Tifelt. Quartier Rachad. Lahcen y demeure depuis une vingtaine d’années. Ce soldat en retraite, de quarante-huit ans, père de trois enfants jouit d’une bonne réputation. Tous ses voisins le connaissent depuis belle lurette et le respectent. Qu’est-ce qui lui est arrivé ce jour de jeudi 27 novembre quand il sort de chez lui pour commencer à crier ? Personne de ses voisins ne l’avait remarqué aussi nerveux qu’à ce jour. Pour quelle raison a-t-il réagit ainsi? C’était le deuxième jour de l’ Aïd El Fitr. Lahcen avait également son frère qui est venu lui rendre visite. Ils sirotaient des verres de thé quand ils ont entendu un grand tapage au seuil de la maison. Que se passe-t-il ? Pour avoir la réponse, Lahcen se lève, traîne ses pas jusqu’à la porte, l’ouvre. C’est la surprise ? Cinq jeunes hommes s’installent au seuil et s’enivrent. «Vous n’avez pas honte…éloignez-vous de là pour s’enivrer…», leur dit-il sur un ton nerveux. Les cinq jeunes hommes ne sont pas des étrangers du quartier. Ils sont tous ses voisins, qui n’ont jamais osé s’approcher de chez lui. Ils le respectaient comme les autres voisins. Ils s’agit des trois frères, R. C, H.C et A.C et leurs deux amis R.A et H.H qui se sont débrouillés pour avoir des bouteilles de vin rouge et de l’eau de vie ( Mahia). D’abord, il est facile pour eux d’en trouver car H.H est un «guerrab» connu au quartier depuis quelques années. Il vend notamment de l’eau de vie et de l’alcool à brûler. Contrairement à Lahcen, ces cinq jeunes hommes jouissent d’une mauvaise réputation, ils sont des séditieux qui ne rendent compte à personne, à l’exception de Lahcen et quelques autres vieux hommes du quartier. Mais cette fois, ils ont dépassé la ligne rouge. Ils ont mis également Lahcen et sa famille dans le panier des personnes non respectées. Pourquoi ? Lahcen ne sait rien, il se contente de leur demander de s’éloigner de chez lui. Cependant, les cinq jeunes hommes esseulés n’ont pas baissé par pudeur leurs têtes. Au contraire, ils l’ont insulté, lui ont lancé des mots abjects sans prendre en considération ni son âge, ni sa bonne réputation. Pire encore, quand l’un des cinq jeunes l’a surpris par deux coups de poing, un au visage et le second au ventre. Lahcen s’est éffondré. Son frère qui était chez lui, est sorti pour le sauver des mains des jeunes soûlards. Il s’est présenté devant eux, leur demandant d’aller plus loin, de ne plus toucher à son frère. Hors de lui, H.H s’est révolté une fois encore et a asséné un coup au frère de Lahcen qui s’est contenté de tenir son frère et l’aider à rentrer chez lui. Une demi-heure plus tard, Lahcen et sa famille ont commencé à entendre des mots abjects qu’ils lancent sans vergogne au point qu’ils ne peuvent plus rester les mains croisées. Lahcen sort une fois encore en compagnie de son frère. «Si vous ne partez pas je vais alerter la police», les avise-t-il sur un ton menaçant. Seulement, leurs oreilles n’entendaient que leurs verres de boissons alcoolisées. Ils se sont reculés de quelques mètres et ils ont commencé à saisir des projectiles pour les lancer vers leur direction. D’un projectile à l’autre, quelques uns ont touché gravement Lahcen qui tombe par terre. Personne n’a pu intervenir. H.H s’est avancé vers lui, alors qu’il est étendu par terre et l’a frappé avec une pierre au niveau du thorax. Après leur forfait les cinq jeunes ont pris la poudre d’escampette, laissant leurs bouteilles sur les lieux. Le coup du thorax était violent au point que Lahcen a senti une douleur aiguë. Soumis à la radiographie, il a été sollicité de retourner le lendemain, samedi 29 novembre. Seulement, il a rendu l’âme ce même jour en début de l’après-midi. Alors que son frère, il a été blessé au niveau des sourcils de son oeil gauche. Alertés les éléments de la police judiciaire n’ont pas perdu du temps pour mettre trois des cinq jeunes hommes hors d’état de nuire. Il s’agit de R.C, H.H et R.A, âgés respectivement de 19, 23 et 24 ans. Ils sont traduits devant la chambre criminelle près la cour d’appel de Rabat poursuivis pour coups et blessures ayant entraîné la mort, ivresse et complicité. Et la police continue à rechercher les deux autres jeunes qui sont encore en fuite.