L’opération des 22.000 emplois de l’agence émiratie Al Najat sentait l’arnaque à plein nez. ALM en a fait l’écho dans le numéro 125 du jeudi 25 avril. Maintenant, les soupçons qui pèsent sur cette affaire commencent à se préciser. En effet, une multitude d’intermédiaires, qui ont perçu le créneau juteux ouvert par une telle aubaine, se sont engouffrés dans la brèche en se chargeant non seulement d’inscrire les candidats retardataires mais en leur promettant des contrats en bonne et due forme. Ce coup de piston n’est pas gracieux, bien sûr. Il coûte la bagatelle de 8.000 Dhs. Nombre de candidats ont marché dans la combine. Certains, prudents, ont avancé un acompte, d’autres se sont acquittés de la totalité de la somme.
L’exemple nous vient de Taza dont certains postulants ont vu leur candidature rejetée pour fermeture de la période d’inscription. Qu’à cela ne tienne. Un homme d’affaire en tout genre de Fès a réussi malgré tout à en faire des prétendants légaux à ce qui ressemble désormais à une grande galère sur terre. Le reste est à l’avenant…
Les malheureux candidats ainsi repêchés ont fait, mercredi 24 avril, le voyage de Casablanca, en compagnie d’un des enfants de cet intermédiaire qui a apparemment le bras long. Première étape, l’agence de recrutement RMO. Les choses passent comme une lettre à la poste. Les gens de Taza obtiennent un reçu estampillé clinique Dar Salam avec nom, prénom du candidat après avoir déposé leur diplôme, une copie légalisée de leur carte d’identité et des photos. Ce document porte également le cachet de l’agence de recrutement en question ainsi que celui de l’antenne de l’Anapec à Fès. Autrement dit, les inscrits de Taza ont été pris sur le quota de Fès ! Tout cela renseigne sur une absence totale de procédure dans le dépôt de candidatures. Dans les locaux du RMO, il y avait beaucoup de monde et même des députés venus défendre en vociférant le dossier de certains jeunes.
Un sacrifice porteur électoralement. Les formalités accomplies, direction la clinique Dar Salam pour le contrôle médical. 900 Dhs cash avant les examens. Le tiroir-caisse ne désemplit pas. Les affaires marchent. Quel crédit donner à cette opération que Abbas El Fassi affirmait devant le Parlement n’être entaché d’aucune irrégularité ? Nous sommes pour le moins face à une entreprise obscure qui exploite le désespoir d’une jeunesse désoeuvrée pour lui extorquer de l’argent. Une remarque qui s’impose d’elle même : Comment se fait-il que de nombreux bureaux de recrutement privés s’occupent en même temps de l’opération de l’agence émiratie? Cela fait désordre.
Quant à l’Anapec, qui dépend du ministère de l’Emploi, elle n’a été impliquée que tardivement dans l’affaire. Si ce n’est pas une tentative de récupération politique par l’Istiqlal, cela y ressemble beaucoup. Ce qui était jugé comme un cadeau inestimable risque de se transformer en cadeau empoisonné. Politiquement délicat. Un naufrage.