé sur l’innovation technologique en faveur de l’égalité, de sorte à apporter des solutions novatrices et des réponses opérationnelles et concrètes au phénomène de la violence faite aux femmes et aux jeunes filles, y compris le harcèlement sexuel. Dans un communiqué, l’UNFPA précise que « cette initiative avant-gardiste mise en place au Royaume du Maroc constitue un modèle au niveau international et est conduite en partenariat avec les ministères et les institutions clés en matière d’égalité des sexes et des droits des femmes » .
SAR la Princesse Lalla Meryem a présidé la cérémonie de signature de deux conventions de partenariat entre les secteurs public et privé, économique et institutionnel. Ces deux conventions engageant les responsables de haut niveau du secteur public et privé ont été signées afin de renforcer la lutte contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel et économique public et privé. Ainsi, la première convention est relative à la lutte contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel et économique public et privé et à l’amélioration des conditions de travail de la femme dans le monde rural et urbain. Elle a été signée par Younes Sekkouri, ministre de l’inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc, et Naima Acherkouk, de l’UNFM.
La seconde convention concerne l’innovation technologique et l’action de proximité au service de la lutte contre le harcèlement sexuel. Elle a été signée par El Hassan Daki, procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du ministère public, Chakib Benmoussa, ministre de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports, Aawatif Hayar, ministre de la solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Ghita Mezzour, ministre déléguée chargée de la transition numérique et de la réforme de l’administration, et Naima Acherkouk, de l’UNFM. Forte hausse des violences faites aux femmes
Selon le dernier rapport annuel de la présidence du ministère public, le nombre d’affaires de violences à l’égard des femmes a augmenté de 31% en 2021 en s’établissant à 23.879. Parmi les formes de violence, la violence physique arrive en tête avec 42% du total, selon le rapport. Elle est suivie de la violence psychologique (30%), la violence économique (18%) et la violence sexuelle (10%). Ce phénomène concerne toutes les tranches d’âge. Par ailleurs, 7.695 cas de violence entraînant une incapacité de moins de 20 jours ont été enregistrés, 4.257 cas de négligence familiale, 2.764 cas de menace, 2.666 cas d’injure et de diffamation, 1.166 cas d’expulsion du domicile conjugal et d’autres crimes encore. 49.92% du total des personnes poursuivies dans les cas de violence sont des époux. Viennent ensuite les personnes n’entretenant aucune relation avec la victime, soit un pourcentage de 45%.
Pour lutter contre ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur d’année en année, les associations de défense des droits des femmes revendiquent l’amélioration de la loi n°103-13 relative à la lutte contre la violence à l’égard des femmes. L’ONG MRA Mobilising for Rights Associates appelle à la promulgation de mesures civiles spécifiques profitant aux femmes victimes de violence, telles que les ordonnances de protection civile et les ordonnances d’éloignement de l’agresseur du domicile. Il s’agit de mesures civiles (non pénales) distinctes et autonomes qui ne nécessitent pas de déposer une plainte pénale. Les femmes qui engagent des poursuites pénales devraient bénéficier immédiatement des mesures de protection dès la phase de plainte et d’enquête.
L’ONG suggère d’abolir la période d’incapacité actuelle de 21 jours requise pour qu’une femme puisse engager, en cas de violence subie, des poursuites pour voie de faits graves causant des blessures. Il est aussi question d’améliorer le Code de procédure pénale afin d’aborder efficacement les phases de signalement, d’instruction et de poursuite en cas de violence faite aux femmes, et ce, en dotant les intervenants publics dans les domaines de la santé, de l’application de la loi et de la justice, d’obligations, de pouvoirs, de procédures et de mécanismes de responsabilité clairement définis. L’ONG juge important de remédier aux lacunes des lois actuelles sur le viol, en éliminant l’exigence selon laquelle les femmes victimes doivent avoir des blessures physiques apparentes pour établir le viol.